Dans son livre Mineurs violents, État inconsistant — Pour une révolution pénale (Éditions L’Artilleur, 102 pages, 10 euros), le pédopsychiatre et psychanalyste Maurice Berger démontre que l’augmentation de la violence chez les jeunes ne peut être combattue qu’à partir d’un véritable projet de société. Le déni de l’État, de la justice et des médias doit laisser la place à « une véritable révolution pénale affirmant la nécessité d’interdits clairs et médiatisés ».
Une violence qui a changé de nature
« De plus en plus de mineurs, de plus en plus jeunes, commettent des actes violents sans culpabilité, sans aucune conscience de ce qui est bien ou mal, permis ou défendu. » Ces mineurs violents — qu’il convient de distinguer des mineurs délinquants, qui savent qu’ils transgressent la loi — « n’ont aucune loi dans la tête, à part celle du plus fort ou celle du clan ou du quartier ».
« Beaucoup de délits, voire de crimes, sont commis par des mineurs élevés dans une famille monoparentale, par leur mère le plus souvent. » La question de la suppression des diverses allocations se pose dans les cas de défaillance éducative, compte tenu du fait qu’« une des rares choses qui touchent éventuellement de tels adolescents, ce sont les soucis qu’ils créent à leur mère ».
Ce problème de société est accentué par le fait que les familles évoluant dans le cadre d’un fonctionnement clanique violent sont de plus en plus nombreuses dans notre pays.
Par ailleurs, le lien est établi « entre une délinquance qui touche des mineurs de plus en plus jeunes, parfois dès l’âge de neuf ans, et le trafic de drogue, qui s’accompagne de violences pouvant aller jusqu’au meurtre ».
Durant sa longue pratique professionnelle, le docteur Maurice Berger a rencontré de nombreux mineurs incapables de se livrer à une réflexion sur eux-mêmes. Il conviendrait avant tout de les empêcher de se livrer à des actes violents par le biais d’une force proportionnée.
« Certaines formes de violence sont les symptômes de troubles psychiatriques, parfois en lien avec la maladie psychiatrique des parents. » L’auteur observe également que « le lien entre l’immigration et les troubles psychiatriques est un sujet essentiel mais tabou, qui ne peut être abordé que par des psychiatres eux-mêmes originaires de pays extra-européens ».
Une justice laxiste
« Il est évident que le nouveau Code pénal des mineurs, imprégné d’une représentation angélique et idéologique des adolescents auteurs de délits, a sa part dans la dégradation actuelle. »
Des juges et des éducateurs persistent à considérer les intéressés comme des « victimes de la société », alors que « l’école du crime, c’est ce qui s’est passé avant la prison ».
« Sauf en cas de crime, on n’envisage la prison qu’en ultime recours, le plus souvent chez des multi-multirécidivistes, donc à un moment où la délinquance violente est ancrée dans leur fonctionnement psychique. »
Face à cette situation, « l’argument de l’immaturité de l’adolescence, qui est au centre de la compréhension de la délinquance depuis l’ordonnance de 1945 relative à l’enfance délinquante, n’est plus pertinent dans de nombreuses situations ».
« Depuis des années, nous sommes dans une politique antipénale. […] Ainsi se réalise le rêve de Michel Foucault. Un juge qui se mettrait actuellement à prononcer les peines votées par les députés apparaîtrait probablement comme un justicier excité, se trouverait isolé, voire désavoué en appel. » De fait, les lois inscrites dans le Code pénal « sont soit non appliquées, soit appliquées a minima ».
En outre, « la France est, avec l’Italie, le seul pays à avoir un juge d’application des peines qui reprend les sanctions initialement prononcées au pénal en les édulcorant de manière importante, en particulier en supprimant éventuellement l’incarcération décidée ».
« Jamais une telle situation ne s’est présentée dans l’histoire de notre pays : une montée importante des actes violents s’accompagne d’une érosion de la peine. »
Une révolution pénale indispensable
La justice pénale doit être centrée sur la victime et sur la gravité de l’acte plutôt que sur les auteurs d’infractions. Ces derniers doivent se voir opposer « un cadre de règles et de limites ».
Il est nécessaire de définir « un projet de société affirmé reposant sur deux principes qui fondent la notion de sécurité et de vivre-ensemble dans tout groupe organisé », à savoir le respect absolu de l’intégrité physique de toute personne et la nécessité d’interdits clairs, fermes et structurants.
« La première mesure indispensable est de supprimer le Code pénal de 2021, qui illustre les dérives actuelles. […] Le laxisme qu’il génère est le résultat du mépris idéologique concernant le corps de la victime. Son principe fondamental reste la primauté de l’éducatif sur le répressif. » La culpabilité du mineur est évaluée lors d’une première audience, puis la peine est prononcée six mois plus tard, après évaluation des mesures éducatives, alors que de nombreux délinquants « ne font le lien entre le délit et la sanction que si le temps entre l’acte et la condamnation est réduit ». En outre, le Code interdit les peines de prison de moins d’un mois et impose une alternative à l’incarcération pour les peines entre un et six mois, souvent sous la forme d’un séjour à domicile avec un bracelet électronique.
« En Hollande, où les incarcérations sont plus fréquentes mais de durée moins longue qu’en France, la baisse du nombre de détenus a entraîné la fermeture de plus de vingt prisons. […] On y incarcère davantage et plus rapidement qu’en France, mais pour des durées beaucoup plus courtes. Ce système est donc plus dissuasif. »
La nécessaire maîtrise des flux migratoires
« Les chiffres donnés par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure de 2022 attestent de la surreprésentation des étrangers dans les violences, confirmée par les chiffres d’autres pays européens. »
« Beaucoup de familles et de mineurs viennent de pays où règne une violence intrafamiliale et culturelle, où être un homme, c’est se faire respecter par la force, et cette violence ne disparaît pas en franchissant nos frontières. »
Au Danemark, « les partis politiques de gauche et de droite se sont accordés pour arrêter totalement l’immigration, en partant du raisonnement que c’était la seule possibilité de maintenir l’État-providence et d’avoir les moyens financiers et en personnel suffisants pour mettre en place des actions cohérentes d’assimilation ».
Le docteur Maurice Berger considère ainsi que des mesures de fermeté ne seront efficaces que si elles s’accompagnent d’un arrêt de l’immigration, incluant le regroupement familial et les mineurs non accompagnés.
Il sera difficile, mais indispensable, de « rétablir l’autorité et les limites indispensables dans une société qui a renoncé en grande partie à toute fermeté. […] Certains médias s’indigneront, ayant toujours considéré le rétablissement de l’autorité comme une atteinte aux libertés individuelles et participant ainsi à la situation actuelle ».
Johan Hardoy
31/10/2025
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