Par Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples ♦ La Fondation Polémia avait consacré son forum de la dissidence du 23 novembre 2019 à la dictature Macron, mettant en lumière les tendances liberticides de la macronie. L’épidémie du coronavirus confirme la pertinence de cette analyse. Car pendant qu’Emmanuel Macron enfume les naïfs avec des déclarations du genre : « Il nous faudra rebâtir notre économie, garder notre indépendance financière, agricole, sanitaire, et plus d’autonomie stratégique pour notre Europe [1] », les progressistes macroniens profitent de la sidération épidémique des Français pour renforcer leur emprise.
Petit survol factuel de ce que l’on a déjà fait avaler aux Français au prétexte de lutter contre l’épidémie.
1) Un nouveau renforcement du pouvoir exécutif
– La loi du 23 mars 2020 a créé un nouveau dispositif d’état d’urgence dit sanitaire « pour faire face à l’épidémie de covid-19 », à côté de l’état d’urgence de droit commun prévu par la loi du 3 avril 1955. Ses dispositions sont valables pendant un an, jusqu’au 1er avril 2021.
Elles renforcent considérablement le pouvoir exécutif.
Le Conseil des ministres du 25 mars a ainsi adopté un premier train de 25 ordonnances, du jamais vu sous la Ve République ! Chaque ordonnance se déclinant en plusieurs décrets ou arrêtés, il devient de plus en plus difficile de s’y retrouver dans ce maquis, ce qui participe aussi de l’enfumage liberticide des Français.
La loi d’urgence, de manière générale, a aussi prorogé de quatre mois tous les délais pour prendre des ordonnances prévues dans des lois déjà votées.
Avec le coronavirus, l’exécutif a les mains libres !
L’habilitation du gouvernement à mettre en œuvre des mesures d’urgence sanitaire a été prononcée pour deux mois en application de cette loi. Sa prorogation doit être autorisée par le Parlement (donc par les députés LREM en dernier ressort…) après avis d’un comité scientifique.
Cette loi autorise le gouvernement à prendre toutes mesures appropriées, justifiées par l’état sanitaire. À ce titre ont déjà été décidés jusqu’au 24 mai 2020 :
- la limitation des « libertés d’aller et venir, d’entreprendre et de réunion » par la mise en œuvre des mesures de confinement et de distanciation sociale [2] ;
- les amendes et peines de prison nouvelles, applicables en cas d’irrespect des règles de confinement (autorisant des poursuites en comparution immédiate), à la suite de contrôles effectués [3] ;
- l’interdiction de tout rassemblement de plus de 100 personnes dans les lieux ouverts ou fermés ; l’interdiction des marchés. Cette interdiction a frappé toutes les manifestations traditionnelles et les fêtes religieuses : pour la première fois depuis très longtemps, les Français ont donc été privés de la célébration de Pâques, la plus importante des fêtes chrétiennes. Il en sera de même pour les manifestations sociales du 1er mai.
À noter que l’on commence déjà à dire que même après le confinement il conviendra de maintenir le respect de la « distanciation sociale » pour éviter toute nouvelle contagion : donc de continuer d’interdire les rassemblements et les manifestations ? - la liste des établissements interdits au public ;
- la régulation des escales maritimes et des activités de transport ;
- le contrôle des prix (dans l’immédiat celui des gels hydroalcooliques) ;
- la réquisition de tout bien ou service nécessaire à la lutte contre l’épidémie ;
- le report du second tour des élections municipales au plus tard au mois de juin 2020 « si la situation le permet » [4]. Cela tombe bien, LREM avait déjà perdu le premier tour de ces élections !
- la possibilité de prendre par arrêté d’autres mesures générales et individuelles visant à lutter contre la catastrophe, sous réserve qu’elles soient « proportionnées aux risques encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu ». Sous contrôle du juge donc. Ainsi, par exemple, le préfet du Morbihan a interdit la vente d’alcool sous prétexte de lutter contre les violences domestiques pendant le confinement…
- l’adaptation des procédures administratives et l’assouplissement des règles de fonctionnement des collectivités locales (délégation de pouvoir confiée aux maires étendue, aménagement des règles d’adoption des budgets des collectivités locales et de délibération des exécutifs).
Le coronavirus met la démocratie en veilleuse !
2) La surveillance numérique de la population
– Dans un entretien au quotidien Le Monde [5], le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, et le secrétaire d’État chargé du numérique, Cédric O, expliquent réfléchir au développement d’une application pour smartphone destinée à « limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission ». « Nous en sommes à une phase exploratoire, mais nous ne voulons fermer aucune porte », assurent-ils. Le Premier ministre s’est déclaré favorable au projet de traçage, « sur la base du volontariat » (dans un premier temps sans doute…).
