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De Toulouse à Boston : bobardement politico-médiatique

De Toulouse à Boston : bobardement politico-médiatique

par | 23 avril 2013 | Société

Ils n’ont rien appris et n’ont rien oublié – de leurs réflexes pavloviens… Le 15 avril, jour du Marathon de Boston mais aussi Jour des Patriotes, dont l’action devait mener à l’indépendance des colonies britanniques d’Amérique, un double attentat faisait trois morts (dont un garçonnet) et plus de soixante blessés, certains très grièvement atteints, dans la foule qui se pressait très dense à l’arrivée de cette course. C.G.

L’ « extrême droite », mais c’est bien sûr !

Nul ne connaissait alors les auteurs de cette double attaque ni ne soupçonnait leurs motivations. Nonobstant, la caste médiatique états-unienne, aussitôt suivie par la nôtre, incrimina l’ « extrême droite ».

À quelques jours près, mais c’était là un « détail », n’était-ce pas le vingtième anniversaire du massacre de Waco perpétré le 19 avril 1993, Bill Clinton régnant ? Et pour la bonne cause : à cette époque, dans cette bourgade du Texas, de très importantes forces fédérales faisaient depuis sept semaines le siège de Mont Carmel, propriété des Davidiens, groupe religieux (issu de l’Eglise adventiste du septième jour) et « survivaliste », dirigé par Vernon Howell, alias David Koresh,  suspecté – à tort, comme devait le montrer l’enquête deux ans plus tard — de détenir des armes d’assaut.

Décidée par Janet Reno, première femme nommée secrétaire d’État à la Justice (et lesbienne revendiquée), la prise de Mont Carmel par des centaines d’agents du FBI et de la Delta Force, qui usèrent des gaz à l’origine de l’incendie ayant ravagé les bâtiments et même de missiles, se solda par un bilan très lourd – 96 morts dont des femmes et de nombreux enfants –, toujours très reproché à l’État fédéral par ceux qui tolèrent mal la mainmise du Big Brother washingtonien sur la libre Amérique. Et, comme c’est un 19 avril également qu’en hommage aux victimes de Waco, Timothy McVeigh, sympathisant du Mouvement des miliciens (très infiltré, soit dit en passant, par le FBI), détruisit à l’explosif en 1995 le bâtiment fédéral Alfred P. Murrah, y faisant 168 personnes et plus de 680 blessés, les commentateurs autorisés avaient leur coupable tout trouvé.

Exit la piste noire, c’était la piste verte

Certes, « rien ne permet d’affirmer que l’extrême droite est à l’origine des explosions [de Boston]. Mais le jour choisi est spécial pour les ennemis de l’État fédéral », titrait ainsi le site internet du Point le 16 avril en citant la chaîne d’informations continues CNN selon laquelle « les militants d’extrême droite auraient même fait plus de victimes que les islamistes » : « 29 Américains tués contre 17 abattus par des djihadistes. En 2012, 15 militants d’extrême droite ont été inculpés pour leur rôle dans des assassinats politiques ou des attaques idéologiquement motivées. En comparaison, six militants d’al-Qaida ont été inculpés pour terrorisme aux États-Unis la même année. »

Son de cloche à peine différent dans Le Figaro où Alain Bauer, « professeur de criminologie et conseiller en sécurité des polices de New York et de Los Angeles » (1) décryptait ainsi la situation : « La piste du terrorisme intérieur est donc privilégiée … Spontanément, les analystes ont imaginé un acte antiaméricain du type Oklahoma City en 1995. » « Le fait est cependant, ajoutait prudemment Bauer, que les cibles ne sont pas des bâtiments fédéraux et que la double explosion simultanée pose question. D’ordinaire, elle est la signature des artificiers libanais dans les attentats djihadistes. Vous voyez que les hypothèses sont nombreuses. »

N’importe : pour nos médias monomaniaques, c’est la seule « piste noire » qui était la bonne. Jusqu’à ce que s’impose la « piste verte », celle de deux Tchétchènes nés en Kirghizie : les frères Tamerlan et Djokhar Tsarnaev, installés depuis dix ans aux States où ils passaient pour « parfaitement intégrés », selon la formule consacrée, et avaient été naturalisés. Pourtant, Tamerlan, l’aîné, avait multiplié les (longs) séjours dans le Caucase, où il avait eu tout loisir de s’initier au maniement des explosifs, sans que s’en émeuve le moins du monde le sourcilleux FBI, bien que l’intéressé ait fait, l’an dernier, l’objet d’une alerte lancée par Moscou qui le considérait comme « un partisan de l’islam radical » ayant « drastiquement changé en 2010 ». Mais, du moment que ces Tchétchènes s’étaient présentés comme « réfugiés politiques » persécutés par les Russes, qui aurait eu l’idée biscornue d’accorder le moindre crédit au signalement émis par les services du « dictateur » Poutine ?

