Accueil | Politique | Les stratégies possibles des droites (ou des populistes ?) : comment reconquérir durablement le pouvoir politique ?

Les stratégies possibles des droites (ou des populistes ?) : comment reconquérir durablement le pouvoir politique ?

Les stratégies possibles des droites (ou des populistes ?) : comment reconquérir durablement le pouvoir politique ?

par | 26 avril 2013 | Politique

Colloque de l’Institut de géopolitique des populations, le 13 avril 2013 : Immigration et élections : la droite pourra-t-elle encore gagner ? Intervention de Jean-Yves Le Gallou.

Les stratégies possibles des droites (ou des populistes ?) : comment reconquérir durablement le pouvoir politique ?

Obama et Hollande : deux élus des minorités ethniques

1. François Mitterrand a su bénéficier en son temps du vote immigré. Il a clientélisé le vote des communautés étrangères en promouvant le discours prétendument antiraciste, en se prononçant (sans le réaliser) pour le droit de vote des étrangers aux élections locales, en maillant le territoire d’un réseau d’associations subventionnées au titre de la politique de la ville.

2. La fondation Terra Nova dont François Chérèque, ancien patron de la CFDT, vient de prendre la tête est allée encore plus loin : elle a théorisé le remplacement dans l’électorat socialiste de l’électorat populaire français par l’électorat bobo des centres villes et l’électorat issu de l’immigration ou des territoires d’outre-mer. C’est cette recette électorale qui a permis le succès de François Hollande en mai 2012. 1.139.316 voix d’écart avec Nicolas Sarkozy, dont 600.000 en provenance des territoires d’outre-mer et alors que les électeurs musulmans fortement mobilisés ont voté, selon les instituts de sondages, entre 86% et 93% pour François Hollande : un président élu minoritaire en voix chez les Français de souche.

3. Il est vrai que les stratèges socialistes avaient pris exemple sur la campagne présidentielle d’Obama lui assurant dès 2008 l’accès à la Maison-Blanche grâce aux votes des minorités ethniques. Une stratégie de mobilisation raciale de l’électorat noir et de mobilisation culturelle de l’électorat hispanique lui a permis de renouer avec la victoire en 2012 bien que 61% des hommes blancs aient voté pour son adversaire.

4. Dans la foulée de ces résultats les médias ont mis en cause la stratégie des Républicains qui s’opposaient jusqu’ici à la régularisation de millions d’immigrés clandestins. La pression médiatique a porté ses fruits : les Républicains viennent de s’entendre avec les Démocrates pour régulariser des millions de clandestins, accélérant ainsi le processus d’hispanisation des États-Unis tant redouté par Samuel Huntington, auteur de Qui sommes-nous ? et du Choc des civilisations.

Pour les droites trouver des électeurs chez les immigrés : la grande illusion !

5. N’en doutons pas, les organes de propagande français – je veux parler ici des médias de l’oligarchie – ne vont pas manquer de citer en exemple ce qu’ils présenteront comme la « sagesse » des Républicains et d’inciter l’UMP à se tourner vers l’électorat immigré et de multiplier les démarches clientélistes à l’égard des minorités. Cette tentation existera d’autant plus que ceux qui la porteront, les Le Maire, les Jouanno, les NKM seront chouchoutés par les médias. Normal, ce sont des médiagogues, des hommes et des femmes dont la prospérité politique est liée à leur flatterie permanente des médias.

6. Attaché à la souveraineté française comme à l’identité française, en particulier dans sa composante culturelle et civilisationnelle, je ne peux pour ma part que condamner une telle attitude. Mais ce n’est pas mon sentiment qui compte ici, ce sont les faits. La question est la suivante : indépendamment des principes, courtiser l’électorat immigré est-il électoralement pertinent ou non pour les forces des droites. Expérimentalement parlant, la réponse est non. Ce serait inefficace : d’ailleurs cela a déjà été tenté, et cela a été inefficace !

