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Trois revues consacrées à l’immigration, un même constat d’urgence

Trois revues consacrées à l’immigration, un même constat d’urgence
Trois revues consacrées à l’immigration, un même constat d’urgence

Par Paul Tormenen, juriste et spécialiste des questions migratoires ♦ À l’heure où le changement de population en France s’invite de plus en plus dans le débat public, Le Figaro, Valeurs actuelles et la revue Front populaire viennent chacun de consacrer un numéro à l’immigration. Sans prétendre être complète, la présentation thématique que nous en faisons vise à appréhender tant le spectre des sujets traités que les éléments saillants de quelques articles. Le constat général que l’on peut tirer de ces publications est qu’il y a péril en la demeure.

 

Des publications complémentaires

Les numéros spéciaux du Figaro et de Valeurs actuelles ainsi que la revue Front populaire sur l’immigration présentent l’intérêt d’être complémentaires. La diversité des contributeurs et des sujets traités permet d’avoir un large aperçu du grand bouleversement démographique en cours qui se déroule sous nos yeux.

Ces trois titres de presse sont précisément les suivants :

  • Le Figaro Enquêtes sur La France face au défi de l’immigration ;
  • le hors-série « Grands Débats » de Valeurs actuelles sur L’immigration en France ;
  • le numéro 4 de la revue Front populaire : Immigration : éviter le naufrage.

Alors que les publications du Figaro et de Valeurs actuelles sont essentiellement des recueils d’articles déjà parus, la revue Front populaire présente des textes qui sont tous originaux. Cela ne retire rien à l’intérêt des numéros spéciaux consacrés par Le Figaro et Valeurs actuelles au thème de l’immigration.

Les auteurs

Outre quelques interviews de personnalités, hauts fonctionnaires et spécialistes de la question, les numéros spéciaux du Figaro et de Valeurs actuelles contiennent quelques articles écrits par des journalistes. Les contributeurs de Front populaire sont essentiellement des professionnels qui apportent leur éclairage à l’aune de leur spécialisation (démographie, économie, droit, etc.).

Quelques auteurs ont écrit dans deux voire trois revues : Malika Sorel-Sutter (VA, FP), Anne-Sophie Nogaret (FP, VA), la démographe Michèle Tribalat (VA, Le Figaro, FP).

L’histoire de l’immigration

Pierre Vermeren dresse en quelques pages un rapide historique de l’immigration en France dans le numéro spécial du Figaro. L’historien évoque son importance dans la croissance de la population française depuis 1945 et son évolution : « [L’immigration] est de moins en moins européenne et de plus en plus mondialisée. » Boualem Sansal revient dans Front populaire sur la guerre d’Algérie et rappelle opportunément le tragique de l’histoire, une dimension totalement occultée par le président Macron quand, d’Alger, il accuse la France de crime contre l’humanité pendant la guerre d’Algérie : « Macron est gentil mais son enthousiasme juvénile nous perdra. » Mickaël Fonton fait le point dans Valeurs actuelles sur « 45 ans d’erreur » en exposant quelques-unes des funestes conséquences de l’instauration du droit au regroupement familial.

La mesure de l’immigration

Les statistiques sont le prisme par lequel l’ampleur de l’immigration est souvent appréhendée. Sa mesure est-elle satisfaisante en France ? La démographe Michèle Tribalat insiste dans Valeurs actuelles sur le fait que « la frilosité de l’INSEE en matière de statistiques sur les populations d’origine étrangère n’a faibli qu’à la faveur de la montée, dans les années 2000, du thème des discriminations qui offrait une couverture morale à l’institution pour se lancer. […] Mais c’est aussi la couverture morale apportée par l’accent mis sur les discriminations qui l’empêche de faire son travail jusqu’au bout ».

Dans Front populaire, Michèle Tribalat souligne que la France, contrairement aux pays du nord de l’Europe, ne s’est pas dotée des outils permettant de mesurer finement l’immigration, en tenant par exemple un registre de population. La démographe ne se contente pas de faire des constats, elle formule quelques propositions d’amélioration des outils statistiques.

