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L’impossible assimilation – Michel Geoffroy – VIe Forum de la Dissidence

L’impossible assimilation – Michel Geoffroy – VIe Forum de la Dissidence

« Assimilation ? Séparation ? Communautarisation ? Remigration ? » Voilà le thème du VIe Forum de la Dissidence. Cet événement – ayant exceptionnellement eu lieu dans les locaux de TVLibertés, Covid-19 oblige – entendait donc étudier les différentes possibilités de régler la grave question identitaire et démographique à laquelle la France est confrontée depuis des décennies. Et c’est Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples et La Nouvelle guerre des mondes, qui a ouvert la voie en évoquant la question de l’assimilation.
Polémia

Vidéo du discours de Michel Geoffroy

🔴 L’impossible assimilation par Michel Geoffroy de Polemia

Texte du discours

Pourquoi l’immigration est-elle une catastrophe, pour reprendre le titre du livre que Jean-Yves Le Gallou a consacré à ce sujet[1] en 2016 ?

Parce que l’assimilation ne fonctionne plus. Et si l’assimilation ne fonctionne plus, alors même que l’immigration ne cesse pas, cela signifie que la France change de nature et devient un agrégat de communautés ayant de moins en moins de choses en commun.

Ce que relevait l’ancien ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, lors de son départ du ministère en 2018 : « … je crains que demain on vive face à face[2] » en France, et non plus ensemble.

***

Vivre ensemble !

Voilà une sémantique politique révélatrice : on ne parle plus en effet officiellement d’assimilation ni même d’intégration de l’immigration mais, désormais, de vivre ensemble. C’est une autre façon de reconnaître que l’assimilation ne fonctionne plus.

En effet, ces concepts désignent des phénomènes de nature très différente :

  • L’assimilation consiste à devenir semblable à quelque chose. Pour un immigrant, s’assimiler consiste à devenir semblable au peuple et à la culture qu’il rejoint. C’est aussi ce que l’on veut dire lorsqu’on évoque la naturalisation d’un étranger, appelé par conséquent à changer de nature pour devenir Français.
  • Puis on a commencé à reprendre, à partir des années 1980 – au moment justement où l’on ouvre toutes grandes les portes à l’immigration –, la notion d’intégration.

Reprendre, parce que ce terme avait déjà été utilisé lors de la guerre d’Algérie, lorsqu’on prétendait unir la communauté européenne et la communauté musulmane en les intégrant dans un même ensemble français[3].

Le terme intégration renvoie donc à une autre réalité que l’assimilation : il postule un corps social composé non plus d’éléments semblables mais cette fois de parties différentes.

L’intégration inverse aussi la logique de l’assimilation : elle doit permettre à l’immigrant de continuer à rester comme il est, tout en vivant avec les autres.

Significativement, le président turc Erdogan, s’adressant aux Turcs de France en 2010, a déclaré : « Pour l’intégration, il n’y a pas de problème, mais je suis contre l’assimilation. Personne ne peut vous demander d’être assimilés. Pour moi, le fait de demander l’assimilation est un crime contre l’humanité, personne ne peut vous dire : renonce à tes valeurs. »

On pourra rapprocher ces propos de ceux tenus par le Franco-Marocain Yassine Belattar le 27 octobre 2019, lors d’un rassemblement à Paris en faveur du port du voile : « Nous, les musulmans, ne sommes pas dans un projet d’assimilation. La France doit s’habituer au fait que nous restons. Si vous ne nous aimez pas, nous avons préparé nos enfants. »

Le discours sur l’intégration va donc de pair avec l’affirmation du droit des immigrants à conserver leur culture d’origine.

Le pacte de Marrakech sur les migrations, que le gouvernement français a signé en décembre 2018, invite ainsi à « promouvoir le respect mutuel des cultures, des traditions et des coutumes entre les communautés d’accueil et les migrants[5] ».

C’est aussi ce que l’Europe de Bruxelles nomme les « accommodements raisonnables » qu’il faudrait avoir avec la culture et la religion des immigrants.

Le discours sur l’intégration tend donc à justifier implicitement aussi la culture de l’excuse consistant à accuser périodiquement la société d’accueil ne pas intégrer suffisamment bien les immigrants.

