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Le pari à droite de Macron pour 2022 n’est pas gagné d’avance !

Le pari à droite de Macron pour 2022 n’est pas gagné d’avance !

par | 15 mai 2021 | Politique, Société

Le pari à droite de Macron pour 2022 n’est pas gagné d’avance !

Par Didier Beauregard, journaliste et essayiste Emmanuel Macron base sa réélection l’an prochain sur un pari audacieux, fractionner la droite en 2022, comme il a atomisé la gauche en 2017. L’objectif : récupérer un électorat de droite modéré, qui lui est déjà largement acquis, et gagner sur son flanc droit, ce qu’il perd sur son côté gauche. L’idée sur le papier est simple et logique, mais la réalité est probablement plus complexe et contrastée que la représentation que s’en fait le président candidat.

En morcelant la droite « classique », Emmanuel Macron libère aussi des forces centrifuges, comprimées depuis des décennies dans le carcan de l’union de la droite et du centre et du front républicain, qui pourraient choisir, une fois le carcan rompu, des options électorales plus contestatrices face au délitement de leurs formations politiques traditionnelles. Les conséquences électorales de l’accord signé en PACA entre LR et LERM montrent visiblement que bien des électeurs de droite n’ont pas nécessairement l’intention de se rallier comme un seul homme à la Macronie. La sociologie politique de l’électorat de droite ne se réduit pas à la tentation centriste de nombre de ses dirigeants.

La ligne de front idéologique de la droite s’étire dangereusement, ce qui fragilise d’autant sa position face à une offre alternative de droite. L’idée du vote Marine Le Pen se banalise dans l’opinion publique et la perspective sérieuse d’une candidature Zemmour peut séduire une part non négligeable (1/3 ?) de l’électorat conservateur qui traditionnellement ne vote pas FN. Macron, selon la logique du syndrome Iznogood, serait alors dépassé par les effets du calcul cynique qu’il a lui-même concocté !

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Macron et son entourage ne semblent pas percevoir les changements d’humeur dans l’ère du temps, et sous estiment probablement largement l’inquiétude des français. L’actualité sécuritaire est délétère pour le pouvoir en place et la fronde pétitionnaire des militaires représente un coup dur à sa crédibilité, en dépit des postures d’autorité qui ne convainquent pas grand monde. Les français, très majoritairement, savent bien que le propos alarmiste des militaires répond à leur perception de la réalité.

Les temps changent, en effet, et la question d’une possible victoire de Marine Le Pen, évoquée désormais par les analystes les plus en vue, en entraine une autre mécaniquement ; celle de l’avenir du président sortant dans la course de 2022. Autrement dit, l’alliance des intérêts économiques et politiques qui a permis la victoire éclaire de Macron en 2017, peut-elle prendre le risque de soutenir un candidat menacé par la présidente du RN ?

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Macron face au risque de « Hollandisation »

La question deviendrait incontournable si, dans les mois prochains, l’écart se resserrait entre les deux concurrents.  Le jeune « prodige » de 2017 est-il, en quelque sorte, menacé par une « hollandisation » de son quinquennat, avec un abandon contraint face à la pression d’un nouveau prétendant massivement soutenu par le système et ses relais médiatiques ? Encore faut-il trouver dans le paysage politique un personnage crédible pour tenir le rôle du challenger que l’on n’attendait pas (ou pas trop !). Edouard Philippe est bien installé dans ce rôle de l’outsider recours et la Une des magazines régulièrement le remet dans la lumière avec, à la clé, des sondages flatteurs pour sa cote de popularité. L’hypothèse est séduisante et l’on peut logiquement penser qu’Edouard Philippe se tient en réserve de la République… au cas où ! Edouard Philippe, comme Macron en 2017, a le pouvoir potentiel de réaliser, dès le premier tour, la convergence du centre gauche et centre droit pour maintenir la donne politique actuelle.

A droite, Michel Barnier, apparaît, lui aussi, comme un candidat possible pour maintenir un équilibre des centres afin de contenir une éventuelle vague « populiste ». L’ancien commissaire européen, auréolé de son opération Brexit, ne cache pas sa volonté de jouer un rôle de premier plan dans le scénario 2022, sans pour autant dévoiler encore totalement ses intentions.

Un acteur inattendu du côté de Bruxelles ?

Toutefois, il ne faut pas sous-estimer la capacité du système à créer de nouveaux scénarios, du story telling pour faire émerger de nouveaux acteurs. La dramatisation des enjeux économiques et sociaux dans le contexte d’une crise sanitaire dévastatrice ouvre également la voie pour des profils plus gestionnaires hors du cadre politique classique. Un scénario Macron bis, en quelque sorte, mais encore plus distancié des appareils politiques.

Une personnalité semble aujourd’hui capable de répondre à ces critères compte tenu de son parcours exemplaire dans les différents champs du pouvoir et de la réussite professionnelle.

L’idéologie « verte » comme nouvel avatar de la fracture sociale

On évoque, bien sûr, le personnage de Thierry Breton, actuel commissaire européen, chargé de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l’espace, dont l’impressionnant CV,  devrait pouvoir rassurer un pays en pleine tourmente économique. L’homme est habile et solide et peut séduire le bloc central des bourgeoisies urbaines, tout en rassurant les classes moyennes déstabilisées, voire même les classes populaires. Bien sûr, Thierry Breton n’a jamais exprimé d’ambition de cet ordre, mais que ferait-il si le destin le poussait en avant face à un risque de basculement politique que le système ne pourrait accepter ?

En tout état de cause, et quel que soit le candidat qui sera le favori du système en 2022, l’éclatement prévisible de la droite place au centre de l’enjeu électoral la question d’une nouvelle donne politique qui mènerait à terme le processus de recomposition politique provoqué par la candidature de Macron en 2017.

Didier Beauregard
15/05/2021

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