L’ampleur de l’immigration

Les chiffres présentés par Michèle Tribalat dans Front populaire sont néanmoins éloquents : premiers titres de séjour délivrés chaque année (doublement depuis 1997), taux d’accroissement de la proportion d’immigrés (il n’a jamais été aussi élevé que dans la période 2014-2019) et proportion de jeunes de moins de 18 ans d’origine étrangère sur deux générations dans plusieurs communes d’Île-de-France (entre 65 et 80 % !). Qui peut alors nier la réalité du grand remplacement dans des secteurs de plus en plus nombreux en France ? Les infographies du Figaro confirment la folle envolée du nombre de cartes de séjour et de demandes d’asile. Dans Valeurs actuelles, Jean-Paul Gourévitch tente, dans un article consacré au coût de l’immigration, d’évaluer le nombre d’étrangers en situation irrégulière en France, « entre 400 000 et 800 000 », selon lui.

La pression migratoire

Le journaliste Stephen Smith, spécialiste de l’Afrique, souligne dans Le Figaro Enquêtes que « l’Afrique est une salle d’attente de 1,3 milliard d’habitants aux portes de l’Europe ». La politique de codéveloppement si souvent promue pour freiner l’immigration « augmente dans un premier temps le nombre de ceux qui ont les moyens de quitter leur pays ».

Dans Valeurs actuelles, Louis de Raguenel évoque, dans un article intitulé « 250 000 migrants demain chez nous », le « flux continu » d’immigration clandestine, favorisé par un écosystème où islamistes, passeurs, ONG et « No Border » prennent chacun leur part. Dans le même magazine, le démographe Gérard-François Dumont dépeint à grands traits les dynamiques démographiques dans le monde, qui « s’inscrivent dans des réalités complexes ».

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Du droit de l’immigration au droit à l’immigration

Les droits qui permettent aux étrangers de s’installer en France sont évoqués dans de nombreux articles. Philippe Prigent en fait le sujet central d’un article paru dans Front populaire, démontrant que nous sommes passés du droit de l’immigration au droit à l’immigration. Il souligne que « l’intervention continue du juge administratif depuis une trentaine d’années a abouti à la création d’un droit à l’immigration ». Les juges administratifs ne disposeraient pas d’« une grille d’appréciation rigoureuse et dépassionnée ». Ils obéiraient au contraire à l’idéologie immigrationniste ambiante. L’évolution des jurisprudences du Conseil d’État donnant toujours plus de droits aux étrangers à s’installer en France se ferait « contre l’avis du peuple […] si l’on en croit les études d’opinion qui démontrent [que les Français] y sont massivement opposés ».

Le coût de l’immigration

Jean-Paul Gourévitch reconnaît dans un article de Valeurs actuelles que son chiffre du coût de l’immigration paru en 2017 dans Les Véritables Enjeux des migrations, évalué à 17,7 milliards d’euros par an, « est dépassé tant en raison de l’augmentation du nombre d’immigrés légaux et irréguliers, que de l’arrivée massive de MNA, de l’explosion des dépenses sociales, sociétales et sécuritaires, des modifications de la courbe du chômage, de la prolifération de la fraude… ». On peut aussi souligner que les investigations de Charles Prats sur la fraude sociale ont apporté des nouveaux éléments « à charge » depuis.

Assimilation, séparation ou remigration ?

L’assimilation en berne

En France, on aime répéter à l’envi des mots ronflants qui témoigneraient de notre grandeur d’âme. La réalité est plus prosaïque. En faisant entrer des peuples et non des individus, c’est l’espoir d’une assimilation réussie qui s’est évanoui. Le numéro spécial de Valeurs actuelles est très prolixe sur le sujet et donne la parole à des personnes directement confrontées au fossé culturel qui ne cesse de se creuser. Une enseignante, Anne-Sophie Nogaret, décrit « comment [elle a] vu [ses] élèves changer ». L’islamisation – ou la réislamisation – concerne non seulement des enfants d’immigrés de première, deuxième, voire troisième génération, mais également des jeunes Français qui se convertissent. Mickaël Fonton est allé dans « ces écoles où l’on ne parle plus français ». Raphaël Stainville a pour sa part accompagné Nadine Morano dans le quartier où elle a grandi, et qu’elle ne reconnaît plus. « Les petits Blancs ont disparu du paysage », commente le journaliste.

Dans Le Figaro Enquêtes, le géographe Laurent Chalard estime que l’ampleur des flux migratoires met à mal l’assimilation des populations nouvellement arrivées. Cette position rejoint, selon le politologue Jérôme Fourquet, celle d’une majorité de Français, pour qui « nous n’avons plus les moyens d’accueillir et d’intégrer les nouveaux arrivants ».

