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Guerre en Ukraine : le vrai « Great Reset »

Guerre en Ukraine : le vrai « Great Reset »

Polémia prend ses quartiers d’été, tout en gardant un œil attentif sur l’actualité. En attendant la rentrée, la publication de textes inédits se poursuit mais vous retrouverez également chaque jour l’un des articles les plus consultés depuis l’été dernier sur Polémia. Aujourd’hui, retour sur un article publié par l’excellent Michel Geoffroy en mars dernier.

Par Michel Geoffroy, auteur de : Le Crépuscule des Lumières, Immigration de masse. L’assimilation impossible, La Super-classe mondiale contre les peuples et La Nouvelle guerre des mondes ♦ On a beaucoup écrit sur le « Great Reset » ou Grand Reset et sa mise en œuvre covidienne, en particulier avec l’imposition d’un système de crédit social en Europe reposant sur la vaccination obligatoire. Et avec l’accélération de la numérisation de la vie économique et sociale, c’est-à-dire du traçage informatique de la population. Mais c’est en réalité la guerre en Ukraine qui va provoquer le vrai Grand Reset que souhaitait l’État profond : un reset à la fois stratégique, énergétique, atlantiste, autoritaire, européiste, migratoire et politicien. Pour le plus grand malheur de l’Europe et de la France.

 

Le Great Reset stratégique

La guerre en Ukraine, quelle qu’en soit l’origine[1] ou l’issue, aboutit d’abord à couper durablement la Russie de l’Europe. Ce que souhaitaient les États-Unis, comme l’avait très bien explicité en son temps Zbigniew Brzezinski[2].

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Car cette coupure renvoie aux calendes grecques « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural », qui a toujours été le cauchemar des Anglo-Saxons car elle pouvait menacer leur thalassocratie.

Si en outre la guerre dure – puisque les Européens ont décidé, en toute irresponsabilité, de fournir des armes aux Ukrainiens au risque de nourrir une guerre civile durable pendant que les États-Unis affirment haut et fort ne pas vouloir intervenir ! –, l’Ukraine devient un foyer d’instabilité dans le heartland européen, affaiblissant tout le continent[3].

La guerre en Ukraine permet donc de parachever l’encerclement stratégique de la Russie et son isolement. Préalable nécessaire, dans l’esprit de l’État profond américain, à un conflit avec la Chine, l’autre puissance émergente.

 

Le Great Reset énergétique

Mais l’isolement de la Russie porte aussi en lui la précarisation énergétique et économique de toute l’Europe.

D’abord sa dépendance énergétique, car l’Europe risque à terme de se déconnecter du gaz et du pétrole russes. Sans oublier bien sûr les effets de la croisade des ONG écolos, aux financements opaques, contre le nucléaire européen !

Une dépendance énergétique qui profitera fatalement au gaz de schiste américain et aux ressources énergétiques des États musulmans sous contrôle des États-Unis. Elle deviendra donc un instrument de chantage aux mains de l’État profond.

Mais ensuite l’Europe pâtira, à la différence des États-Unis et de la Chine, des effets économiques et sociaux des sanctions qu’elle a prononcées dans son hystérie antirusse. L’Asie profitera du commerce que l’Europe ne fera plus en Russie ! Et si la France n’a quasiment aucune relation économique avec l’Ukraine, ce n’est pas le cas pour la Russie, ce qui affecte directement son agriculture et son industrie.

 

Le Great Reset atlantiste

La guerre en Ukraine remet en selle les partisans de l’alignement transatlantique de l’Europe et du « global Nato[4] » c’est-à-dire de l’extension permanente de l’OTAN, au moment où ils perdaient régulièrement du terrain, en particulier en France [5].

En effet, comme semble s’en réjouir le journal Le Figaro, la guerre en Ukraine « fait bouger les lignes[6] »… dans le sens souhaité par l’OTAN.

La guerre en Ukraine pousserait même la Finlande et la Suède, nous dit-on, à réfléchir à leur adhésion à l’OTAN pour « garantir leur sécurité ». Et la Suisse sort de sa neutralité pour s’associer aux sanctions « européennes ».

La propagande occidentale profite de la guerre en Ukraine pour diaboliser, avec une vigueur nouvelle, tous ceux qui refusent d’être embarqués dans la stratégie de l’OTAN, en les présentant comme « pro-Russes » ou des « soutiens de Poutine ». On allume déjà les bûchers médiatiques destinés à ces sectateurs du Mal.

 

Le Great Reset autoritaire

La décision de censurer les médias RT et Sputnik pour faire taire « la désinformation russe » constitue un très fâcheux précédent. Car cette mesure aboutit à imposer aux Européens le monopole de la propagande antirusse, avec la complicité des Gafa[7] et des gouvernements.

Cette décision confirme la nature de plus en plus tyrannique d’une Union européenne alignée, qui veut museler tous ceux qui ne partagent pas son orientation ni son idéologie mondialiste, immigrationniste et woke.

Le harcèlement de la Commission européenne contre la Pologne et la Hongrie, pour imposer l’idéologie LGBT et le gouvernement des juges[8], procède du même penchant. Comme le harcèlement judiciaire des opposants à l’immigration et à l’islam, de plus en plus prononcé en Europe occidentale.

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Le Great Reset européiste

La guerre en Ukraine renforce également les européistes, qui font semblant de jouer à la « puissance », alors qu’ils ne font que s’insérer, avec le zèle des supplétifs, dans le grand jeu américain.

