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Bobards d’Or : le rire face aux médias menteurs

Bobards d’Or : le rire face aux médias menteurs

par | 13 février 2024 | Exclusivité Polémia, Société

Après avoir proposé, le 8 février dernier, une synthèse de la recherche doctorale de Gaël Stephan, La réinformation : un monde aux frontières du journalisme, nous nous focalisons ici sur le chapitre qu’il a consacré à la cérémonie annuelle des Bobards d’Or. qui aura bien lieu le 5 mars prochaine (vous pouvez vous y inscrire ici : my.weezevent.com/les-bobards-dor-2024) malgré la censure de la gauche. Par Johan Hardoy.

Le rire comme arme politique

Depuis 2010, Polémia organise chaque année un événement appelé les Bobards d’Or, qui revendique ouvertement une posture humoristique.

Les organisateurs proposent au public présent de récompenser les meilleurs mensonges propagés dans la presse durant l’année écoulée, tournant ainsi en dérision des médias et des journalistes accusés de servir le système et de ne pas respecter leur éthique professionnelle. Des propos tenus par des personnalités appartenant aux milieux politiques ou culturelles sont également sélectionnés.
Les thématiques retenues, largement issues des informations nationales, portent essentiellement sur des faits de société tels que l’immigration, l’Islam, les minorités sexuelles et de genre, la christianophobie, etc.

Selon le doctorant, « Le positionnement clairement à droite des organisateurs de la cérémonie apparaît à travers la sélection des bobards soumis au vote, mais aussi par la revendication d’une posture politiquement incorrecte, éloignée de la “bien-pensance” considérée comme hégémonique ».
« Dans la perspective des organisateurs de la cérémonie, le bobard incriminé s’insère dans un ensemble d’approximations, de partis-pris et de manquements à l’éthique professionnelle motivés par des facteurs idéologiques, et aboutissant à une offre médiatique mensongère, car idéologiquement orientée. »
« Les discours présentent alors ces engagements comme la manifestation d’une déconnexion avec le vrai peuple et les réalités concrètes avec lesquelles ce dernier est confronté, activant dès lors un thème populiste. »

Par ailleurs, divers intervenants traitent du thème de la réinformation, de la « novlangue », de la « manipulation du langage par les élites médiatiques et politiques », ou présentent sous un mode ironique des portraits de journalistes et de dirigeants de médias.
Des caricatures, réalisées en direct par des dessinateurs de la « presse amie » comme Miège ou Ignace, des saynètes et divers montages agrémentent la soirée.
Après un vote préalable en ligne (qui est ouvert ici), les personnes présentes choisissent les auteurs des « bobards » les plus emblématiques afin de leur décerner symboliquement une statuette renvoyant à Pinocchio.

Un combat pour la réinformation

« La cérémonie des Bobards d’or, à l’occasion de laquelle des assertions médiatiques estimées erronées sont moquées, peut être appréciée comme participant à un renversement des logiques du fact-checking. »
Il s’agit alors de rétablir la véracité ou l’authenticité des contenus d’actualité déformés ou niés par les médias dominants.

« Certains des bobards sont dépeints comme intrinsèquement illogiques ou frauduleux, sans que le raisonnement des réinformateurs n’ait besoin d’être appuyé par un appareil de preuves », mais deux tiers d’entre eux convoquent une ou plusieurs preuves en s’appuyant sur des sources provenant de médias de réinformation ou, le plus souvent, sur des productions émanant des médias dominants eux-mêmes.
Ce dernier point constitue une contradiction aux yeux du doctorant : « Le principal type de sources mobilisé pour réfuter les discours médiatiques consiste ainsi en des productions de ces mêmes médias. (…) Ceci révèle par ailleurs une faille logique dans la rhétorique réinformatrice : alors que le paysage médiatique est présenté comme uniforme, la contradiction est apportée par la mobilisation de productions des médias dominants, révélant la diversité des lignes éditoriales et la multiplicité des opinions exprimées dans les colonnes et sur les ondes. »
[Ndrl : une vérité peut pourtant être noyée au milieu d’une masse de données partielles ou partiales, de façon à la réfuter ou l’occulter plus efficacement tout en se targuant de respecter le pluralisme d’opinion.]

Un renforcement du lien identitaire

Les Bobards d’Or constituent « un moment de célébration d’un entre-soi, et ce avant même l’ouverture des portes du théâtre l’abritant », car l’assistance se reconnaît très souvent en termes d’orientations politiques et de valeurs partagées.
Une fois dans la salle, le public, qui a payé sa place, se retrouve renforcé dans un principe identitaire commun par le rire dirigé contre l’idéologie politiquement correcte.
« La communauté des rieurs devient alors une communauté en actes, une communauté fusionnelle. »
« Les usages sociaux du rire sont alors d’autant plus intéressants qu’ils permettent de tracer une délimitation entre un endogroupe valorisé, celui des réinformateurs, et un exogroupe dénoncé, celui des journalistes. »

Des « médias de réinformation » sont associés à l’événement et contribuent à sa diffusion en ligne, créant ainsi une « communauté virtuelle » le temps du spectacle.
Comme les organisateurs l’ont déclaré lors de la cérémonie de 2016 : « Alors ce soir, vous le savez, vous n’êtes plus seuls. D’autres aussi ont vu, le roi est nu. »

***

Rendez-vous est pris pour la quinzième édition des Bobards d’Or, qui aura lieu le 5 mars prochain dans un lieu qui reste à préciser. D’ici là, il est d’ores et déjà possible de voter en ligne pour présélectionner les meilleurs bobards : bobards-dor.fr.

Johan Hardoy

Johan Hardoy

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