Dans Front populaire, le sujet de l’assimilation est également amplement abordé : Barbara Lefebvre souligne la brûlante actualité de l’ouvrage (qui n’est plus disponible) de Paul Yonnet, Voyage au centre du malaise français. Sous la poussée du mouvement antiraciste et de l’affirmation du droit à la différence, « le Français devient une ethnie parmi d’autres au sein d’un pays qui n’a plus de nation que le nom ». Anne-Sophie Nogaret essaie de lever le voile sur une omerta française concernant la polygamie, facilitée notamment par un arrêt du Conseil d’État et « l’assistanat organisé ». Si Raphaël Doan, dont le dernier essai traite de l’assimilation, fait une analyse assez réaliste de l’échec de l’assimilation en France, sa vision optimiste de l’avenir a jusqu’à présent été démentie de façon cinglante.

Le problème de l’assimilation, fausse barbe de l’islamisation de la société

Mais parlerait-on autant de l’assimilation si l’immigration était issue de la même aire civilisationnelle que celle à laquelle appartient la France ? Chantal Delsol met les pieds dans le plat dans le hors-série du Figaro en affirmant que « dire que les musulmans auront plus de mal que nous à vivre dans des sociétés ouvertes, c’est bien ce que tout le monde sait et voit. Les cultures ont des caractéristiques. […] Ce n’est pas un pur hasard si islam signifie soumission pendant qu’Israël signifie “celui qui a été fort contre Dieu”. Mais il ne faudrait pas le dire ». Michel Onfray reprend à son compte, dans Front populaire, le diagnostic de Jacques Ellul « sur le rôle de l’islam dans le conflit de civilisations ». Il le cite dans son éditorial : « Mais quand je considère la France, bien plus qu’une incapacité à répondre à un défi, je rencontre une sorte de volonté suicidaire. Dans sa tête pensante, la France est prête à accueillir ce qui va l’anéantir… » Michel Onfray n’hésite pas à qualifier « l’immigration instrumentalisée par le capitalisme » de « crime contre l’humanité ». Les choses sont claires.

Beaucoup de musulmans étrangers vivant en France votent islamiste

Des abus en cascade

Notre généreux système social et les innombrables droits à s’installer en France ont un effet de pompe aspirante considérable. Les exemples sont nombreux dans les trois revues.

Dans Front populaire, une responsable d’association qui dispense des cours de français aux primo-arrivants fait le constat que, parmi le public qui se présente, « nous n’avons pas rencontré plus de 5 % de candidats ayant opté à l’origine pour notre pays ». La France apparaît comme un pis-aller à ceux qui ont été refusés par d’autres pays européens. Le juriste Régis de Castelnau évoque sans concession « le pillage de l’aide sociale à l’enfance ». Sans aller jusqu’à remettre en cause l’accès des extra-Européens à ce dispositif, il souligne la nécessité d’en durcir les conditions d’accès et « l’impact financier spoliatoire au détriment de sa mission pourtant fondamentale de protection de l’enfance assumée par les départements ».

Charlotte d’Ornellas décrit dans un article fouillé paru dans Valeurs actuelles « le défi kafkaïen des expulsions », qui aide à mieux comprendre comment des centaines de milliers de personnes en situation irrégulière se maintiennent sur le territoire, quand, par miracle, elles font l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Dans Le Figaro Enquêtes, deux articles sont consacrés aux dérives dans l’accès aux soins des étrangers. Le premier évoque l’aide médicale d’État (AME), bien plus généreuse en France que dans nombre de pays voisins. Le second souligne, à partir du témoignage d’une chargée de la facturation dans un hôpital public, l’importance des soins non facturés et des créances irrécouvrables laissés par de « vrais ou faux touristes, étrangers fortunés, fraudeurs en bande organisée ».

Immigrés et droits sociaux : laxisme et gabegie de l’État français

L’immigrationnisme, une passion de l’oligarchie

L’immigration n’aurait pas en France cette ampleur si la classe dirigeante, le président Macron en tête, n’était pas convaincue de ses bienfaits pour la société. L’entreprise de conditionnement passe par les mots. Le préfet Hugues Moutouh souligne dans Le Figaro Enquêtes que la généralisation de l’emploi du mot « migrant » ne permet pas « de traiter le sujet de l’immigration comme il devrait l’être : uniquement sous l’angle politique et non à travers un prisme déformant, exclusivement humanitaire ».