On voit la présidente de la Commission européenne, omniprésente dans les médias, annoncer des mesures qui ne sont pas de sa compétence, ou le ministre français de l’Économie menacer l’économie russe de destruction au nom de l’Europe[9]. Pendant que le président de la République s’adresse aux Français en ayant derrière lui le drapeau… ukrainien[10] !

Les européistes se sentent en effet pousser des ailes pour faire avancer leur agenda.

Et notamment faire entrer sans délai l’Ukraine ou la Moldavie dans l’UE, et sans doute aussi pour ressortir un jour le dossier d’adhésion de la Turquie qui s’est opportunément désolidarisée de la Russie. Car, de toute façon, on ne nous demandera pas notre avis, puisqu’en France Nicolas Sarkozy a fait supprimer la consultation préalable du peuple français par référendum en cas de nouvelle adhésion à l’UE !

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Pourtant une entrée de l’Ukraine déstabiliserait l’UE et c’est sans doute pourquoi certains la soutiennent. Car l’Ukraine, pays divisé, instable et pauvre[11], ne remplit aucune des conditions requises : son faible niveau de vie provoquerait en outre un terrible dumping social sur les vieux pays de l’Union. Enfin, avec la mise en œuvre de l’article 42 du traité de Lisbonne au profit de l’Ukraine, l’Union européenne serait entraînée dans la guerre[12], même si l’Ukraine n’adhère pas à l’OTAN.

Qui en pâtirait, sinon les Européens ? Voilà qui ne peut que réjouir ceux qui rêvent d’empêcher la multipolarité du monde.

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Le Great Reset migratoire

L’exode des Ukrainiens fuyant la guerre relance la machine migratoire, qui est l’arme stratégique pour déconstruire l’Europe. Ne nous faut-il pas « accueillir » ces nouveaux réfugiés ?

Comme l’écrit le journal Le Monde, « l’unanimité dans l’accueil doit servir de levier à une nouvelle politique migratoire européenne. Comment des pays ayant bénéficié de la solidarité des Vingt-Sept pour la protection de leurs voisins ukrainiens pourraient-ils continuer à refuser un mécanisme de partage de l’accueil de l’ensemble des demandeurs d’asile[13] ? ». CQFD !

 

Le Great Reset politicien

La guerre en Ukraine tombe enfin à point nommé pour Emmanuel Macron l’impopulaire. Elle pourrait faire oublier son lamentable bilan et ses échecs diplomatiques à répétition. En tout cas les médias et les instituts de sondages s’efforcent qu’il en soit ainsi.

La guerre lui permet de jouer au père de la nation, alors que sa politique d’alignement ne nous apporte aucune sécurité, bien au contraire. Et d’espérer une réélection en évitant soigneusement tout débat avec les autres candidats : donc en confisquant une nouvelle fois l’élection présidentielle.

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Or une réélection d’Emmanuel Macron serait d’autant plus catastrophique que, depuis la déplorable réforme constitutionnelle de 2008, un président ne peut être réélu au terme d’un second mandat. Cela signifie qu’il n’a donc plus du tout à se soucier de l’opinion des électeurs !

Emmanuel Macron pourrait alors accentuer la déconstruction méthodique de l’exception française et ses penchants tyranniques[14], sous la protection des « forces de l’ordre »[15].

 

Une guerre calamiteuse

Certes, le pire n’est jamais sûr.

Mais la guerre en Ukraine promet déjà d’être calamiteuse pour les Européens et singulièrement pour les Français.

Non seulement parce qu’elle divise notre continent. Non seulement parce qu’elle conduit des chrétiens européens à s’entre-tuer une nouvelle fois sur son sol. Non seulement parce qu’elle confirme le délitement de l’indépendance nationale de la France[16].

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Mais aussi parce qu’elle livre l’Europe aux appétits de puissances qui ne nous perçoivent que comme un vassal ou comme une proie. Et qu’elle risque de modifier durablement la donne politique, aux dépens de la prospérité, de l’identité et de la liberté des Européens.

C’est pourquoi l’oligarchie occidentale se réjouit du Grand Reset qui s’annonce sous les bombes en Ukraine !

Michel Geoffroy
Article initialement publié le 08/03/2022

[1] Vladimir Poutine est-il tombé dans le même piège que Saddam Hussein en son temps, croyant que les États-Unis ne s’opposeraient pas son initiative militaire et surestimant ses forces armées ?
[2] In Le Grand Échiquier, Fayard, 2016.
[3] Voir sur ce plan notre essai La Nouvelle Guerre des mondes, Via Romana, 2020.
[4] Sigle OTAN en anglais.
[5] Un sondage Harris montre que pour 68 % des Français l’OTAN est en partie responsable de la guerre en Ukraine.
[6] Le Figaro du 1er mars 2022.
[7] À l’exception d’Elon Musk.
[8] « État de droit » en novlangue.
[9] Pour ensuite s’en excuser !
[10] Allocution du 2 mars 2022.
[11] Voir sur ce plan l’essai prophétique de Xavier Moreau, Ukraine – Pourquoi la France s’est trompée, Éditions du Rocher, 2015.
[12] La clause de défense mutuelle de l’article 42, paragraphe 7, prévoit que les États membres se doivent mutuellement aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir en cas d’agression armée sur le territoire d’un État membre.
[13] Le Monde du 4 mars 2022.
[14] Voir notamment à ce sujet le dernier essai de Philippe Bornet, Aujourd’hui la tyrannie, Presses de la Délivrance, 2022.
[15] Le ministre de l’Intérieur vient opportunément de leur promettre de nouvelles avancées salariales et statutaires…
[16] Officiellement, on ne parle d’ailleurs plus que d’« autonomie stratégique » de la France.

Michel Geoffroy

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