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La remigration, c’est possible !

La remigration, c’est possible !

par | 13 décembre 2021 | Politique, Société

La remigration, c’est possible !

Par Klaas Malan pour la revue Réfléchir & Agir ♦ Dans le numéro 71 de la revue Réfléchir & Agir, un article est consacré à la question de la faisabilité de la remigration. S’appuyant sur des exemples historiques, ce texte montre que l’expulsion d’un nombre important d’extra-européens n’est pas aussi impossible que certains semblent le penser. Le sujet est évidemment éminemment complexe et cet article ne règle pas de nombreuses problématiques inhérentes à la remigration mais il nous a semblé intéressant de le partager à nos lecteurs.
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La remigration, précédents historiques depuis 1914

Le XXe siècle a largement été un siècle de remigrations, aussi bien échanges forcés de populations en vue d’assurer une certaine forme d’homogénéité raciale, ethnique ou religieuse, qu’expulsions vers leurs pays d’origine (réels ou mythiques) de populations parfois installées sur place depuis des siècles.

Dans tous les cas, les dynamiques de remigration possèdent trois caractéristiques communes : un changement démographique structurel de masse (en nombre ou en pourcentage), un déroulement rapide et systématique des opérations, et un état de fait irréversible sur le terrain.

Les remigrations au XXe siècle ont constitué un phénomène démographique assimilable à une sorte de dynamique de flux et de reflux de populations, en fonction des cycles de puissance et de faiblesse des entités politiques dirigeant les territoires concernés. Elles ont concerné une grande partie du globe, en plusieurs séquences historiques successives.

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Les remigrations dans l’Europe

Sorte de répétition générale de ce que l’historien Ernst Nolte appelait la « Deuxième Guerre de Trente Ans » européenne (1914-1945), 50 000 Bulgares sont expulsés de Macédoine et de Thrace orientale en 1913, à l’issue de la Deuxième guerre balkanique lorsque Grecs, Roumains et Serbes disputent aux Bulgares les dépouilles européennes de l’Empire ottoman vaincu l’année précédente lors de la Première guerre balkanique.

Après la Première Guerre mondiale, la guerre reprend entre la Grèce et la Turquie de Mustafa Kemal. En 1923, les Turcs victorieux regagnent au Traité de Lausanne les territoires d’Asie Mineure cédés aux Grecs en 1920. Ils organisent alors une remigration/expulsion massive de Grecs (installés sur place depuis 2600 ans) vers la Grèce : 1,5 million de Grecs sont expulsés tandis que fuyant prudemment les représailles, 500 000 Turcs quittent la Macédoine et l’Épire pour se réfugier en Turquie. C’est la « Grande Catastrophe » …

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Après la Seconde Guerre mondiale, c’est au tour d’autres vaincus de subir l’expulsion : dans le Gôtterdämmerung, 14 millions d’Allemands sont expulsés d’Europe centrale par les autorités slavo-communistes soviétiques, polonaises, tchécoslovaques et yougoslaves. La revanche des Slaves sur les Germains… Au moins 2 millions de ces Allemands meurent sur les routes, harcelés par les populations slaves qui les remplacent dans des territoires de l’Est conquis depuis le Moyen Âge par le glaive germanique. De même, 420 000 Finlandais sont expulsés de Carélie par les Soviétiques, et se replient vers la Finlande, en 1945…

Enfin, les deux séquences de recomposition de l’espace post-communiste est-européen, constituent les derniers grands épisodes de remigration en Europe. Après l’effondrement soviétique en 1991, sur les 25 millions de Russes ethniques qui vivaient dans les autres républiques, une dizaine de millions (les « pieds-rouges ») sont contraints d’évacuer les Républiques musulmanes d’Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan…) et de se réfugier en Russie même, victimes de l’intolérance des populations locales, turcophones et musulmanes ; tandis que les trois guerres yougoslaves (de 1990 à 1999) sont marquées par des nettoyages ethniques entre populations serbes, croates, bosniaques ou albanaises : en 10 ans, au moins 2,5 millions de personnes sont expulsées définitivement des zones de guerre.

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Les remigrations des décolonisations (1947-1962)

Le cycle des décolonisations d’après la Deuxième Guerre mondiale, est marqué, lui aussi, en Asie, comme en Afrique, par une série de remigrations, qui permettent aux nouveaux États de créer les conditions d’une plus large homogénéité raciale et religieuse.

Ainsi, immédiatement après leur indépendance de la Grande Bretagne en août 1947, l’Inde hindoue et le Pakistan musulman procèdent à des déplacements/échanges forcés et massifs de populations, à cause de violences interreligieuses au cours desquelles deux millions de personnes perdent la vie. En quelques mois, environ 15 millions de personnes changent de pays : les deux tiers sont expulsés du Pakistan (à l’époque divisé en eux : le Pakistan oriental deviendra indépendant du Pakistan occidental sous le nom de Bangladesh en 1971), l’autre tiers est expulsé d’Inde.

