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« Biopolitique du coronavirus », nouvel essai décapant de François Bousquet

« Biopolitique du coronavirus », nouvel essai décapant de François Bousquet

par | 4 septembre 2020 | Politique, Société

« Biopolitique du coronavirus », nouvel essai décapant de François Bousquet

Par Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples et La Nouvelle guerre des mondes ♦ On ne présente plus François Bousquet, rédacteur en chef de la revue Éléments et courageux directeur de La Nouvelle Librairie. Son nouvel essai, Biopolitique du coronavirus[1], vient à point nommé alors que la folie des masques-obligatoires-partout-sous-peine-d’amende vient de saisir notre pays, une nouvelle fois assigné à résidence.
Un essai qui regroupe différents papiers d’humeur parus sur le site de la revue, remis au goût du jour, mais ayant tous trait à la pandémie.
Un essai qui mélange « un peu de Tontons Flingueurs et un peu de rock’n’roll », nous avertit la quatrième de couverture. Le ton est donné. Car, avec la verve, le style et le talent polémique qu’on lui connaît, François Bousquet, une nouvelle fois, dézingue la bien-pensance coronavirale, sous toutes ses formes.


La nullité des élites

Le complotisme d’abord

Non, la pandémie n’est pas pilotée par la super-classe mondiale, ou Big Pharma, même si elle s’efforce d’en tirer profit. Car « à supposer qu’il n’y ait qu’une seule leçon à retenir de la gestion chaotique du coronavirus, elle est là : la nullité inquiétante, structurelle, sans fond, de nos élites et décideurs. Toujours à côté, toujours en retard[2] », écrit notre auteur.

Difficile de le contredire quand on voit la palinodie gouvernementale autour des masques : inutiles quand l’épidémie était là, obligatoires quand elle disparaît ! Et quand on se compare à la façon dont l’Allemagne a géré la même crise : « d’une guerre à l’autre notre bon Frankreich serait-il voué à être toujours en retard ? D’une stratégie, d’un vaccin, d’une technologie, d’une mise à jour[3] », se demande François Bousquet, non sans une cruelle ironie.

Non, la réalité est plus complexe que l’explication par l’intentionnalité, la causalité diabolique. Le talent de François Bousquet consiste en effet à aborder des questions graves ou profondes avec légèreté et humour. On se délectera notamment du chapitre qu’il consacre à l’affaire Griveaux, « Affaire Griveaux : Paris vaut bien une épidémie[4] », qui est proprement hilarant, même si le sujet est grave. Ou de son analyse novatrice de la façon dont le pouvoir macronien utilise le langage des signes pour sa com[5]. Ou encore sa dénonciation de la « globésité, l’autre pandémie[6] », celle qui a percuté le covid.

En route vers le biopouvoir

Délaissant le complotisme facile, François Bousquet affirme que la façon dont on a traité l’épidémie en Occident revisite l’analyse de Michel Foucault sur le biopouvoir. D’où le titre de son essai.

Selon cette analyse, l’Europe serait passé au xviiie siècle de la politique des âmes – qui se préoccupait de la façon de bien mourir et de l’au-delà – à une politique des corps : procurer longévité, santé et bonheur sur terre, ici et maintenant.

Le biopouvoir correspond donc à la politisation des corps, incarnée aujourd’hui par l’État Big Mother qui prétend imposer la santé de gré ou de force. « Vivre longtemps, mais d’une vie étriquée, pasteurisée, malthusienne, confinée donc, soumise au biopouvoir médical et vaccinal[7] », voilà ce qu’on réclame désormais à l’âge du biopouvoir et que révèle la crise du coronavirus. Car le confinement a été autant imposé par le pouvoir que réclamé par la population saisie par une énaurme trouille, nous explique François Bousquet.

Le covid, une occasion de changer le monde ?

L’auteur s’attaque aussi au pessimisme

Non, l’épidémie « doit se présenter à nous comme une opportunité, pas une fatalité… Opposons à cette déchéance complaisante notre vitalisme tragique, la marque de fabrique de l’homme européen depuis 3 000 ans. Il ne s’agit pas de dire qu’un autre monde est possible : un autre monde est absolument nécessaire[8]. »

Car le confinement offre, selon François Bousquet, l’occasion d’envisager la vie autrement que rivé à son smartphone, à pousser son caddie dans un supermarché ou à exercer un bullshit job, un travail idiot, socialement inutile mais bien payé.