Comme lorsque Emmanuel Macron affirmait en Tunisie en 2018 – puisqu’il a pris l’habitude d’insulter les Français depuis l’étranger – que « la France avait mal intégré ces trente dernières années. On a été très mauvais[6] ».

– Mais de nos jours l’assimilation est remplacée par le mantra du vivre-ensemble.

Ce mot d’ordre marque une nouvelle régression par rapport à l’assimilation, car il ne se définit plus par la constitution d’un tout mais par la cohabitation spatiale d’éléments différents. La cohabitation est en effet un terme de droit désignant l’état de ceux qui vivent ensemble.

Le vivre-ensemble peut donc correspondre à une simple promiscuité sans affinité et tel est bien ce qui se produit de nos jours.

Car le vivre-ensemble, c’est en réalité l’intégration imposée par l’État à ceux qui n’en veulent pas. Qu’il s’agisse des autochtones ou des immigrants.

Car ceux qui invoquent le vivre-ensemble – ou préconisent la mixité sociale qui en est une variante – se gardent bien de demander aux Français s’ils souhaitent vivre avec un nombre croissant d’immigrants chez eux. Et pour cause, car tous les sondages montrent qu’une majorité se déclare hostile à l’immigration sans frein[7] ou au droit du sol !

C’est bien pourquoi on ne saurait mettre sur le même plan le libre-échange des marchandises et la libre circulation ou installation des personnes.

Le libre-échange repose en effet toujours sur un accord préalable entre l’acheteur et le vendeur ; alors que le principe de libre circulation des personnes – transformé en prétendu droit à immigrer partout, que l’ONU veut imposer – s’exerce, lui, sans aucun accord de volonté préalable de la part de la société d’accueil.

***

Alors pourquoi l’assimilation ne fonctionne-t-elle plus aujourd’hui en France ?

Pour trois raisons principales.

1/ D’abord, contrairement à un discours largement fantasmé, l’assimilation ne va jamais de soi.

– Il est toujours difficile d’assimiler une culture qui n’est pas la sienne parce que l’identité – qui est un fait de nature – prime la nationalité – qui est une construction politique. Ce que ne comprennent pas ceux qui fabriquent des Français de papier à la chaîne.

On vante l’assimilation des Italiens, des Polonais ou des Portugais en France. Mais il ne faut pas oublier qu’une partie non négligeable des migrants italiens est finalement retournée en Italie. Et que de nombreux Portugais retournent au Portugal pour leurs vieux jours.

Par exemple, même le célèbre acteur du cinéma populaire français, Lino Ventura, fils d’immigrant italien, n’a jamais voulu abandonner son identité italienne pour, disait-il, ne pas « renier sur un bout de papier, avec une signature, la terre où [il était] né ».

Malika Sorel, essayiste française d’origine algérienne, l’affirme pour sa part : « Devenir Français est un processus qui doit être personnel car il faut être prêt à assumer d’inscrire ses propres descendants dans un nouvel arbre généalogique qui n’est pas celui de ses ascendants biologiques et culturels. Il y a là une véritable rupture, très difficile à assumer[8]. »

Et cette rupture est d’autant plus difficile à assumer que la distance culturelle s’accroît entre les immigrants et la société d’accueil, phénomène qui s’est justement produit dans la seconde moitié du xxe siècle, avec une immigration majoritairement en provenance de pays africains, arabes et musulmans, et non plus européens, et au surplus rapide et massive.

C’est pourquoi, comme l’écrit Didier Leschi, directeur général de l’Office français pour l’immigration et l’intégration, « les écarts de mœurs, de langue, de religion avec les sociétés de départ sont devenus vertigineux[9] » pour les sociétés européennes d’accueil.

Sur ce plan, si l’actualité met en scène des crimes ou des violences commis par des personnes d’origine immigrée, présentées comme déséquilibrées par les médias, il s’agit bien sûr d’un artifice de propagande destiné à masquer l’extension de la violence ethnique sur notre sol. Mais il renvoie aussi à une réalité humaine incontestable : vivre dans une culture qui n’est pas la sienne implique une rupture avec son identité, qui peut effectivement devenir traumatisante pour certains individus.

– Pendant longtemps enfin, l’immigration était un voyage à sens unique, en raison de l’éloignement et des difficultés de communication, ce qui renforçait l’assimilation.