Le projet StopCovid (dit aussi Robert) prévoit que l’application, en s’appuyant sur la technologie Bluetooth, permette aux smartphones de repérer et mémoriser les personnes dans notre proximité immédiate (un rayon de deux mètres) et de nous avertir si l’une d’entre elles contracte le Covid-19. La France travaillerait en ce sens avec des partenaires européens, comme l’Allemagne par exemple, ce qui ne doit pas nécessairement nous rassurer.
De son côté, Stéphane Richard, PDG de l’opérateur Orange, a annoncé le 17 avril, que ses équipes avaient conçu « un prototype d’application qui fonctionne [6] ».
Le dissident Edward Snowden [7], ancien informaticien de la CIA et de la National Security Agency (NSA), désormais en exil en Russie [8] pour avoir dénoncé les agissements de l’État profond américain, a cependant mis en garde contre ces projets de traçage numérique : « Cela pourrait s’avérer une méthode puissante pour suivre la propagation du virus et les déplacements des personnes qui en sont porteuses, mais ce sera aussi un outil tentant pour traquer les terroristes, ou tout autre ennemi potentiel des États. »
– Dans le même registre, la police a développé l’usage de drones de surveillance, pour l’aider à contrôler le respect des règles de confinement. Et le ministère de l’Intérieur a annoncé le 12 avril avoir lancé un appel d’offres pour l’achat de 650 drones. Pour mieux garantir nos libertés, sans doute.
– Et pendant l’épidémie, la censure et la propagande ne faiblissent pas. Facebook France s’est ainsi attaqué à la presse alternative : Breizh Info et TV Libertés. Sans doute pour garantir un épidémiquement correct ! Et la propagande des médias mainstream a relayé avec zèle tous les messages contradictoires du gouvernement et de ses experts.
3) Le ministre de la Justice en rêvait, le confinement le permet
– Sous prétexte d’éviter la propagation du virus dans les prisons (et aussi parce que des mutineries ont éclaté par suite de l’arrêt des parloirs pour cause de confinement…), le ministre de la Justice a décidé des mesures de libération anticipées [9] qui se conjuguent à la baisse des mises sous écrou liée au ralentissement de l’activité judiciaire. La « population carcérale » a ainsi diminué de 10 000 en un mois, ce qui correspond à un objectif permanent du ministère de la Justice en France. Les règles d’affectation des détenus ont aussi été assouplies, tout comme les modalités d’exécution des fins de peine, ainsi que, pour les mineurs, les mesures de placement et autres mesures éducatives.
– Il convient de noter que dans le même temps, en application de la loi d’urgence, on met entre parenthèses certains principes fondamentaux de la justice, comme la publicité des débats et la collégialité des juridictions. Les audiences correctionnelles pourront se tenir sans public et avec un juge unique, là où ils sont habituellement trois. Ces règles dérogatoires concernent également les procédures devant les cours d’appel. Dans les procédures civiles, les décisions pourront mêmes être prises sans audience, c’est-à-dire sans la présence des intéressés. La procédure écrite faite d’échanges simplifiés avec les avocats est généralisée.
Pour limiter les contacts physiques, les règles relatives au déroulement de la garde à vue sont modifiées pour permettre l’intervention à distance des avocats et la prolongation sans présentation devant un magistrat. Le déroulement et la durée des détentions provisoires et assignations à résidence sous surveillance électronique sont également modifiés pour allonger les délais d’audiencement (3 mois en première instance, 6 mois en appel) et permettre une prolongation par une procédure écrite.
4) De nouvelles régularisations d’immigrants clandestins ?
– On tire déjà argument de l’épidémie pour organiser, dans plusieurs pays européens, de nouvelles « régularisations » d’immigrants clandestins.
Un collectif de 104 parlementaires français s’est prononcé en ce sens. La proposition a été formulée par l’ancien membre de La République en marche (LREM) François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône, qui a fédéré autour de lui des députés de l’aile gauche de la majorité, ainsi que des élus socialistes, communistes et insoumis.
Ces députés, parmi lesquels figurent le patron du Parti socialiste Olivier Faure, celui du Parti communiste Fabien Roussel, ou encore l’ancien ministre des Sports Marie-George Buffet, prétendent que permettre l’accès aux soins et aux aides financières aux sans-papiers est « une mesure de salubrité publique [10] ».
– En tout état de cause, une ordonnance [11] prise en application de la loi d’urgence allonge jusqu’à six mois les durées des différents titres de séjour et récépissés qui devaient expirer entre le 16 mars et le 15 mai.
