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L’EI, un bon prétexte pour le renforcement de l’arsenal législatif liberticide ?

L’EI, un bon prétexte pour le renforcement de l’arsenal législatif liberticide ?

par | 6 octobre 2014 | Politique

L’EI, un bon prétexte pour le renforcement de l’arsenal législatif liberticide ?

Télérama n’est pas notre tasse de thé, c’est le moins que l’on puisse dire. Pourtant une lecture attentive permet parfois de découvrir des points de vue avec lesquels on peut être d’accord. C’est le cas d’un article signé d’Olivier Tesquet, dans le numéro de cet hebdomadaire en date du 24 septembre 2014.

Cent dix sept. C’est le nombre de fois où le mot « guerre » a fendu l’hémicycle semi-désert pendant les débats sur le nouveau projet de loi anti-terroriste, la semaine dernière à l’Assemblée nationale. Comme dans cette expression terrifiée et terrifiante du député UMP Jacques Myard : « La réalité est simple et tragique, comme l’Histoire : nous sommes en guerre. » Discuté sous le régime de la procédure accélérée (une seule lecture devant chaque chambre), le texte du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve est présenté par le gouvernement – et l’opposition – comme un vaccin obligatoire pour empêcher le départ en Syrie d’apprentis djihadistes. Face aux menaces de l’EI (État islamique), il inaugure un nouvel arsenal répressif : il crée une notion d’entreprise individuelle terroriste pour les « loups solitaires », interdits de quitter le territoire par confiscation de la carte d’identité (après enquête de police) et propose même de priver d’allocations les familles de jeunes trop belliqueux sur les réseaux sociaux…

Internet, bouc émissaire pratique, est en ligne de mire d’un projet de loi qui, au nom de la sécurité, rogne sur les libertés fondamentales. Les parlementaires ont aussi voté le blocage administratif des sites faisant l’apologie du terrorisme. En 2011 pourtant, ils s’étaient vigoureusement opposés à ce type de mesures. D’une part, parce qu’elles se révèlent inopérantes ; d’autre part, parce qu’elles entraînent fatalement le blocage de sites n’ayant rien à voir avec le terrorisme. Las, pendant trois jours, les arguments des opposants auront été réduits au mieux à de la naïveté, au pis à de l’inconscience. Et si, face au djihad médiatique, cette hystérie sécuritaire – qui n’est pas sans rappeler les lois d’exception américaines après le 11-Septembre – était une première défaite ?

Cette affaire avait déjà fait l’objet d’un premier épisode lorsque, au début de l’été, la presse avait relayé une information en provenance des États-Unis selon laquelle Al Qaïda serait en mesure de fabriquer des bombes miniaturisées de la taille d’un paquet de cigarettes ! À qui fera t-on croire que les services de renseignement, à commencer par la CIA, auraient pu être dans l’ignorance d’une telle « découverte » ? Toujours est-il que déjà à l’époque le ministre de l’Intérieur avait déclaré qu’il prenait cette menace très au sérieux et se proposait de renforcer les mesures de répression telles que le contrôle dans les aéroports.

Il ne s’agit évidemment pas de minimiser les menaces de l’EI, ou d’autres AQMI, encore que ce sujet comme bien d’autres offre un exemple criant du phénomène d’amplification médiatique et de la connivence entre la classe politique et le monde des médias, que nous dénonçons régulièrement sur ce site.

Mais Olivier Tesquet a bien vu que la lutte contre le terrorisme peut servir de prétexte à la mise en place d’une police de la pensée et, à cet égard, on ne peut qu’être inquiet des intentions de plus en plus fréquemment affichées tendant à restreindre l’utilisation et l’accès à Internet. La France de François Hollande, émule de la Chine ? Il n’est pas illégitime de se poser la question.

 Bernard Mazin
29/09/2014

Bernard Mazin

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