Mais, de nos jours, la technologie (téléphone cellulaire, transmission de la télévision par satellite, avion, transferts de fonds) permet facilement de garder le contact avec son pays d’origine.

Ces facilités apportées par notre civilisation n’encouragent évidemment pas l’assimilation.

Comme l’écrit Denis Bachelot, « on n’est plus tout à fait le même immigré quand on peut rentrer dans son pays d’origine durant les vacances, y entretenir les liens familiaux et amicaux, lire encore ses journaux, regarder ses télévisions ou écouter ses radios. […] Et, de fait, s’est opérée une inéluctable séparation entre l’immigration économique, ou éventuellement politique, et la volonté d’appartenance à une nouvelle patrie[10] ».

***

2/ La deuxième raison pour laquelle l’assimilation ne peut plus marcher de nos jours tient au volume même de l’immigration et à la rapidité de son expansion. C’est une question de taille, pour reprendre l’expression du mathématicien et philosophe Olivier Rey.

L’assimilation est un processus difficile, individuel et de longue durée. L’immigration de nos jours est au contraire massive et concentrée dans l’espace et dans le temps, tous facteurs qui vont à l’encontre de l’assimilation.

La taille d’un phénomène influe en effet négativement sur la capacité à le maîtriser. Comme l’affirmait Leopold Kohr, le père de la célèbre formule « Small is beautiful », quand quelque chose ne marche pas, c’est que c’est trop gros.

Olivier Rey explique que « lorsque la taille croît (ou décroît) la forme ne saurait se maintenir longtemps : les non-linéarités engendrent des seuils où un système bascule d’un type de comportement à un autre, des catastrophes surviennent…[11] ». Ainsi le géant de nos légendes ne serait pas simplement un homme plus grand : sa taille induirait au contraire une locomotion plus difficile et une ossature beaucoup plus fragile en raison de la progression de son poids, par exemple.

En d’autres termes la quantité emporte des effets qualitatifs quand elle augmente.

Si la France a réussi à assimiler des étrangers au cours de son histoire, c’est précisément – et contrairement à la doxa bien-pensante – parce qu’elle n’a jamais été un pays d’immigration de masse.

Or l’immigration en France est justement devenue une immigration de masse : officiellement au moins 400 000 nouveaux arrivants par an (270 000 titres de séjour délivrés[12], 130 000 demandeurs d’asile[13], 40 000 mineurs isolés), auxquels il faut bien sûr ajouter les immigrants entrant irrégulièrement. Cela correspond chaque année à l’implantation d’une nouvelle ville de la taille de Toulouse par exemple…

Or 400 000 nouveaux immigrants chaque année, ce n’est pas 400 000 fois un immigrant qui arrive et qu’il faudrait, comme on dit, « accueillir ». Car 400 000 immigrants, c’est en soi une masse. De même, le droit d’asile, conçu pour traiter des personnes, change de nature quand il doit faire face à des demandes massives (132 614 demandes ont été enregistrées à l’OFPRA en 2019 soit 7,3 % de plus qu’en 2018…) : il devient en réalité une nouvelle filière d’immigration de masse.

Pour cette raison il est inopérant de prétendre répondre à l’immigration de masse en invoquant les lois de l’hospitalité ou de la charité.

Ces obligations ne visent en effet que des personnes (et même des prochains c’est-à-dire, au sens propre, des proches dans le cas de la charité) et non pas des flux humains de plusieurs centaines de milliers d’individus arrivant chaque année.

L’effet masse rend caduc tout effort d’assimilation. À la fois parce qu’il facilite le regroupement communautaire des immigrants et parce qu’il vide aussi de son sens les procédures censées vérifier la bonne assimilation des immigrants.

La Cour des comptes a ainsi examiné le cas des étrangers qui ont acquis la nationalité française en 2019, « à leur demande ou par mariage[14] ».

Elle a examiné comment fonctionnaient l’entretien d’assimilation et le contrat d’intégration républicaine, prévus par la réglementation et censés garantir la bonne assimilation du candidat et sa maîtrise de la langue.

Or qu’a-t-elle constaté dans son audit ? Que l’entretien d’assimilation était « bref et formel » et que le contrôle de l’assimilation posé par le Code civil n’était « respecté que superficiellement ».