Quelques mois plus tard, la création d’Israël entraîne l’expulsion de 750 000 Palestiniens de leurs terres (ce que les Palestiniens appellent la Nakba ou Catastrophe, avec le même sens que le mot hébreu Shoah), donnant naissance au problème des réfugiés palestiniens, dans les Territoires occupés et dans les pays arabes voisins. Dans le même temps, 800 000 Juifs (parfois installés sur place depuis l’Antiquité) quittent entre 1948 et 1962 les pays arabo-musulmans, expulsés, ou quelquefois rapatriés par le gouvernement sioniste lui-même. Sur ces 800 000 Juifs, environ 550 000 émigrent en Israël, les autres aux USA ou en Europe. En Afrique la décolonisation sert de cadre à la re-migration des Blancs installés sur place à l’époque de la grandeur coloniale européenne. En 1956, 400 000 Européens (en majorité juifs d’ailleurs) quittent le Maroc et la Tunisie, protectorats français devenus indépendants, tandis qu’à l’été 1962, c’est un million d’Européens, les Pieds-noirs, qui quittent l’Algérie en catastrophe, en ayant le choix entre « la valise ou le cercueil », après une Guerre d’Algérie aux conséquences humaines désastreuses et dont le « deuxième round » se prépare aujourd’hui, sur le sol français même, à l’ombre des barres d’immeubles des cités à population musulmane…

Dans le même temps, 110 000 Belges quittent le Congo en 1960-1961, menacés par les machettes des indépendantistes noirs ivres de revanche raciale, tout comme les Retornados portugais expulsés en 1975 par les communistes noirs victorieux en Angola et au Mozambique après la guerre de décolonisation (1961¬1975) et la Révolution des Œillets au Portugal. Environ 400 000 Retornados se réfugient en catastrophe au Portugal, dont certains lors d’un pont aérien dramatique organisé par l’armée portugaise pour les évacuer vers la Métropole, tandis que 200 000 autres, plus politisés à l’extrême droite, se réfugient dans l’Afrique du Sud de l’apartheid. Une Afrique du Sud blanche/refuge, où après la chute du pouvoir blanc de Ian Smith en 1979, 250 000 Blancs de Rhodésie (devenu Zimbabwe) émigrent durant les années 1980-1990, lassés d’être assassinés par des Noirs aux ordres d’un Président marxiste et raciste antiblanc, Robert Mugabe.

Assimilation, séparation ou remigration ?

Remigrations en camion militaire

Parfois, les remigrations s’effectuent souvent en camion militaire. Ainsi, après l’invasion par l’armée turque du nord de Chypre en juillet 1974, 200 000 Chypriotes grecs sont expulsés par les forces d’occupation, afin de laisser 38% de l’île aux Chypriotes turcs (20% de la population de toute l’île), renforcés par des colons tucs d’Anatolie dans une République turque de Chypre du Nord uniquement reconnue par Ankara, qui verse son propre trop plein démographique dans l’île et verrouille politiquement une position stratégique-clé en Méditerranée orientale.

De même, après la « Marche verte » de dizaines de milliers colons marocains vers le Sahara occidental en 1975, organisée par le gouvernent marocain lui-même, l’Algérie du FLN, hostile au Maroc du roi Hassan II, réplique en représailles par une « Marche noire» : le Président algérien le colonel Houari Boumediene, fait expulser quelques jours plus de 350 000 Marocains, parfois installés en Algérie (en particulier dans l’ouest du pays, mais aussi à Alger) depuis des générations.

En janvier 1983, pour des raisons économiques – mais aussi démagogiques, en vue de préparer les élections présidentielles – et dans un élan patriotique xénophobe, le Président du Nigéria, Shehu Shagari, donne 15 jours aux immigrés illégaux pour quitter le pays : 1,5 million d’étrangers en situation irrégulière qui ne sont pas partis d’eux-mêmes sont ainsi expulsés par camions militaires, vers les pays voisins, Ghana, Bénin, Togo et Cameroun.

Enfin, lassé du conflit dans la Province de l’Arakan (depuis les années 1960 et surtout en 2016-2017), où les Rohingya – des musulmans importés de l’actuel Bangladesh par les Britanniques à l’époque coloniale – veulent proclamer leur indépendance, le gouvernement du Myanmar (ex-Birmanie), bouddhiste, décide en 2018 d’expulser ces indésirables inassimilables. En quelques semaines, environ un million de Rohingya sont expulsés par l’armée vers le Bangladesh, et l’ordre est rétabli en Arakan.

Klaas Malan
13/12/2021

Source : Réfléchir & Agir n°71 de l’Automne 2021, disponible en kiosque (7 € au numéro) et sur abonnement (26 € par an) / Via Jeune Nation

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