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Des conflits régionaux sur fond de recomposition du monde

Des conflits régionaux sur fond de recomposition du monde

par | 30 juin 2025 | Géopolitique

Des conflits régionaux sur fond de recomposition du monde

Le 26 juin dernier, le « magazine de l’esprit critique » Métainfos publiait sur son site un long article signé de son collaborateur Michel Lhomme, contributeur régulier des revues Nouvelle École, Krisis et Livr’arbitres. Au-delà de ses prises de position anti-impérialistes et antisionistes auxquelles chacun est libre d’adhérer ou non, l’auteur cherche à mettre en évidence l’absence de contradiction entre la politique étrangère américaine et les opérations militaires survenues récemment en Ukraine et en Iran.

Un monde en pleine reconstruction

Michel Lhomme est de ceux qui considèrent que nous assistons au « basculement du monde entre une vision unipolaire (dominée par l’hégémon américain et l’Occident) vers un niveau multipolaire mondial (Russie, Chine et Sud global), basculement que les États-Unis ne sauraient reconnaître sans admettre la fin inéluctable de leur puissance ».

Cette grille de lecture entend ainsi expliquer « l’origine de tous les conflits et redistributions stratégiques en cours sur la planète […] et dont le plus significatif demeure pour nous, Européens, le conflit ukrainien ».

L’« opération Spiderweb » en Russie

Le 1er juin dernier, des drones ukrainiens ont attaqué quatre bases aériennes russes en touchant une flotte de bombardiers stratégiques.

Le traité START II, qui vise à la réduction des armes nucléaires, prévoit que ces avions doivent demeurer visibles par satellite. Leurs différents emplacements étaient donc connus des Occidentaux et l’attaque ukrainienne a nécessairement dû bénéficier de leur soutien logistique.

En conséquence, cette attaque constitue une violation des accords signés avec la Russie.

Michel Lhomme avance que cette opération a été « rigoureusement planifiée au Pentagone depuis 18 mois » et « dirigée indirectement sur le terrain par les services secrets de Sa Majesté ». Il y voit un piège tendu à Moscou afin de l’amener à une réaction d’envergure susceptible d’engendrer une confrontation directe avec les Européens et, à leur suite, les États-Unis.

La « guerre des douze jours »

Le 12 juin a débuté une « attaque américano-israélienne, remarquable du point de vue militaire » et planifiée de longue date, mais « contraire au droit international ».
Selon Michel Lhomme, « la menace que représente l’Iran pour Israël a été tout autant fantasmée que ne l’étaient autrefois les armes de destruction massive irakiennes ».

Alors que des négociations avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) auraient dû avoir lieu le 15 juin, le négociateur en chef iranien Amirhossein Faghihi a été tué dans un bombardement.
De leur côté, les grands médias occidentaux affirment que cette guerre oppose une théocratie musulmane radicale à la démocratie israélienne.
L’auteur de l’article considère quant à lui que ce conflit s’inscrit dans le cadre plus général d’une « redéfinition du Moyen-Orient portée par Washington ». Il s’agit en fait, comme en Ukraine, d’une « énième guerre par procuration », menée au niveau régional par Tel-Aviv.
« Gaza détruite, la Syrie vaincue, le Hezbollah démantelé, la fenêtre de tir était bien ouverte pour attaquer et en finir avec l’Iran, obsession non seulement de Bibi mais de son “meilleur ami” Donald Trump, qui n’a jamais caché dans sa campagne électorale de 2024 que l’Iran, puis la Chine, étaient ses priorités. »
La normalisation des relations économiques, voire militaires, entre Israël et les pays arabes du Golfe, dont les gouvernements ont largement « tourné le dos à la cause palestinienne », participe de cette recomposition du Moyen-Orient orchestrée par les États-Unis.

Dans la nuit du 22 juin, Donald Trump a annoncé l’annihilation du programme nucléaire iranien après des largages de bombes et des tirs de missiles balistiques effectués par l’armée américaine.
Selon Michel Lhomme, « CNN et le lobby juif américain, l’État profond commencent à lancer la petite musique qui permettra de rompre le cessez-le-feu : les B2 n’auraient rien détruit mais seulement endommagé les installations de Fordow. Trump réplique avec fermeté en faisant l’éloge des pilotes mais on saisit qu’il a compris où on veut le conduire : poursuivre l’anéantissement ».

La rivalité entre grandes puissances

L’Iran est devenu une plaque tournante pour les flux commerciaux nord-sud et est-ouest qui permet de contourner les routes maritimes dominées par les États-Unis.

En 2021, la Chine a conclu un partenariat stratégique avec ce pays qui lui fournit du pétrole à bon marché.
Depuis 2022, un corridor permet également d’acheminer des marchandises en Russie à partir de l’Inde.
Michel Lhomme observe « que l’attaque israélienne a eu lieu quelques jours avant l’inauguration de la ligne ferroviaire Pékin-Téhéran, branche fondamentale de la Nouvelle Route de la Soie ».

Au-delà des enjeux régionaux, ce conflit, qui n’a pu débuter sans le feu vert américain, s’inscrit dans un cadre plus vaste : « Celui de parvenir au contrôle de l’Occident sur l’Iran pour bloquer le développement économique de l’Asie et ainsi défendre l’ordre mondial unipolaire. »

En conséquence, « on peut supposer que les pays des BRICS, dont la Russie, la Chine et l’Inde, n’accepteront pas, sans réagir, un renversement du régime iranien orchestré par l’Occident. »
En outre, « la spoliation par des hackers israéliens de tous les comptes de la principale banque iranienne de cryptomonnaie » va encourager ces États à accélérer encore leur recherche d’une alternative au dollar, au système SWIFT (le réseau de messagerie qui permet aux banques de transmettre des informations de manière électronique) et à la mainmise américaine sur la finance mondiale.

***

Outre les déclarations belliqueuses des « faucons » américains et israéliens à l’égard de l’Iran, il convient de noter que le gouvernement iranien a également contredit le président américain en affirmant que son programme nucléaire restait intact.
La « guerre des douze jours » peut donc reprendre à tout moment…

Johan Hardoy
30/06/2025

 

Johan Hardoy

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