Pour le contrat d’intégration républicaine, la Cour des comptes a constaté que bien que la seule obligation soit l’assiduité aux formations, il était « impossible de corréler le non-respect [de cette obligation] à la non-délivrance d’une carte de séjour pluriannuelle ».

En d’autres termes, les dispositifs censés garantir un minimum d’assimilation ne fonctionnent pas parce qu’ils se trouvent confrontés à un nombre d’arrivants à la fois élevé et continu, que les services publics n’arrivent plus à gérer avec discernement, en admettant qu’ils le veuillent vraiment.

Il suffit de regarder la longueur des queues devant les préfectures en fin de mois !

***

3/ L’assimilation ne peut plus fonctionner, enfin, car notre pays n’offre plus grand-chose à quoi s’assimiler.

Jusque dans les années 60 l’assimilation a en effet reposé sur trois leviers : l’école publique, le service militaire[15] et l’Église. Et sur une culture et une identité française encore fortes.

Mais ces leviers ont été déconstruits dans la seconde moitié du xxe siècle :

  • l’école enseigne de moins en moins des savoirs, la transmission culturelle a été interrompue [16] et la maîtrise de la langue est devenue superficielle ;
  • il n’y a plus de service militaire en France depuis 1998 : il est remplacé par une « journée défense citoyenneté », c’est-à-dire par un simulacre festif ;
  • enfin l’Église ne joue plus son rôle d’assimilation parce que, d’une part la déchristianisation de la société française s’accélère et, d’autre part la majorité des immigrants sont désormais de religion musulmane.

Or il est difficile de s’assimiler au vide.

C’est bien toute la vanité du discours officiel sur les valeurs de la République qui seraient la réponse au défi de l’immigration ou de l’islamisme.

Il faut citer à cet égard ce que Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a déclaré dans son interview au Figaro Magazine du 9 octobre 2020 : « On a oublié ce qu’était l’engagement pour la République : vous oubliez vos origines, votre religion, votre croyance et vous épousez le destin français. » Une phrase qui fait écho à celle de l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, pour qui « le but de la morale laïque est d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel[17]. »

En d’autres termes, l’adhésion au destin républicain devrait reposer sur l’oubli de son être.

C’est évidemment absurde tant pour les Français – parce que la France, réalité charnelle, ne se réduit pas à la République – que pour les immigrants, qui ne veulent abandonner ni leur identité ni leur religion. Et c’est surtout impossible car la nature humaine n’existe qu’incarnée dans une culture, un peuple, une identité particulière.

Ce mantra républicain est en outre une escroquerie car ce que l’on nomme aujourd’hui les « valeurs de la république » correspond en réalité à la république déconstruite par le mondialisme, l’idéologie LGBT et l’individualisme fanatique. C’est une république aux semelles de vent, qui n’a d’autre contenu que nihiliste.

Il ne faut donc pas s’étonner si cette invocation des valeurs de la république ne relance pas l’assimilation !

***

Pour toutes ces raisons, non seulement l’assimilation de l’immigration de masse ne fonctionne plus en France, mais même le médiocre vivre-ensemble apparaît désormais de plus en plus menacé.

L’assimilation individuelle reste possible, comme toujours, mais pas celle de groupes qui ne relèvent plus de notre civilisation.

Et si assimilation de groupe il y a, celle-ci se produit d’ailleurs plutôt à rebours, car notre société se trouve de plus en plus imprégnée de mœurs qui ne sont plus les siennes.

Puisque du fait de la masse et de la durée de l’immigration, justement, une partie notable de la population – de 20 à 30 % selon les tranches d’âge – n’est désormais plus d’origine européenne[18] ni de religion chrétienne[19].

Assimilation à rebours également des jeunes générations issues de l’immigration qui revendiquent de plus en plus une pratique rigoriste de l’islam, comme le révèlent les sondages (les sondages montrent qu’une proportion importante de Français musulmans – 40 % – placent la religion avant les lois du pays, contre 18 % pour le reste de la population. Cette proportion serait encore plus grande chez les jeunes musulmans[20] : 57 %). Mais une assimilation à rebours qui s’inscrit aussi dans les faits violents, de moins en moins divers.

Aujourd’hui la haine de ceux qui affirment vouloir « pendre les Blancs », « niquer la France » ou qui trouvent notre pays « trop blanc » s’affiche de plus en plus ouvertement, d’autant plus qu’elle est jusqu’à présent très modestement sanctionnée par la justice.

