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Emmanuel Macron veut « reprendre la main » ? Prenons le au mot !

Emmanuel Macron veut « reprendre la main » ? Prenons le au mot !

Par Paul Tormenen, juriste et spécialiste des questions migratoires ♦ En ce début du mois de janvier, le président de la République a fait savoir qu’il entendait « reprendre la main ». Si cette décision ne concerne que la stratégie de vaccination des Français, nous saisissons l’occasion de la nouvelle année pour formuler quelques vœux de « reprise en main » présidentielle sur d’autres sujets tout aussi importants.

 

Emmanuel Macron a donc estimé qu’il lui revenait de reprendre les rênes pour que la France rattrape son retard par rapport à d’autres pays dans la vaccination de la population (1). Pour l’occasion, le gouvernement a fait appel à l’un de ces coûteux cabinets de consultants afin de « fluidifier » les problèmes logistiques. Alors que le gouvernement annonçait en fanfare fin novembre un « plan vaccin », le résultat en ce début d’année n’est pas particulièrement probant…

Mais cette « mobilisation » ne doit pas faire oublier d’autres sujets tout aussi importants, qui nécessiteraient également, au regard de la gravité de la situation, une rapide et indispensable « reprise en main ». L’occasion est donnée de les passer en revue.

La « reprise en main » de la délinquance

Le président de la République n’a pas manifesté de volonté de « reprendre en main » le maintien de l’ordre dans de nombreuses villes françaises, après les événements survenus lors du passage à la nouvelle année. Pourtant, en dépit d’un couvre-feu imposé aux Français, en dépit de la mobilisation de près de 132 000 policiers, gendarmes et personnels de la sécurité civile, la situation a été totalement chaotique dans plusieurs villes lors de la Saint Sylvestre (2). Agressions contre les forces de l’ordre, tirs de mortiers et autres réjouissances pour les émeutiers ont ponctué la nuit. Près de 860 voitures ont été incendiées, au moins 25 policiers et gendarmes ont été blessés lors du passage à la nouvelle année (3).

Cette nuit de violence urbaine n’est malheureusement qu’un épiphénomène au regard de ce qui se passe quotidiennement en France. De nombreux indicateurs de la délinquance sont au rouge : le nombre de violences sexuelles, d’homicides, de coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans et plus, augmente fortement depuis quelques années (4). La France remporte de bien tristes trophées : 3e pays sur les 27 de l’Union européenne pour le nombre de vols ramené à la population, 2e pays pour le nombre d’agressions ramené à la population, etc. (5). Nulle déclaration martiale ni coup de menton du président de la République à ce sujet, sans doute considéré comme mineur.

La « reprise en main » de l’immigration

L’immigration est en France de plus en plus débridée et incontrôlée. Très majoritairement, ce sont les immigrés qui choisissent notre pays, et non l’inverse. Ainsi en 2019, sur les 276 576 premiers titres de séjour délivrés en France, l’immigration « choisie », de travail, ne représente que 14% du total.

Alors que la crise économique sévit, aucune « reprise en main » n’a été à ce jour annoncée pour freiner l’afflux des dizaines de milliers de « jeunes » migrants extra-européens se pressant aux guichets de l’Aide sociale à l’enfance, ni pour arrêter la folle progression des demandes d’asile, qui étaient au nombre de 154 620 en 2019 (6). L’attractivité de notre pays le place au premier rang en Europe pour le nombre de demandes reçues. Pas davantage de reprise en main pour endiguer l’inexorable progression du budget de l’Aide Médicale d’Etat, qui dépasse désormais le milliard d’euros pour près de 350 000 clandestins bénéficiaires (7). Le débat annuel sur l’immigration prévu au Parlement le 16 décembre a été reporté sine die, au profit d’un autre sujet jugé plus important, la stratégie vaccinale. Circulez, il n’y a rien à voir…

Au lieu d’une lutte résolue contre l’immigration clandestine, les Centres de Rétention Administrative ont été vidés lors du premier confinement de la grande majorité des étrangers en situation irrégulière qui y séjournaient avant leur éloignement. La jauge d’occupation de ces centres depuis le deuxième confinement est toujours basse (8). Ne parlons pas des éloignements des clandestins dont le nombre est encore plus dérisoire qu’à l’accoutumée et qui se concentrent sur les « profils dangereux » (9).

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La « reprise en main » de l’islamisme

La décapitation de Samuel Paty, un professeur de collège à Conflans Sainte Honorine, semble avoir amorcé le début d’une prise de conscience du président de la République sur le péril que représente l’islamisme. Mais la « reprise en main » annoncée avec la loi sur le séparatisme risque fort de passer à côté de la cible. Quid de la remise en cause de la gestion de nombreuses mosquées par des étrangers, quid de la fermeture de toutes les mosquées où un islam radical est professé, quid des Frères musulmans considérés comme des interlocuteurs crédibles par les pouvoirs publics ? (10). Au-delà des mesures annoncées, aucune reprise en main sérieuse ne peut être envisagée tant que la France continuera à s’islamiser et tant que les naturalisations et les premiers titres de séjour continueront à concerner très majoritairement des ressortissants de pays musulmans (11). Le Directeur de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration lui-même évoque un fossé culturel qui se creuse entre les Français et les migrants récemment arrivés (12).

