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Le « Camp des Saints » (de Jean Raspail) plus que jamais assiégé

Le « Camp des Saints » (de Jean Raspail) plus que jamais assiégé

par | 20 février 2011 | Médiathèque

Dans son malheur de n’avoir été ni entendu ni écouté par nos gouvernants successifs qui pourtant l’avaient lu, et parfois félicité pour sa lucidité (n’est-ce pas, Robert Badinter ?), Jean Raspail a de la chance. Paru en 1973, son Camp des Saints est réédité alors même que se produit une autre réédition : celle de l’afflux massif de milliers de réfugiés – non plus asiatiques, mais tunisiens – sur un rivage méditerranéen. L’îlot sicilien de Lampedusa ayant, dans la réalité, pris la place de la plage varoise de Boulouris où le visionnaire avait situé le début du tsunami humain qui, arrivé sur d’antiques rafiots, allait submerger l’Europe avec la complicité de dirigeants dépassés et de « prescripteurs d’opinions » traîtres à leurs peuples.

Bien sûr, il y avait eu en 1969 l’excellent roman prémonitoire de Marcel Clouzot (frère d’Henri-Georges, le grand cinéaste), L’Occident. Mais le livre était celui d’un militant, paru chez un éditeur confidentiel, Robert Desroches. Tout au contraire, dû à un homme jusqu’ici connu comme explorateur, spécialiste des tribus exotiques en voie d’extinction et donc catalogué comme « humaniste », voire progressiste, Le Camp des Saints avait les honneurs d’un grand éditeur. Et ce n’était pas seulement le cri d’alarme d’une Cassandre. C’était l’œuvre d’un très grand écrivain, celui qui devait nous donner ensuite des livres majeurs comme Septentrion ou L’Anneau du pêcheur. Le choc fut donc très grand, mais vite étouffé, par la descente en flammes de l’auteur (y compris au Figaro, où il écrivait pourtant) ou, à l’inverse, par une conspiration du silence.

Conscient de la valeur de la pépite qu’il avait éditée et qu’il admirait passionnément, Robert Laffont espérait un best-seller. Toutefois il ne s’en vendit en 1973 que 15.000 exemplaires. Mais, de manière surprenante, les ventes continuèrent pendant des lustres, à raison de près de 10.000 exemplaires par an, le bouche à oreille et la passion de certains lecteurs – médecins ou chauffeurs de taxi, aubergistes ou grandes comédiennes – qui l’achetaient par dizaines pour le distribuer autour deux, ayant eu raison du mutisme organisé. De plus, de très nombreuses traductions fleurirent un peu partout, à la suite de l’Amérique qui avait donné le branle dès 1975. Suivant, en 1980, la campagne présidentielle opposant Reagan au sortant Carter, je fus ainsi surprise de voir des exemplaires du Camp of Saints, proposés en « poche » dans tous les supermarchés du Deep South où, me sachant française, on me demandait si je connaissais « Mr Raspeille ». Ce qui était le cas et me valait une faveur particulière !

La trahison des belles âmes

Deux nouvelles éditions, qui creusèrent elles aussi leur petit bonhomme de chemin, parurent en 1978 puis en 1985. Et voici celle de février 2011. Enrichie d’une longue préface rageuse d’une trentaine de pages, intitulée « Big Other » (le Grand Autre), où l’auteur raconte la genèse du roman, mais surtout confie son désespoir de voir se réaliser ses pires craintes. Non seulement la submersion du monde blanc n’a pas été endiguée, mais tout un arsenal de lois, toute une panoplie de mesures (les fameuses « cellules préfectorales contre le racisme »), toute une armée d’associations et d’ « organisations représentatives » ont en outre été installés et richement financés, pour réduire la moindre velléité de résistance et même la moindre prise de conscience d’un péril. Ce péril ne se limite pas à l’islam « dont l’avant-garde est en train de prendre pied en Europe, non pour s’y fondre mais pour s’y implanter », comme le souligne l’auteur dans sa préface. Il remarque également que « l’islam, en définitive, n’est qu’une composante de la subversion, la plus organisée, la plus déterminée », mais qu’il « n’est pas à lui seul le nombre » tant « les ethnies, les tribus, les natonalités se bousculent à nos portes ».