7. Contrairement à ce qui est médiatiquement affirmé, ni Jean-Marie Le Pen ni sa fille Marine ne sont le moins du monde racistes, ni même racialistes. Jean-Marie Le Pen a même une vraie affection pour ceux qui viennent de la France d’outre-mer et des anciens territoires français. Élection après élection, il a rêvé de conquérir une part du vote immigré. Il a été le premier à faire élire sur ses listes des « minorités visibles » : Soraya Djebbour dès 1986 en Ile-de-France, puis Sid-Ahmed Yayaoui, puis Farid Smahi, sans oublier Stéphane Durbec ou Huguette Fatna. Ces gestes forts et les discours qui les accompagnaient n’ont jamais apporté le moindre filet d’eau électoral. En 2007, Jean-Marie Le Pen alla encore plus loin : l’affiche-clé de sa campagne présidentielle représentait une Beurette libérée. Et sur le conseil d’Alain Soral, brillant intellectuel transcourant, le dernier « coup » de la campagne se passa sur la dalle d’Argenteuil où Jean-Marie Le Pen expliqua devant un parterre de femmes voilées que les Beurs et les Africains étaient « des branches de l’arbre France ». Avec 10,44% des suffrages la catastrophe électorale fut au rendez-vous : les électeurs traditionnels avaient fui sans être remplacés le moins du monde par les électeurs immigrés !

8. L’UMP a, bien sûr, eu les mêmes tentations. Dans son premier gouvernement Nicolas Sarkozy promut à des postes clés la Franco-Sénégalaise Rama Yade et la Franco-Marocaine Rachida Dati. Ces icônes médiatiques de la « diversité » n’ont pas eu d’effet d’entraînement électoral sur leur communauté. Pas plus que l’hallucinant discours tenu, le 17 décembre 2008, par Nicolas Sarkozy dans ce temple du mérite républicain qu’est Polytechnique. Je cite : « L’objectif, c’est relever le défi du métissage. (…) Ce n’est pas un choix, c’est une obligation. (…) On ne peut pas faire autrement. Au risque de nous trouver confrontés à des problèmes considérables. Nous devons changer (…) partout en même temps, dans l’entreprise, dans les administrations, à l’éducation, dans les partis politiques. Et on va se mettre des obligations de résultat. Si ce volontarisme républicain ne fonctionnait pas, il faudra (sic) alors que la République passe à des méthodes plus contraignantes encore. » Cette frénésie en faveur de la « discrimination positive » n’a pas apporté le moindre électeur en mai 2012. Elle n’est pas étrangère, en revanche, au comportement de beaucoup des 11.196.503 inscrits qui se sont abstenus et des 2.146.408 électeurs qui ont voté blanc ou nul.

9. Que, lors d’élections nationales, l’UMP et le FN soient allés de déboires en déboires dans leurs tentatives de séduction de l’électorat immigré s’explique assez bien :

  • beaucoup de Franco-immigrés restent principalement attachés à leurs origines ; il est donc normal que leurs préférences aillent vers un Parti socialiste aux accents ouvertement cosmopolites plutôt qu’en faveur de partis aux intonations nationales ; les tonalités républicaines du discours Front national ne peuvent qu’ajouter au malaise de beaucoup de musulmans ;
  • beaucoup de Franco-immigrés bénéficient largement de l’État-providence, domaine pour lequel la gauche passe pour mieux disante ;
  • enfin, une très large majorité des Franco-immigrés vivent dans des communes où ils sont clientélisés par des municipalités de gauche ou extrême gauche ; c’est aussi la gauche et l’extrême gauche qui encadrent les associations subventionnées.

10. Bref, pour l’UMP comme pour le FN, conquérir une fraction significative de l’électorat que notre ami Laulan appelle TAM – Turquie/Afrique/Maghreb – relève de la gageure. Seule la minorité de ces minorités, la mieux intégrée, voire la mieux assimilée, est susceptible de voter pour des partis portant, ou affichant, un message patriotique. Mais dans ce cas c’est le discours traditionnel de l’UMP ou du FN qui peut plaire plus que des contorsions clientélistes. Le même raisonnement vaut pour la minorité asiatique dont le comportement est à la fois différencié et mal connu mais aussi moins hostile aux partis des droites. Quant aux immigrés d’origine européenne – Espagnols, Italiens, Portugais ou Polonais –, ces Européens de souche ont le même comportement électoral que les Français de souche.