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La « reprise en main » de la pauvreté

 Le désœuvrement et la pauvreté qui progressaient avant la crise sanitaire explosent avec la récession économique que nous connaissons. En 2018, près d’un million de jeunes n’étaient déjà ni en emploi, ni en formation, ni en études (13). Qu’en sera-t-il quand l’Etat cessera de tenir à bout de bras des entreprises qu’il refuse de laisser travailler ? Qu’en sera-t-il du nombre de bénéficiaires du RSA qui atteint les 2 millions et alors qu’une immigration de pauvreté redouble aux portes de la France, attirée par un généreux Etat providence ? Une « reprise en main » par l’instauration de la préférence nationale sera-t-elle enfin à l’ordre du jour, afin de nous concentrer sur les problèmes existants, plutôt que d’en importer d’autres ?

La « reprise en main » de l’Etat providence

Charles Prats, un magistrat et ancien membre de la délégation nationale à la lutte contre la fraude, a chiffré dans un récent essai à 50 milliards d’euros par an le montant potentiel de la fraude aux prestations sociales (14). Sans se risquer à un chiffrage de la fraude non réprimée, la Cour des comptes a rendu public en septembre 2020 un rapport à ce sujet, qui contient un certain nombre de préconisations (15). Plutôt que de « reprendre en main » ce problème considérable et d’en faire une priorité nationale, que croyez-vous qu’a fait le gouvernement ?

L’enjeu du coût gigantesque de la fraude sociale révélé par le magistrat Charles Prats

Le ministre de la santé a annoncé à l’automne le lancement de « groupes de travail » sur le thème de la fraude (16). On pense à George Clémenceau : « Quand on veut enterrer une décision, on crée une commission »…Alors que la sous-dotation de l’hôpital public est apparu de façon flagrante depuis le début de la crise sanitaire, les dépenses sociales liées à la redistribution continuent à augmenter. La France réaliserait ainsi 15% des dépenses sociales dans le monde pour une population qui représente 1% de la population mondiale (17). 741 milliards de prestations sociales en 2019 : où passe ce « pognon de dingue » ? N’y a-t-il pas urgence à reprendre en main l’utilisation de cette manne, à la juguler et à mieux la contrôler ?

La « reprise en main » du budget de l’Etat et de la dette

C’est tout le château de carte qui risque de s’écrouler si la tendance à toujours plus d’endettement de l’Etat, et plus largement des administrations publiques, n’est pas inversée. A défaut d’une « reprise en main » et d’un infléchissement de la folle et continue augmentation de la dette publique, c’est la Banque Centrale Européenne, voire le FMI, qui risquent d’imposer une loi d’airain aux Français, « quoi qu’il en coûte ». Au lieu de cela, l’heure est pour le gouvernement aux baisses d’impôts (taxe d’habitation) et à l’octroi de nouveaux et coûteux droits.

 

Ensauvagement de la société, immigration incontrôlée, fraude sociale massive, chômage et pauvreté grandissante, dette de l’Etat abyssale : de nombreuses reprises en main s’imposent donc, qu’elles viennent du gouvernement ou qu’elles soient décidées par le président de la République. Toutes les mesures nécessitant une reprise en main n’ont pas été citées, comme la calamiteuse négociation de la contribution de la France au plan de relance européen.

Le président de la République a un sens des priorités souvent difficile à cerner. Ayons la faiblesse de croire que, tôt ou tard, une « reprise en main » sera la seule solution qui s’imposera dans de nombreux domaines. Une chose est sûre : plus l’on attendra, plus elle sera douloureuse.

Paul Tormenen
08/01/2021

 

(1) « Face au tollé, Macron cherche à reprendre la main ». Le Figaro. 4 janvier 2021
(2) Tweet du ministre de l’intérieur. 31 décembre 2020, 6h38. Voir le recensement des violences urbaines sur le site Fdesouche
(3) « 861 voitures incendiées durant la nuit de la Saint Sylvestre ». L’Alsace. 2 janvier 2021
(4) Interstats analyse n°24. 16 janvier 2020. Ministère de l’intérieur. « Les mineurs mis en cause pour violences physiques et sexuelles de 1996 à 2018 ». ONDRP. Juin 2020
(5) « Statistiques sur la criminalité ». Eurostat. Requête « theft » et « assault ». Consultation 11/07/2020
(6) « Demandes d’asile ». Ministère de l’intérieur. 21 janvier 2020.
(7) « Le coût de l’Aide Médicale d’Etat dépassera la barre du milliard d’euros en 2021 ». Infomigrants. 8 décembre 2020
(8) « La crise sanitaire vide les centres de rétention ». Le Point. 5 avril 2020
(9) « Immigration : un discours confronté à la dure réalité des chiffres ». Le Figaro. 5 novembre 2011
(10) « La mansuétude à l’égard des islamistes commence par le premier ministre, Edouard Philippe ». Breizh info. 5 mars 2020
(11) « L’entrée, le séjour et le premier accueil des étrangers en France ». Cour des comptes. 31 mars 2020
(12) Interview de Didier Leschi lors de l’émission « Bercoff dans tous ses états ». 17 décembre 2020
(13) « 963 000 jeunes sans étude ni emploi ni formation ». L’Express. 7 février 2020
(14) « Cartel des fraudes » ; Charles Prats. Editions Ring. 2020
(15) « La lutte contre la fraude aux prestations sociales ». Cour des comptes. Septembre 2020
(16)  « Lutte contre la fraude sociale : du mieux, mais l’horizon s’obscurcit ». La Banque des Territoires. 10 septembre 2020
(17) « La France :  15% des dépenses sociales mondiales ». Les Echos. 13 octobre 2014

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