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Emmanuel Macron, le président qui aimait trop s’entendre parler

Emmanuel Macron, le président qui aimait trop s’entendre parler

par | 27 février 2024 | Politique

« Au début était le Verbe. » Le verbe peut être aussi sur la fin quand il n’y a plus que des paroles, les actes étant devenus impossibles. Le président sans pouvoir tente de conserver celui, ultime, de la parole. Parfois, cependant, la parole elle-même est confinée. Le Salon de l’agriculture en a apporté la preuve.

Empêché de grand débat public, le président Macron l’a tout de même infligé à des interlocuteurs syndicaux et journalistes dans les étages calfeutrés à l’abri de la fureur agricole française qui s’exprimait dans les allées. Il s’est défilé mais certains n’auront pas échappé à la diarrhée verbale présidentielle. Ce salon surréaliste est devenu incontrôlable après l’invitation provocatrice par des conseillers bobos gauchos de leurs amis les écolos terroristes des Soulèvements de la Terre. Macron a eu du mal à se sortir de la vraie fausse invitation des écolos qui veulent sauver la planète en « génocidant » nos agriculteurs trop français. Il a tenté, devant la presse, de noyer les raisons de la révolte agricole dans son habituel tsunami verbal. Finalement, priver le président de grand débat, c’est le crime majeur de lèse-Macron.

Depuis son enfumage du mouvement des Gilets jaunes, le président se grise de sa propre voix. Il adore s’écouter parler, il se sent supérieur à ses interlocuteurs et est certain de subjuguer son auditoire. Il commence contesté, il finit admiré. Admiré sur la forme malgré la langueur insupportable de ses démonstrations, mais pas sur le fond et c’est pourquoi le président ne dirige plus, il communique. Son second quinquennat sera celui des discours mémoriels. Il est bon dans l’hommage. Sauf qu’il se prend au jeu et qu’il s’identifie à celui qu’il honore. À tel point que son projet politique est un caillou qui ricoche sur le passé. Un passé choisi pour imposer aux Français un avenir dont ils ne veulent pas. Sans prise sur le présent, il instrumentalise un passé choisi et parfois recomposé.

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L’hommage à Jacques Delors est un hymne à une Europe destructrice des nations en faveur d’un fédéralisme mondialiste. Delors ne voulait pas être président, pas par modestie, mais simplement parce qu’il voulait être président de la post-France, son Europe des élites mondialistes. L’Europe rêvée de Delors, c’est celle de Macron, sauf que le premier était devant un chantier et le second se retrouve devant un champ de ruines. C’est l’Europe qu’il souhaite pourtant, il est dans les habits de Delors.

Puis il prend la robe de Badinter en faveur de l’abolition de la peine de mort et pour les droits préservés des homosexuels. Badinter, c’est le début de la glissade du système judiciaire vers le laxisme de toutes les compréhensions et excuses. C’est une justice faible, mais forte en politique. Une justice à laquelle les Français ne croient plus.

Enfin, il célèbre Manoukian et, à travers l’étranger mort pour la Résistance, il célèbre particulièrement la résistance communiste dont il y aurait tant à dire. Mais l’important, c’était de faire de l’étranger la valeur patriotique subliminale. Un patriotisme politisé comme la réinsertion devient l’horizon d’une justice si sensible aux criminels et le fédéralisme européen la nouvelle souveraineté.

Or les Français ne veulent plus d’étrangers, plus de laxisme, et surtout pas de cette Europe-là. Chaque discours est fait pour imposer à l’opinion une vision de l’avenir fondée sur une panthéonisation d’un passé choisi et recomposé. Cela passe par les discours d’un président qui adore s’écouter parler. L’acteur est-il bon ? Qui peut le dire quand le public a déserté la salle et que le grand débat est devenu un monologue dans le vide… comme Néron jouant de la lyre et déclamant ses poèmes en s’admirant lui-même devant Rome en flammes.

Pierre Boisguilbert
27/02/2024

Pierre Boisguilbert

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