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La fin du « bon père de famille »

La fin du « bon père de famille »

par | 24 janvier 2014 | Société

« Ma vraie gloire n’est pas d’avoir gagné quarante batailles ; Waterloo effacera le souvenir de tant de victoires ; ce que rien n’effacera, ce qui vivra éternellement, c’est mon Code Civil. »
Napoléon Bonaparte

Lors de l’examen du projet de loi sur l’égalité hommes/femmes, le 22 janvier, l’Assemblée nationale a voté l’abolition de la référence à la sagesse requise du « bon père de famille » dans le Code civil ainsi que dans les lois qui en sont issues. Pour ce faire, il a fallu l’amendement d’un, pardon, d’une députée dont le nom ne marquera pas l’histoire, dame probablement arrivée dans l’institution, pourtant déjà peu reluisante, grâce au principe arbitraire des quotas.

Certes, l’expression issue de la notion de paterfamilias dans le droit romain était incontestablement désuète, mais son interprétation par la jurisprudence avait historiquement suivi avec souplesse l’évolution du droit et des mœurs. Et elle ne causait aucun préjudice aux femmes, qui pouvaient juste rêver d’un temps où il y avait des hommes…

Même les sages-femmes…

En effet, nul ne contestait, même aux sages-femmes femmes (puisqu’il y a maintenant des sages-femmes hommes), les qualités supposées, depuis la Rome antique, du bon père de famille. Depuis 1804, date de promulgation du « Code Napoléon » (*), pas un notaire, pas un avoué, pas un avocat, pas un magistrat, n’a jamais contesté qu’une femme puisse être aussi avisée qu’un « bon père de famille »… L’expression était comprise de tous, sauf apparemment des féministes les plus obtuses, qui me reprocheront de ne pas avoir écrit « de tous et toutes »…

Remarquez, il y a des hommes aussi peu sages que ces harpies, tel Valéry Giscard d’Estaing, qui avait guerroyé contre le prétendu jargon juridique, n’obtenant guère que la suppression dans les exploits (quel joli mot !) d’huissier des pronoms démonstratifs délicieusement Grand Siècle d’ « icelui » (pour celui-ci) et, plus poétique encore, d’ « icelle » (par exemple : « parlant à icelle, se disant députée… »).

La poésie n’y retrouve pas son compte même si la politique y retrouve son sectarisme. D’ailleurs, qui irait dire à cette députée, à Clémentine Autin ou à mademoiselle Fourest, « Mignonne, allons voir si la rose/ Qui ce matin avait déclose/ … » ?

La folie de la table rase

Malheureusement cet amendement est l’illustration féministe d’une mentalité « républicaine » qui sévit chez nous depuis la Révolution française, celle de la table rase. Ainsi, contrairement aux autres pays européens attachés aux emblèmes héraldiques de leurs villes, provinces et institutions, nos « républicains » leur préfèrent des logos le plus souvent ridicules et changeants qui nourrissent les plus nuls des designers. Même les républicains (**) russes ont restauré l’aigle bicéphale historique légué par les tsars…

Alors que les bobbies londoniens arborent toujours leur très chic casque séculaire, nos policiers ont dû troquer leur képi contre la casquette que les Français n’ont jamais su dessiner. D’ailleurs, personne, nulle part de par le monde, ne recherche de casquette de style français ! Et pourquoi pas une galette ?

C’est bien la frénésie de la table rase qui habite nos « républicains »… Et c’est dans cet esprit que nos députés tripatouillent les institutions, avec la gravité des imbéciles,  dans une France en crise, moralement, socialement et économiquement.

Les femmes ne gagneront rien à l’abolition de l’expression « bon père de famille ». C’était une tradition, qui nous rattachait à notre identité historique (et non pas à celle, il est vrai, de Najat Belkacem épouse Vallaud) et à une esthétique parfois charmante. Il est regrettable d’avoir décroché des cimaises du Code civil cette belle nature morte que nous avait léguée l’Empire.

Éric Delcroix
23/01/2014

Notes

(*) Note de la rédaction : L’appellation « Code Napoléon » désigne notre Code Civil et ses 2281 articles d’origine, au regard de son Histoire. Il est rédigé sous l’impulsion de Napoléon et est promulgué le 21 mars 1804 (30 ventôse an XII) . L’expression « Code Napoléon » désigne aujourd’hui ce qui, dans notre Code, n’a pas été modifié depuis l’adoption de ce Code. (Source : Le Code Civil ou Code Napoléon : 1804-2004 (Dossier Mars 2004) – Association Thucydide.)
(**) Note de l’auteur : Bien sûr, pour les Russes libérés de leur révolution, « républicain » qualifie un régime et non une idéologie, contrairement à ce qu’il en est chez nous.

Éric Delcroix

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