Ce qui signifie que la France comporte désormais des populations qui revendiquent haut et fort de ne pas partager notre façon de vivre.

Il faut d’ailleurs relever qu’un certain nombre de délits commis par des immigrants sont désormais plaidés en défense comme relevant d’une « non-maîtrise des codes culturels », voire de « traumatisme colonial », ce qui revient à invoquer ouvertement devant les tribunaux – et souvent avec succès ! – d’autres valeurs que celles de la société française. Comme aux temps mérovingiens, le droit tend en effet à devenir personnel, c’est-à-dire différent selon l’ethnie !

***

Pour conclure, l’assimilation peut d’autant moins fonctionner que l’immigration de masse a importé dans les sociétés occidentales, le choc des civilisations.

Car on ne peut pas faire cohabiter durablement des groupes qui n’ont pas la même hiérarchie de valeurs parce qu’ils relèvent de civilisations différentes.

On ne peut pas faire cohabiter durablement des groupes qui estiment, par exemple, que cracher par terre est un signe de virilité avec ceux qui pensent que c’est un signe de vulgarité. Faire cohabiter ceux qui pensent qu’il est conforme aux bonnes mœurs que les femmes cachent leur anatomie avec ceux qui estiment au contraire qu’elles doivent la montrer pour la valoriser. Ou ceux qui croient qu’il faut proscrire toute représentation de Dieu avec ceux qui pensent au contraire qu’elle doit s’incarner dans la figure humaine.

En raison de ces oppositions culturelles irréductibles, il devient de plus en plus difficile de réaliser le fameux « plébiscite de tous les jours », comme disait Renan dans sa célèbre conférence « Qu’est-ce qu’une nation », de 1882.

Le discours bisounours sur les vertus de la diversité ne correspond donc pas à la réalité humaine. Comme animal social, l’homme tend en effet à préférer vivre avec ses semblables et non avec les étrangers, qui lui sont justement étranges.

Il est donc conforme à la loi naturelle que les Africains préfèrent vivre avec des Africains, les Turcs avec des Turcs, les musulmans avec des musulmans et les Européens avec des Européens. Comme il est naturel de vouloir se marier avec des personnes de sa communauté.

Ce que l’on nomme le communautarisme n’est pas une anomalie ; l’anomalie consiste au contraire à prétendre faire cohabiter de force (« vivre ensemble ») sur un même territoire, ici en Europe, des groupes d’identités et de civilisations différentes, voire opposées. C’est l’erreur essentielle du multiculturalisme que de prétendre réaliser cette impossible alchimie, qui ne peut se faire que sous un régime dictatorial. C’est pourquoi l’idéologie du vivre-ensemble est d’essence totalitaire[21].

Sinon les sociétés multiculturelles deviennent multi-conflictuelles, car la diversité ethnique influence de façon négative la confiance au sein des groupes ainsi que le lien social entre les groupes [22]. Dès lors qu’on ne partage plus les règles de vie en commun, les relations humaines manquent de la prévisibilité essentielle à la bonne entente, en effet.

C’est pourquoi aussi l’échec de l’assimilation n’est pas un syndrome français, comme voudrait le faire croire Emmanuel Macron et les immigrationnistes, pour rendre responsable de la catastrophe migratoire le peuple français.

Dans tous les pays européens confrontés justement à une immigration de même nature, on retrouve en effet les mêmes pathologies liées à l’immigration de masse qu’en France : faible intégration au travail des populations d’origine immigrée, développement du fondamentalisme islamique, créations d’enclaves territoriales, white flight surreprésentation de ces populations dans les actes violents et délictueux, etc.

L’échec de l’assimilation, comme l’islamisme, démontre en réalité la faillite non pas de la France, mais de l’universalisme abstrait des Lumières. Car il prouve que les hommes ne sont que superficiellement interchangeables, car chaque civilisation possède une « âme » qui lui est propre, comme l’affirmait, il y a déjà un siècle, Oswald Spengler, dans son célèbre essai Le Déclin de l’Occident[25].

Il est donc temps de tirer les conséquences de la fin de l’assimilation.

Il est temps de relever le défi civilisationnel de l’immigration de masse.

