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Des « écoles normales » pour les professeurs : l’arnaque de Macron

Des « écoles normales » pour les professeurs : l’arnaque de Macron
Des « écoles normales » pour les professeurs : l’arnaque de Macron

« Des écoles normales pour les profs : oui, mais dans quel but ? » C’est le titre de l’article paru à juste titre sur le site du Nouvel Obs ce 15 avril : dans quel but, en effet ? Quand Le Figaro Étudiant écrit en titre : « À quoi vont ressembler les “écoles normales du 21e siècle” ? ». Il est bien là, le sujet ! Le 5 avril, Macron a annoncé sa décision de revenir à un recrutement beaucoup plus précoce des professeurs « sur le modèle des anciennes écoles normales » (sic) pour prétendument « redresser le niveau scolaire des jeunes Français » (resic) ! C’est l’astuce qu’a trouvée Macron pour nous laisser croire à une restauration d’un système éducatif de qualité au travers de la formation des enseignants : « revenir aux écoles normales », faisant ainsi référence au temps où les instituteurs étaient bien formés tant en ce qui concernait les enseignements dispensés que la pédagogie mise en œuvre. En réalité, il est bien évident que le fait de vouloir rebaptiser les IUFM, ESPÉ, INSPÉ « écoles normales » n’est qu’une mascarade de plus qui n’a d’autre but que de nous abuser.

Mise en œuvre de la révolution scolaire*

En effet, il ne faut pas jamais oublier que la révolution scolaire achevée par Blanquer à partir des nouveaux objectifs désormais dévolus à l’école de « faire partager les valeurs de la République » et non plus d’instruire nécessite une formation professionnelle nouvelle pour les enseignants qui n’enseignent plus : c’est un nouveau métier !

C’est ainsi que depuis la rentrée 2022, « faire partager les valeurs de la République » devient la « première compétence des métiers du professorat et de l’éducation » et constitue une nouvelle épreuve au concours de recrutement de telle sorte que puisse être appréciée l’aptitude du candidat à « s’approprier les valeurs de la République », à « faire connaître et partager les “valeurs de la République” » et ainsi, faire la preuve de la maîtrise de la première compétence commune du « référentiel de compétences des métiers du professorat et de l’éducation ».

En ce qui concerne la formation du personnel en poste, l’arrêté du 16 juillet 2021 fixe « le cahier des charges relatif au continuum de formation obligatoire des personnels enseignants et d’éducation [conseillers d’éducation, professeurs, documentalistes] concernant la laïcité et les valeurs de la République » et il est énoncé que « faire partager aux élèves les valeurs de la république […] doit irriguer l’ensemble du système éducatif » et ainsi il faut « utiliser toutes les situations, tous les temps éducatifs et tous les espaces de la vie à l’école propices à la promotion et à l’exercice des principes et valeurs de la République ».

En conséquence, est prévue la formation aux valeurs de la République d’un million de personnes des différentes catégories de personnels en quatre ans.

Éducation nationale : groupes de niveau ou groupes de besoins ?

Une formation qui part en vrille

Les écoles normales du xxie siècle vont donc se substituer aux INSP (Instituts nationaux supérieurs du professorat, excusez du peu !) « en tant que structures de coordination de l’ensemble de la formation des enseignants (licence et master) », précise le gouvernement, autrement dit, elles sont chargées de chapeauter à la fois la formation prétendument universitaire et la formation professionnelle.

Dès la rentrée 2024, la formation revue et corrigée des professeurs du premier et du second degré va donc démarrer juste après le bac, et non plus en master comme c’est le cas aujourd’hui.
Quand on connaît le contenu du bac – également revu et corrigé par Blanquer et maintenu pour nos jeunes – basés essentiellement sur du contrôle continu et sur des activités dites « pluridisciplinaires », prétendre démarrer une licence dans la foulée nous donne déjà un aperçu de ce que peuvent être le niveau et le contenu de cette licence, de même que l’on est fixé sur le prétendu objectif de redressement du niveau scolaire des jeunes Français !

Pour les « instituteurs » – remarquons l’astuce : reprise de l’ancienne appellation –, de nouvelles « licences préparatoires au professorat des écoles » vont être mises en place.
D’une durée de trois ans, cette formation « mélangera [notons bien le « mélange »] des cours de français, mathématiques, histoire-géographie, sciences ou encore éducation physique et sportive ».
En réalité, ce « mélange » des prétendus cours consiste en réalité en des activités au cours desquelles les élèves sont censés construire leur savoir dans ces différentes matières à la fois.

Pour les futurs professeurs de collège et lycée, une licence disciplinaire sera aussi développée en fonction de la matière qu’ils souhaitent ensuite enseigner – toujours dispensée dans les écoles normales susdites !
Dans le cursus de cette licence, des modules de préparation et professionnalisation au métier d’enseignant seront intégrés, autrement dit, ces « licences » n’ont plus rien à voir avec les traditionnelles licences.
Une fois ces licences professionnalisantes acquises, les étudiants pourront passer le concours pour poursuivre pendant deux ans un master au cours duquel un enseignement pratique leur sera dispensé pour être professeur des écoles ou du second degré.

Comme Amélie Oudéa-Castéra, exigeons l’excellence scolaire pour nos enfants !

Conclusion

Autrement dit, la formation de ceux qui sont destinés à encadrer et formater nos enfants, et non à les instruire, est « professionnalisante » d’un bout à l’autre, les licences n’étant plus que l’ombre d’elles-mêmes.
Pour relever le niveau scolaire des élèves avec du personnel ainsi formaté, il n’est pas difficile d’en conclure que c’est tout le système que le gouvernement fait partir en vrille !
Et, comme d’habitude, ceux qui nous gouvernent sont fidèles au principe révolutionnaire si bien énoncé par Lénine qui déclarait : « Gardez la coquille, videz-la de sa substance. »
C’est comme cela que le poison s’infuse !

Claude Meunier-Berthelot
24/04/2024

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* Cf. Cette révolution scolaire qui tue la France, Éditions des Trianons, 80 pages, 11,50 euros. En vente dans toutes les librairies.

Crédit photo : International Labour Organization [CC BY-NC-ND 2.0]

Claude Meunier-Berthelot

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