5) Pendant l’épidémie, la culture de mort continue
– Le gouvernement a pris prétexte du coronavirus pour… prolonger de deux mois l’IVG médicamenteuse à domicile, afin de maintenir à tout prix l’exercice du droit à l’avortement malgré le confinement (arrêté ministériel du 15 avril 2020).
– Un décret du 29 mars autorise la prescription du Rivotril sous forme injectable en ambulatoire et hors autorisation de mise sur le marché, jusqu’au 15 avril 2020.
Ce décret prévoit sa dispensation par les pharmacies d’officine en vue de la prise en charge des patients atteints ou susceptibles d’être atteints par le virus dont l’état clinique le justifie, sur présentation d’une ordonnance médicale portant la mention « Prescription hors AMM dans le cadre du Covid-19 ».
Cette dérogation vise clairement à offrir aux médecins un produit permettant la fin de vie des patients en détresse respiratoire aiguë.
Comme, faute de places suffisantes en services de réanimation, on a de fait toléré un tri des malades en fonction de leur âge [12], l’épidémie va-t-elle permettre de faire disparaître un peu plus de ces hommes blancs de plus de 50 ans que les féministes fanatiques font profession de détester ?
6) Le patronat en rêvait, l’épidémie le fait
Au titre des mesures de soutien aux entreprises, la loi d’urgence a permis plusieurs modifications du droit du travail et des congés sous prétexte de sauvegarder l’activité et l’emploi. Ont notamment été décidés :
– l’ouverture d’accords pour imposer six jours de congés payés
Selon le Code du travail [13], sans accord collectif, l’employeur ne peut pas « modifier l’ordre et les dates de départ moins d’un mois avant la date de départ prévue », sauf en cas de circonstances exceptionnelles. De même, il ne peut pas imposer à son salarié de poser des congés qu’il n’aurait pas prévus. Avec le nouveau dispositif, un accord de branche ou même d’entreprise le permet et rend possible d’y avoir recours sans respecter le délai d’un mois fixé par le Code du travail. L’employeur devra seulement respecter un délai de prévenance d’au moins un jour franc…
– la possibilité d’imposer jusqu’à dix jours de RTT
En revanche, l’employeur pourra décider unilatéralement, sans accord d’entreprise ou de branche, d’imposer ou de modifier sous préavis d’un jour franc les dates des RTT, des jours acquis en forfait jour et les jours déposés sur le compte épargne-temps (CET) dans la limite de dix jours ;
– de déroger aux 35 heures et au repos hebdomadaire
Une ordonnance, prise en application directe de l’article 7 de la loi d’urgence, autorise les entreprises de certains secteurs vitaux (précisés par décret) à allonger la durée du travail jusqu’à 60 heures par semaine, contre 48 heures actuellement, et 46 heures contre 44 heures en moyenne sur une période de 12 semaines. D’autres dérogations sont prévues au cas par cas : la possibilité de travailler le dimanche, celle de faire tourner des entreprises 7 jours sur 7 dans certains secteurs, voire un repos compensateur diminué qui pourrait passer de 11 heures à 9 heures de pause entre deux journées de travail.
En contrepartie, les heures travaillées au-delà de la 35e seront majorées en heures supplémentaires ;
– le chômage partiel facilité et étendu
Une ordonnance facilite le recours au chômage partiel et ouvre le dispositif aux employés à domicile, aux assistantes maternelles, aux VRP, aux salariés dont le temps de travail est décompté en jours et non en heures ainsi qu’aux employés d’entreprises étrangères payant leurs cotisations en France mais n’y possédant pas d’établissement.
Le chômage partiel permet à l’employeur de réduire temporairement le temps de travail de ses salariés en leur versant une indemnité horaire représentant 70 % du salaire brut. Les personnes touchant un salaire en dessous du Smic toucheront une indemnité à hauteur de ce salaire (apprentis, etc.).
L’employeur sera dédommagé intégralement dans la limite de 4,5 Smic, soit 5 485 € net mensuel pour un salarié aux 35 heures, contre moins d’un Smic auparavant.
– La loi a également ouvert la possibilité d’aider et de soutenir la trésorerie des entreprises et des associations afin de limiter les faillites et les licenciements (création d’un fonds de solidarité avec la participation des régions pour les petites entreprises, capacité renforcée de la Banque publique d’investissement d’accorder des garanties, report des charges sociales et fiscales, et sursis aux factures de loyers, de gaz et d’électricité pour les petites entreprises et les petits commerces…).
– Mais cela ne suffit sans doute pas à certains. Le représentant du patronat français a ainsi affirmé, avant de revenir en partie sur sa déclaration, qu’il « faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire [14] ». Le monde d’après aura un fort goût de déjà-vu !