Tel est l’objet de ce 6e Forum de la dissidence !

Michel Geoffroy
Allocution diffusée le 27 novembre 2020

[1] Jean-Yves Le Gallou, Immigration – La catastrophe – Que faire ?, éditions Via Romana, 2016.
[2] Le 3 octobre 2018.
[3] Thème notamment repris par Jacques Soustelle, gouverneur général de l’Algérie.
[4] Emmanuel Macron l’a nommé membre de l’instance du Conseil présidentiel des villes.
[5] On rappellera les dispositions de l’article 12 de la convention internationale de 1990 sur les droits des migrants (applicable depuis 2003 mais non ratifiée par les pays de l’UE) qui dispose que « les travailleurs migrants et les membres de leur famille ont droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de leur choix, ainsi que la liberté de manifester leur religion ou leur conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu’en privé, par le culte et l’accomplissement des rites, les pratiques et l’enseignement ».
[6] À l’ambassade de France en Tunisie, le 2 février 2018.
[7] Sondage IFOP-Le Figaro, publié le 16 novembre 2020 : seuls 32 % des Français considèrent que les pouvoirs publics luttent efficacement contre l’immigration clandestine. Une large majorité d’entre eux sont favorables à des mesures vigoureuses pour limiter les flux ; 78 % pensent qu’il faut une immigration choisie et non pas subie ; 55 % sont favorables à la suppression du regroupement familial. Et 58 % souhaitent l’instauration du droit du sang.
[8] Entretien au Spectacle du monde, octobre 2010.
[9] Ce grand dérangement – L’immigration en face, Gallimard, « Tracts », 2020.
[10] Article de Causeur « Le voile et l’illusion du vivre ensemble », 26 septembre 2020.
[11] Olivier Rey, Une question de taille, Stock, « Les Essais », 2014, p. 166.
[12] 276 576 titres de séjour en 2019, selon les données provisoires publiées mardi 21 janvier 2020 par le ministère de l’Intérieur ; 274 676 au 12 juin 2020.
[13] Près de 133 000 en 2019 !
[14] Les trois principales nationalités d’origine des personnes naturalisées sont marocaine (19 %), algérienne (17 %) et tunisienne (7 %).
[15] Trois ans au titre de la loi de 1889 (même s’il existait une possibilité de sortir au bout d’un an, par tirage au sort).
[16] Volontairement, sous prétexte de ne pas reproduire des « inégalités ».
[17] L’Express du 2 septembre 2012.
[18] Cf. Didier Leschi, op.cit. : « La société française a absorbé une part inédite d’immigration en quarante ans. (…) En 1975, seulement 20 % des immigrés venaient du Maghreb et du reste de l’Afrique ; un sur deux venait d’Europe. À présent, plus d’un sur deux vient d’Afrique. Près d’un résident sur dix a une origine africaine. Un quart des Français ont un lien avec l’immigration. Alors que 3 % des jeunes étaient d’origine extra-européenne dans les années 1970, ils sont 17 %. »
[19] Symboliquement le nombre de mosquées et de lieux de culte musulmans en France est passé d’une centaine en 1970, à environ 2 500 de nos jours.
[20] Les résultats d’un sondage mené par l’IFOP pour le Comité Laïcité République (CLR), rendu public le 5 novembre, révèlent ainsi que 57 % des jeunes (15-24 ans) de confession musulmane sont d’accord avec l’affirmation : « La loi islamique (Charia) est plus importante que la loi de la République ». Ce sont 10 points de plus que dans un précédent rapport, de l’Institut Montaigne, intitulé « Un islam français est possible », paru à l’automne 2016.
[21] Le député Pierre Cardo affirme ainsi que « la liberté d’expression peut poser problème au vivre ensemble ». LCI le 21 novembre 2020…
[22] Comme l’ont démontré notamment les travaux du sociologue américain Robert Putnam.
[23] Même en Suisse les étrangers représentent 58 % des adultes condamnés en 2019, les Africains ayant le taux de charges le plus élevé (2 à 3 %contre 1 % pour les Britanniques).
[24] La fuite des Européens hors des quartiers à forte concentration de population musulmane ou africaine.
[25] Publié en 1918 et 1922 avec pour sous-titre « Esquisse d’une morphologie de l’histoire universelle ».

Michel Geoffroy

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