L’armée de réserve des abstentionnistes

11. Faisons un peu d’arithmétique si vous le voulez bien : aux États-Unis, les minorités ethniques représentent d’ores et déjà plus de 20% de l’électorat. En France les « TAM » n’atteignent pas encore les 10%. Or, au deuxième tour de la dernière élection présidentielle de mai 2012, 29% des électeurs se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul. L’abstention s’est élevée à 47% aux élections législatives et à plus de 50% chez les classes jeunes et actives. Plus de 50% chez les moins de quarante-quatre ans, plus de 50% chez les employés et les ouvriers. Il s’agit d’électeurs insuffisamment conscientisés ou déçus par l’offre politique. C’est l’armée de réserve des droites de demain ou peut-être plus probablement des populistes… à condition d’adopter un changement radical de stratégie pour construire une majorité sociologique, une majorité idéologique, une majorité stratégique et une majorité numérique.

Majorité sociologique : France autochtone et France des périphéries

12. La majorité sociologique est d’abord à rechercher dans la majorité ethnique de la France : les Français de souche ou, de manière plus large, les Français de souche européenne, car les Français d’origine italienne, espagnole ou portugaise votent comme les Franco-Français. C’est donc à cette France autochtone, à ces Franco-Européens qu’il faut s’adresser et manifester une claire préférence pour leurs traditions, leurs coutumes, leurs goûts, leur culture, leur religion. Ce discours, d’ailleurs, ne rebutera pas ceux qui viennent du sud de la Méditerranée lorsqu’ils sont pleinement assimilés.

13. La majorité sociologique est aussi à rechercher dans la France des périphéries, dans la France qui souffre. Dans la France des classes populaires et moyennes. Dans la France qui travaille, qui a travaillé ou qui cherche du travail dans les bassins d’emplois en crise. Dans la France ostracisée par l’incessante propagande des médias de l’oligarchie. Il y a là un formidable réservoir électoral, en particulier chez les abstentionnistes : 47,60% des électeurs au deuxième tour des élections législatives du 17 juin 2012.

Majorité idéologique : identité et traditions

14. Les Français ne croient plus les mensonges qui leur sont assenés : ils ne croient plus que « la mondialisation est heureuse », ni que « l’immigration est une chance pour la France », pas davantage que « les révolutions arabes vont déboucher sur la démocratie », encore moins qu’il faille « faire une place à l’islam en France ». Le monde qui vient n’est pas attiré par les dogmes du politiquement correct. La marche du monde obéit à des valeurs contraires : identité, famille, foi, nation, protection, culture, civilisation. Malgré l’ahurissement médiatique, l’opinion des Français telle qu’elle ressort des sondages est, aux deux tiers des personnes interrogées, à l’opposé de l’idéologiquement correct.

15. Tous les sondages montrent une radicalisation de l’opinion sur les questions d’immigration et d’identité :

  • Pour 65% des Français l’identité de la France s’affaiblit (sondage TNS Sofres, Les Échos du 8 février 2010).
    59% des personnes interrogées sont d’accord avec l’affirmation « Il y a trop d’immigrés en France » (sondage Opinion Way/CEVIPOF, Le Monde du 1er février 2011).
  • 65% des personnes interrogées estiment qu’il y a trop d’immigrés (Etude CEVIPOF du 5 au 20 décembre 2012).
  • 55% estiment que « de manière générale les immigrés ne font pas d’efforts pour s’intégrer en France » (sondage IPSOS Public Affairs/Le Monde/Fondation Jean-Jaurès/CEVIPOF du 9 au 15 janvier 2013).