On doit cela aux « belles âmes » qui, bien plus que « toute la misère du monde » venue chercher un monde meilleur sous nos climats, étaient – et restent – les véritables cibles du Camp des Saints. En 1973, l’immigration étant encore maîtrisable, n’avait-on encore presque rien vu, bien qu’un an plus tôt aient été votées les lois Pleven, du nom d’un démocrate-chrétien ministre de la Justice de Pompidou (et dont une certaine Simone Veil était chef de cabinet).

Les générations futures sacrifiées

Mais depuis, comme le disait récemment Raspail, nous assistons actuellement, et à tous les niveaux de la maternelle aux gouvernements du G 20, à « une exacerbation laïque émotive de ce qui était autrefois la charité chrétienne, laquelle s’exerçait à l’égard de son prochain, mais pas à celui de la terre entière.

Autrefois, chez ma grand-mère, il y avait la place du pauvre, symbolique, pas celle de millions d’affamés. auxquels sont impitoyablement sacrifiés les indigènes européens. « Ce que je ne parviens pas à admettre, et qui me plonge dans un abîme de perplexité furieuse et désolée, s’insurge Jean Raspail dans sa préface, c’est pourquoi tant de Français avertis concourent aveuglément, méthodiquement, voire cyniquement, à l’immolation d’une certaine France – évitons le qualificatif d’éternelle, qui les révulse – sur l’autel de l’humanisme exacerbé… Quand il y a une naissance dans ma famille, ou chez des amis, je ne puis regarder ce bébé de chez nous sans songer à ce qui se prépare pour lui dans l’européenne et française incurie, et ce qu’il lui faudra affronter dans son âge d’homme.»

Au 14 février, 110 des Tunisiens de Lampedusa avaient déjà obtenu l’asile politique en France. Comme l’avaient, obtenu, avant eux les quelques mille kurdes déboulant du cargo East Sea en février 2001, il y a tout juste dix ans. C’était sur la côte varoise, tout près de Boulouris exactement, sinistre coïncidence, dans des conditions que des années d’enquête n’ont pu établir. Tout comme l’avaient obtenu, de la même manière, en janvier 2010, d’autres Kurdes, plus d’une centaine, échoués près de Bonifacio.

A cette occasion, le président Sarkozy avait affirmé que les déboutés du droit d’asile seraient « reconduits dans leur pays d’origine », mais le calamiteux Eric Besson, alors ministre de l’Identité nationale (sic), s’était empressé de corriger : « Face à des situations d’urgence, la protection des personnes prime sur le pointillisme procédural. » Et passez muscade !

Un outrage à la bien-pensance

En 2004, un article publié par Jean Raspail dans Le Figaro et intitulé «La patrie trahie par la République», lui avait valu d’être poursuivi par la LICRA dont un ancien pilier, David Dawidowiz, prit la défense de l’écrivain, estimant que, « comme tout citoyen d’un pays libre, Jean Raspail, a le droit de critiquer, à tort ou à raison, une politique qu’il juge désastreuse, une société qu’il juge à la dérivée », même si « ce n’est pas du tout politiquement correct ».

Quelle va être la réaction de la LICRA, et des multiples autres bras armés du lobby immigrationniste après cette nouvelle réédition du Camp des Saints ? Avec malice, l’auteur y recense en annexe, avec indication des pages, « un minimum de 87 motifs » pouvant donner lieu à poursuites judiciaires « si les lois Pleven, Gayssot, Lellouche et Perben II avaient un effet rétroactif, ce qui n’est pas le cas », précise-t-il.

Peut-être devenu sage à l’approche de la mort, l’ex-« Grand Dadais », Bertrand Poirot-Delpech, académicien français et chroniqueur au Monde, avait écrit dans ce quotidien le 7 janvier 1998 : « Relisez ce livre, paru il y a vingt ans. En nos temps de “flux migratoires” mal maîtrisés, l’anticipation impressionne par sa vraisemblance, par l’embarras qu’elle cerne, où elle nous laisse, en plan… L’inconscience des envahis et leur acquiescement à ce qui va les dissoudre. »

Lire ce livre d’urgence, ou le relire… Un conseil plus que jamais d’actualité.

Claude Lorne
17/02/2011

Jean Raspail, Le Camp des Saints ; précédé de Big Other, Robert Laffont, 2011, 392 pages

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