Guillaume Bigot développe dans Front populaire la notion d’« effet d’hystérèse ». Par ce vocable savant, il souhaite décrire l’une des conséquences de la Deuxième Guerre mondiale : l’impossibilité « de regarder les enjeux migratoires de manière apaisée », en raison notamment d’une culpabilité à vérifier l’origine des gens. Dans ces conditions, il devient plus difficile de lutter non seulement contre les associations immigrationnistes (ONG, etc.), mais aussi contre des classes dirigeantes nationales et bruxelloises « persuadées qu’en ouvrant à ceux qui frappent à nos portes, elles feront à la fois une bonne action et de bonnes affaires ».

Une perspective européenne

Le Figaro Enquêtes comporte quelques articles consacrés à la « crise européenne ». L’auteur de L’Étrange Suicide de l’Europe, Douglas Murray, souligne notamment que « les dirigeants ont modifié nos sociétés sans le consentement des peuples », ceci alors qu’une enquête réalisée en 2017 par Fondapol, présentée par le politologue Dominique Reynié, met en avant une inquiétude largement partagée parmi les citoyens européens vis-à-vis de l’immigration et de l’islam. L’infographie consacrée au score obtenu par les partis populistes lors des élections européennes en 2019 permet de constater que « le populisme de droite gagne l’Europe ». Dans Front populaire, deux articles concernent spécifiquement l’Europe de l’Est. Celui de David Cayla présente à grands traits « Les migrations intra-européennes, forces de déstabilisation ». Celui de Jacques Sapir souligne notamment que « des millions d’Européens de l’Est ont émigré vers l’ouest du continent » et que des réseaux mafieux exercent leur mainmise sur bon nombre d’entre eux.

Immigration : la folle politique de peuplement du gouvernement français

Un point de vue politique

Les politiques qui s’expriment dans les colonnes de ces trois revues sont une indication de leur ligne éditoriale. Dans Le Figaro Enquêtes, le député LR Jean-Louis Thiériot fait un constat réaliste du dévoiement de l’aide sociale à l’enfance (ASE) par nombre de jeunes extra-Européens. Mais, sans surprise, ses préconisations n’apportent aucune réponse de fond au problème, car elles ne remettent pas frontalement en cause la prise en charge des jeunes étrangers reconnus mineurs, qui n’ont rien à faire en France.

Dans Front populaire, Georges Kuzmanovic, président du parti République souveraine, présente quelques propositions pour que la France devienne souveraine en matière d’immigration. Si certaines d’entre elles sont courageuses venant de la gauche, comme un moratoire immédiat sur le regroupement familial, d’autres sont plus conformistes, comme la régularisation des immigrés clandestins et le maintien de la gratuité de l’accès à l’enseignement supérieur pour les étudiants étrangers.

Jean-Marie Le Pen revient dans une interview parue dans Valeurs actuelles sur l’alerte qu’il a lancée avant les autres : « […] à partir du moment où nous étions dans une situation de chômage, il n’était pas raisonnable d’accepter l’entrée d’étrangers. Celle-ci avait en outre une conséquence sociale grave : pousser le salaire à la baisse et faire peser le coût social des arrivées sur la collectivité. Le sentiment qu’une telle situation ne pouvait être pérenne m’a lancé sur cette question de l’immigration. »

 

Au fil des articles, c’est en creux le portrait d’une France dépassée par une immigration incontrôlée et totalement excessive qui apparaît. Il n’est pas étonnant que, dans les trois publications, le sujet de l’assimilation soit si souvent évoqué. L’islamisation de la société française fait son œuvre. L’impression générale que l’on retire est celle de la fin d’une époque, sous les coups de boutoir d’une oligarchie qui reste sourde aux aspirations de la population. Comme dit Jean-Marie Le Pen dans l’interview qu’il a donnée à Valeurs actuelles : « Il est très tard mais il n’est pas trop tard. »

Nous n’avons bien évidemment pas pu évoquer toutes les contributions à ces trois revues toutes plus passionnantes les unes que les autres. Mais si nous devions répondre à la question de celle à acheter, la réponse serait sans l’ombre d’un doute : les trois, mon général !

Paul Tormenen
12/05/2021

 

La France face au défi de l’immigration, Le Figaro Enquêtes.

L’immigration en France, Valeurs actuelles, hors-série « Grands débats » n° 2.

Immigration : éviter le naufrage, Front populaire, numéro 4.

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