Par Johan Hardoy ♦ Dans un essai au titre provocateur, Raisonnablement sexiste – Remettre les hommes et les femmes à leur place (Éditions Magnus, 288 pages, 21 euros), l’essayiste Laurent Obertone évoque les spécificités des deux sexes dans un style décapant. Son argumentation s’appuie essentiellement sur des critères biologiques, à rebours des théories wokistes qui considèrent que les genres résultent de constructions sociales.
La biologie comme destin
Comme les primates et la plupart des mammifères, les garçons et les filles connaissent dès le plus jeune âge des évolutions biologiques divergentes que l’auteur résume à grands traits. En grandissant, « les garçons se mangent une énorme décharge de testostérone » alors que le corps des filles se remodèle.
Deux grandes catégories idéales se dessinent à l’âge adulte : « L’homme, plus grand et musclé, plus agressif et aventureux, doté de capacités d’orientation et de vision supérieures, sera le pourvoyeur, le chasseur, le guerrier, l’acteur et le créateur divergent. La femme est quant à elle l’être du maintien de l’ordre, du clan, de la mise au monde, des soins parentaux et de l’hygiène, de la transmission, de la domestication, par extension de la civilisation. L’homme doit aux femmes la vie, les femmes doivent à l’homme la survie. »
Des conduites et des aspirations différentes
« Les humains sont des êtres de fantasmes » et l’amour (« un état de vulnérabilité sentimentale temporaire », selon l’auteur) existe bel et bien, mais les stratégies liées au choix des partenaires diffèrent selon les sexes.
La femme se doit de privilégier la qualité tout en restant prudente à cause des risques liés à la grossesse, tandis que l’homme « peut se reproduire tout le temps ».
La beauté ou l’intelligence masculine ne semblent pas primordiales dans le choix féminin, au contraire d’une préférence marquée pour une valeur sociale considérée comme élevée, autrement appelée hypergamie. « Les tyrans, gourous, politiciens, célébrités ont souvent en commun un grand nombre de conquêtes féminines. »
Le consentement féminin se révèle déterminant parce que les hommes sont en concurrence pour conquérir les femmes et qu’ils doivent se distinguer à leurs yeux (« L’homme propose et la femme dispose »). De leur côté, celles-ci sont en rivalité pour obtenir « l’attention des mâles » en usant de leur pouvoir de séduction.
Lorsqu’ils envisagent une relation à long terme, les hommes privilégient une femme jeune et jolie, « si possible non pénible, luxe énorme », susceptible de faire une bonne épouse et une bonne mère, c’est-à-dire attentionnée et fidèle « pour qu’elle porte uniquement les enfants de son époux ».
En attendant de s’établir sérieusement en couple, l’homme est volontiers tenté par des relations plus éphémères. Il doit donc s’adapter aux attentes féminines en sachant mentir, car « la femme préfère le baratin crédible aux plates vérités ». Comme disait Céline : « Aucune chance de les séduire en leur disant : vous n’êtes pas mal. Il faut aller au moins jusqu’à : vous êtes unique au monde, minimum qu’elles tolèrent. »
Pour prouver sa détermination et vaincre la réserve féminine, l’homme devra également « encaisser des discussions sans fin, des préliminaires interminables, des tests impromptus », sans montrer une trop grande disponibilité pour ne pas être déprécié par « l’examinatrice ».
Ces jeux de séduction participent de la sélection naturelle où les mâles sont rivaux entre eux et les femelles entre elles, et où ces dernières éliminent sans pitié de nombreux prétendants car « 80 % d’entre elles ne sont attirées que par 20 % des hommes ».
Par ailleurs, « la sélection naturelle a pu favoriser la fidélité (au sein des couples) par l’avantage qu’elle procure aux enfants, mais aussi parce qu’elle évite de nombreuses MST, dont les conséquences furent longtemps catastrophiques ».
Dans la mesure où « on ne vit pas tous dans un roman de Goethe » et que « l‘amour menant au couple et à la reproduction est plus civilisé que spectaculaire », l’auteur rend hommage au mariage chrétien en raison de sa sacralisation du consentement (tout mariage forcé étant considéré comme nul) et de ses piliers constitués par l’indissolubilité, la fidélité et la fécondité.
Le féminisme destructeur
Au-delà de la revendication initiale de l’obtention de l’égalité des droits pour les femmes, l’idéologie féministe portée par la haute bourgeoisie et empreinte d’une grille de lecture marxiste renouvelée (la lutte des sexes remplaçant la lutte des classes) nie les différences innées tout en valorisant implicitement les modèles masculins.
Les femmes doivent ainsi être des hommes comme les autres, au mépris des spécificités féminines. « Sans surprise, une large part de la classe médiatique, universitaire, culturelle et politique, à savoir les classes moralement supérieures, se donne à fond dans ce projet. » Appuyée sur des études sidérantes de la nature humaine, le féminisme est devenu un marqueur de réussite sociale.
Nonobstant le fait que les hommes sont très loin d’être tous des dominants du point de vue social (y compris au sein des couples !), l’objectif avoué des féministes vise à en finir avec le « patriarcat sexiste » qui régnerait depuis l’aube de l’humanité.
Les théories du complot les plus aberrantes peuvent être relayées par les médias, telle que celle qui prétend que « depuis la nuit des temps, les mâles s’accaparent ressources et privilèges ».
La doctrine féministe peut également rapporter de substantiels revenus à ces militantes car les entreprises sont prêtes à payer des formations à prix d’or pour s’assurer d’être « du bon côté » en terme d’image.
Les politiciens ont quant à eux imposé la parité sans se soucier de la représentation effective des ouvriers, des employés ou des agriculteurs.
La « masculinité toxique »
Alors qu’une véritable propagande – via le cinéma, la publicité, les réseaux sociaux, etc. – encourage une hypersexualisation féminine, « l’homme blanc hétérosexuel » est vilipendé et sa virilité dénoncée comme toxique et archaïque. Celui-ci est donc sommé de se « déconstruire » urgemment.
Les hommes sont ainsi globalement accusés d’être intrinsèquement violents, ce qui expliquerait les violences conjugales dont ils se rendent coupables (il convient de noter que, selon l’ONU, l’Europe connaît le taux de féminicides le plus bas du monde, cinq fois inférieur à celui du continent africain).
En réaction à ce dénigrement ambiant, des « masculinistes » se réclament des « MGTOW » (un acronyme anglo-saxon désignant les « hommes qui suivent leur propre voie »), voire cultivent un ressentiment agressif à l’égard de la gent féminine.
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Laurent Obertone affirme qu’il y a pourtant des raisons d’être confiant : « Le média croit bien faire, nous habituer, gagner du terrain, briser nos défenses. Mais le décalage est tel (…) qu’il fait office de choc anaphylactique, enrageant les populations contre l’absurde, radicalisant les éveillés, renforçant le sentiment paranoïaque que la décadence est partout et qu’il faut réagir vite et fort. »
À la fin de l’ouvrage, il expose ses conceptions libertariennes tout en préconisant le retour à un mode de vie plus proche de la nature originelle des hommes et des femmes.
En complément de cet essai, il serait intéressant d’étudier la manière dont cette « religion antibiologique nouvelle » est appréhendée par des populations d’origines orientale et africaine qui demeurent largement imprégnées par des modèles traditionnels patriarcaux.
Johan Hardoy
02/11/2023
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