Haro sur les « néo-nazis », pleurs sur l’ « ange » Merah

Attitude irresponsable des autorités prétendument chargées de la sécurité intérieure, moutonnisme imbécile des médias aliénés par leur détestation du « fascismassassin », le drame de Boston évoque irrésistiblement ceux dont Montauban puis Toulouse furent le théâtre en mars 2012 avec les tueries (trois parachutistes puis un enseignant juif de l’école Ozar Hatorah et ses deux enfants abattus) commises par Mohamed Merah, un multirécidiviste de l’arnaque et de la violence, maintes fois condamné, puis relâché, dont notre DCRI s’était obstinée à minimiser l’engagement islamiste et la dangerosité malgré ses voyages en Asie centrale et au Moyen-Orient, ses odes à l’islamisme sur internet et son signalement comme « djihadiste radical » par les RG toulousains.

Alors même que Merah portait un casque de moto intégral empêchant toute identification, on se souvient de l’acharnement de la presse à décrire le tueur comme « un homme de type européen, au teint blanc et aux yeux clairs ». Ainsi Le Point soutint l’hypothèse de « soldats réputés néonazis », cependant que Le Canard enchaîné estimait aussi que l’affaire « sentait le nazi », que  L’Humanité romançait sur un « loup solitaire type Anders Breivik » et que Jean-Luc Mélenchon en appelait lyriquement à la responsabilité posthume de… Robert Brasillach !

Du coup, quel désespoir dans les salles de rédaction quand l’atroce vérité se fit jour ! Nicolas Chapuis, de Libération (où l’on s’était extasié  sur « l’incroyable beauté du visage d’ange » de Merah), résuma ainsi ce désespoir sur Twitter : « Putain ! Je suis dégoûté que ce soit pas un nazi » (2).

Désarmement volontaire

C’est à peu près la même réaction qui s’est fait jour aux États-Unis parmi les « élites » : « Attentat de Boston : “Pourvu qu’il ne soit pas musulman !  », titrait ainsi le correspondant du Monde.fr le 16 avril. Hélas, il l’était, mais la mort de Tamerlan Tsarnaev, tué lors d’un échange de tirs avec la police, n’empêchait pas Le Point, hebdomadaire du milliardaire François Pinault, de remettre le couvert le 18 avril sur la « radicalisation » croissante, allant jusqu’à la tentation de « séparatisme blanc », de la droite américaine. L’hebdomadaire s’appuyait probablement sur la « très sérieuse » New America Foundation, « think tank spécialisé dans les questions de sécurité nationale », qui soutient à l’appui de sa thèse que « 53 militants d’extrême droite ont été inculpés entre 2008 et 2012, contre seulement neuf pour la période 2002-2007 », l’élection de Barack Obama ayant « créé un terreau fertile pour des militants extrémistes et psychologiquement fragiles ».

On a vu avec Boston combien, grâce à cette Fondation dont les décrets ont force de loi dans les sphères du pouvoir, la sécurité nationale était en de bonnes mains… Des deux côtés de l’Atlantique, combien de drames qui auraient pu être évités ont au contraire été favorisés par la cécité volontaire des  dirigeants, des lobbies de la bien-pensance et de leurs relais médiatiques pour lesquels tout immigré est une victime mais jamais un ennemi en puissance, capable de violence ?

En France, on s’obstine à parler de l’attentat homophobe commis à Nice le 21 avril contre deux jeunes gays alors qu’il s’agit d’un attentat francophobe, les agresseurs étant maghrébins (3). À Washington, le secrétaire d’État John Kerry, cousin de notre Brice Lalonde, a mis en garde ses compatriotes « contre tout amalgame » et les a adjurés de continuer à voir dans l’islam « une religion de tolérance et de paix ». Aurait-il parlé de même si l’auteur du bain de sang de Boston avait été un « séparatiste blanc » ?

Évident depuis « Copernic », quand l’attaque (en 1980) de la synagogue réformée fut des mois durant imputée aux Faisceaux européens de Mark Fredriksen avant que Valéry Giscard d’Estaing ne se décide à l’attribuer – après sa défaite à la présidentielle de 1981 – à des terroristes palestiniens, ce désarmement conscient et organisé porte un nom. C’est de la haute trahison.

Camille Galic
22/04/2013

Notes

  1. Ancien grand maître du Grand Orient et président du conseil d’orientation de l’Observatoire national de la délinquance par la grâce de Nicolas Sarkozy, Alain Bauer enseigne également auprès des universités de Paris I et Paris V, ainsi qu’à l’EOGN, Ecole des officiers de la gendarmerie nationale. Il est aussi un ami intime de Manuel Valls, actuel ministre de l’Intérieur. Voir la brochure de Polémia, Les médias en servitude.
  2. Le mensonge Merah fut nominé pour les derniers Bobards d’Or.
  3. Depuis des années, les homosexuels fuient d’ailleurs le secteur de la Gare du Nord à Paris, craignant d’y tomber sur les « jeunes des cités » venus spécialement « casser du pédé ». Mais qui en parle ? Sûrement pas le magazine Têtu, racheté à Pierre Bergé par le vibrionnant et richissime Jean-Jacques Augier, intime de François Hollande.
Camille Galic

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