Vous rêviez de décroissance, de décélération du temps, de vivre avec vos proches, de lire un livre, de cultiver votre jardin ? Voilà que le confinement nous a offert cette possibilité là où des années de prêche écolo ou identitaire n’y étaient pas parvenues !

Et voilà en outre que le monde ne semble pas plus mal marcher quand chacun reste chez soi ou télétravaille. À la condition bien sûr que tous ceux qui font réellement fonctionner notre société – ceux que la macronie a matraqués ou éborgnés quand ils portaient un gilet jaune – continuent, eux, de travailler vraiment : comme les personnels de santé, les livreurs ou les éboueurs…

Sale temps pour les No Borders !

L’épidémie a aussi balayé en quelques mois toute la propagande mondialiste, mieux que tous les médias et colloques alternatifs occidentaux.

Car François Bousquet estime qu’il est devenu manifeste que « le patient zéro, le primo-agent infectieux, le vrai, le seul, le super contaminateur, c’est la mondialisation, c’est le sujet mondialisé, c’est le Tout-Monde[9] ». Et que « les sociétés ouvertes révèlent ainsi leur secret, elles ne protègent rien ni personne, sauf ceux qui, pour les avoir ouvertes, ont les moyens de se protéger de leurs effets destructeurs[10] ».

Un chapitre du livre s’intitule d’ailleurs « Sale temps pour les No Borders » : on ne saurait mieux dire que l’épidémie a redonné ses lettres de noblesse à des mots que la bien-pensance libérale-libertaire avait diabolisés : frontière, loisir, famille, patrie, localisme. « Le coronavirus marquerait-il la revanche posthume du pétainisme ?[11] », s’interroge malicieusement François Bousquet. D’où aussi le sous-titre de son essai : Télétravail, famille, patrie… Car tout ce que la bien-pensance proscrivait hier se trouve aujourd’hui prescrit. « L’ouverture à l’autre ? Une incitation malfaisante à la contamination » désormais !

L’épidémie a aussi révélé l’horreur d’une société qui se prétend ouverte et sans discrimination, mais qui repose sur le discret géronticide de ses aînés, condamnés à mourir en EHPAD dans la solitude.

La crise de la décision politique

Le coronavirus redonne aussi, par défaut, ses lettres de noblesse au politique, la capacité de gérer les situations d’urgence autrement qu’en respectant le sacro-saint protocole.

On croyait que la main invisible du marché, la dérégulation, le doux commerce et le contrôle interne allaient remplacer le politique. Que nenni ! Cette crise démontre justement l’immunodéficience, comme écrit François Bousquet, de nos élites, incapables de véritables décisions et donc soumises en tout à un corps médical jamais d’accord sur rien. Car, avec le covid, « la faillite de la décision est générale, elle affecte autant le savant que le politique, pour parler comme Max Weber[12] ».

François Bousquet montre ainsi que la gestion de l’épidémie a aussi porté un rude coup à Hippocrate et redonné vie au Diafoirus de Molière même s’il se présente désormais aussi sous les traits de Pharmafoirus.

On nous vantait, il n’y a pas si longtemps, l’homme augmenté, les nanotechnologies ou l’intelligence artificielle. Mais « aux dernières nouvelles, seuls les respirateurs sont artificiels[13] ». Car l’épidémie révèle que « c’est tout un système qui a fait faillite, privé et public, dans le plus parfait mélange des genres – les labos, le ministère de la Santé, les agences sanitaires gouvernementales, les mandarins de la Faculté de médecine[14] ».

***

On le voit, avec son essai Biopolitique du coronavirus, François Bousquet bouscule nombre de vaches sacrées et ouvre avec talent d’intéressantes perspectives.

Alors, avant la seconde vague hystérique qui s’annonce, adoptez le bon geste barrière : lisez ce livre au plus vite !

Michel Geoffroy
04/09/2020

[1] Biopolitique du coronavirus, éditions de La Nouvelle Librairie, 2020, 14,90 euros
[2] Ibid., p. 16.
[3] Ibid., p. 100.
[4] Ibid., p. 105 et suiv.
[5] ibid., p. 161 et suiv., « La farce du langage des signes ».
[6] Ibid., p. 187 et suiv.
[7] Ibid., p. 21.
[8] Ibid., p. 28.
[9] Ibid., p. 70.
[10] Ibid., p. 71.
[11] Ibid., p. 83.
[12] Ibid., p. 127.
[13] Ibid., p. 104.
[14] Ibid., p. 123.

Michel Geoffroy

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