7) Le chaos épidémique au service de l’agenda de la superclasse mondiale
– Le confinement massif et durable de la population profite au modèle économique que promeut la superclasse mondiale : en particulier au développement de l’économie numérique dont bénéficient les GAFAM, les entreprises mondiales ou la grande distribution, et qui contribue à tuer le commerce et la production de proximité, le travail indépendant et les PME. Avec l’épidémie, l’économie virtuelle prospère !
La lutte contre le virus profite aussi aux géants de l’industrie pharmaceutique. Comme le télétravail favorise l’individuation et la soumission des travailleurs. Comme le confinement acclimate déjà la population à une nouvelle réduction des services au public, postaux ou bancaires par exemple.
Ainsi l’épidémie a permis une nouvelle offensive contre le chèque et contre les paiements en numéraire (sous prétexte de limiter les manipulations susceptibles de transmettre le virus), qui reste l’objectif permanent des oligarques car la monnaie fiduciaire reste de la « liberté frappée » qu’ils cherchent justement à réduire. Alors que les virements sont tous traçables.
– Gageons aussi que l’épidémie servira de nouveau prétexte à une augmentation des prélèvements fiscaux sur les classes moyennes au titre de la solidarité ou pour rétablir les comptes publics… Les gouvernements expliquent déjà qu’il faudra « faire des efforts » après la sortie du confinement.
– Le choc économique résultant du confinement a les mêmes effets qu’une destruction d’actifs, qui ouvre toujours la voie à une relance du marché. La superclasse mondiale perçoit donc une crise économique mondiale de façon ambivalente : dans un premier temps elle provoque un coup d’arrêt à son enrichissement, mais dans un second temps elle lui permet d’acquérir des actifs à bon compte et de spolier les épargnants. La crise financière de 2008 n’a pas empêché l’octroi de généreux boni dans les banques, renflouées par les contribuables !
*
Bien sûr l’exécutif aura beau jeu d’affirmer que ces mesures n’ont qu’un caractère provisoire et sont prises pour notre bien.
Mais, comme le soulignait Edward Snowden, « l’urgence a tendance à se pérenniser » car « les autorités [étatiques] se familiarisent avec ce nouveau pouvoir [et] commencent à l’apprécier ».
Ce que démontre par exemple le fait que certaines dispositions de l’état d’urgence, pris au moment des attaques islamistes en France, ont finalement intégré le droit commun français en 2017 sous la présidence d’Emmanuel Macron. Et elles ont ensuite servi… dans la répression gouvernementale du mouvement des Gilets jaunes.
Comme le Patriot Act, adopté aux États-Unis à la suite des attentats islamistes du 11 septembre 2001, a débouché sur une surveillance de masse des télécommunications, qui n’a plus qu’un lointain rapport avec la « guerre contre la terreur ».
Avec le coronavirus, la dictature Macron, qui a pris la forme sympathique d’une tyrannie médicale, pourrait bien se renforcer !
Michel Geoffroy
24/04/2020
[1] Allocution du 13 avril 2020.
[2] L’interdiction (et la sanction de la violation) de se déplacer résulte de trois textes : les articles 3131-15 & 3136-1 du Code de la santé publique (issus de la loi 2020-290 sur l’urgence sanitaire du 23 mars 2020) et surtout l’article 3 du décret 2020-293 du 23 mars 2020 modifié.
[3] Le ministre de l’Intérieur a annoncé le 16 avril que depuis le 17 mars 12,6 millions de contrôles avaient été effectués et 760 000 amendes infligées…
[4] À noter qu’un collectif a déjà réclamé l’annulation pure et simple du premier tour.
[5] Du 8 avril 2020.
[6] Le Monde du 17 avril 2020.
[7] Interview par vidéoconférence pour le Festival du film documentaire de Copenhague, le 23 mars 2020.
[8] Puisque aucun pays occidental, qui se fait fort d’accueillir des milliers de « réfugiés » en provenance de partout, n’a eu le courage de lui accorder le droit d’asile.
[9] Les personnes condamnées à une peine inférieure à cinq ans pourront exécuter les deux derniers mois de leur peine sous forme d’assignation à résidence à leur domicile ; lorsqu’il reste six mois de prison à faire, cela peut être converti en peine de travail d’intérêt général.
[10] France 24 du 3 avril 2020.
[11] Ordonnance du 25 mars 2020.
[12] La moitié des décès liés au coronavirus en Europe sont des personnes âgées.
[13] Article L. 3141-16 du Code du travail.
[14] Interview de Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF, dans Le Figaro du 11 avril 2020.
Source : Correspondance Polémia
Crédit photo : Jacques Paquier [CC BY 2.0]
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