Certes, ceci se traduit encore mal dans les discours politiques. Pour une raison simple : l’étau médiatique se resserre encore. Il est pourtant assez simple de savoir ce que veut le peuple. C’est l’inverse du politiquement correct : moins d’immigration, plus de répression des délinquants, un retour au protectionnisme et moins d’impôts, une école et une université plus sélectives et le respect des valeurs familiales. Tout cela est cohérent : car plus de protectionnisme, moins d’immigration et une école plus sélective, c’est moins de dépenses et donc moins d’impôts.

La majorité stratégique

16. Le handicap principal de la droite – des droites – c’est la crédibilité, tant a été grand par le passé l’écart entre les paroles prononcées et les politiques conduites. C’est cet écart qui explique les deux millions de voix qui ont manqué à Sarkozy en mai 2012.

17. Pour tenter de reconquérir la confiance des électeurs, il faudra renouer avec de vraies valeurs :

  • le courage : si des réformes socialistes, sociétales notamment, sont jugées mauvaises, elles doivent être abrogées. Il ne doit pas y avoir d’ « acquis » ou d’ «  avancées » socialistes irréversibles, ni sur le pseudo-mariage homosexualiste, ni sur les droits des étrangers ;
  • la réciprocité : c’est l’un des fondements des relations humaines, constamment bafoué à droite depuis vingt-cinq ans ; concrètement, l’UMP ne peut pas demander aux électeurs FN de se reporter sur ses candidats si elle continue d’appeler à ne pas voter pour les candidats FN : un désistement ne peut être que réciproque ;
  • la confiance dans le peuple : c’est le point essentiel. Pour reconquérir la confiance du peuple, il faut montrer qu’on a confiance en lui et qu’on en fera un vrai législateur. La première mesure à proposer c’est le référendum d’initiative populaire. Il faut rendre le référendum d’initiative populaire largement possible à partir du moment où il est sollicité par au moins 500.000 électeurs inscrits.

La majorité numérique

18. Il ne faut évidemment pas imaginer pouvoir faire connaître positivement un tel projet à travers les médias de l’oligarchie dont il faut dénoncer les partis pris. Les médias de l’oligarchie, voilà l’ennemi. Heureusement il est possible de les contourner, sinon de s’en passer, grâce aux médias alternatifs.

19. La volonté de s’émanciper de la doxa médiatique est apparue à la fin de l’élection présidentielle française du printemps 2012. A l’étranger, certains hommes politiques aussi s’affranchissent de la tyrannie médiatique : en Hongrie, Victor Orban gouverne depuis 2010 malgré l’opposition des principaux médias acquis à la superclasse mondiale ; en Belgique, Bart De Wever, patron du parti nationaliste NVA, a gagné les élections municipales du 14 octobre 2012 et vient d’emporter la mairie d’Anvers après avoir refusé de participer à plusieurs débats dans les télévisions flamandes qu’il a dénoncées comme partiales ; en Italie, Beppe Grillo a recueilli 25% des suffrages sans passer par la case télévision : par les meetings de rue et les sites Internet ; en France, un gouvernement coupé du peuple découvre, médusé, que les doux agneaux de la Manifestation pour tous deviennent solidaires des jeunes loups du Printemps français.

20. Il est donc temps pour les droites de changer de direction et de comportement, de prendre le cap du peuple et non pas celui des médias. Les nouvelles technologies le permettent. Il suffit d’en avoir le courage. Vaste programme ! Mais le temps des compromis minables et des demi-mesures est passé car il conduit à la mort lente, au Grand Remplacement (Renaud Camus). Au grand remplacement du peuple et des électeurs.

Cela le peuple n’en veut plus. Le peuple se rebelle contre la dictature des minorités ethniques et religieuses, sexuelles et sectaires, financières ou médiatiques. C’est l’heure de la majorité. C’est l’heure de la radicalité.

Jean-Yves Le Gallou
Président de Polémia
13/04/2013

Jean-Yves Le Gallou

Cet article vous a plu ?

Je fais un don

Soutenez Polémia, faites un don ! Chaque don vous ouvre le droit à une déduction fiscale de 66% du montant de votre don, profitez-en ! Pour les dons par chèque ou par virement, cliquez ici.

Voir aussi