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2017, la France trumpisée ?

2017, la France trumpisée ?

par | 12 novembre 2016 | Géopolitique

2017, la France trumpisée ?

Par Etienne Lahyre, haut fonctionnaire, analyste politique ♦ Le 3 novembre 1992, le jeune gouverneur de l’Arkansas William Clinton remporte l’élection présidentielle à la surprise générale. Vice-président de 1980 à 1988, président sortant, George H. Bush, était pourtant le président de l’Amérique triomphante : celle qui avait terrassé l’Union soviétique et instauré un « nouvel ordre mondial » ; celle qui se permettait de jouer le gendarme du monde bien au-delà de sa zone d’intervention directe traditionnelle, en Irak et en Somalie ; mais également celle qui connaissait la récession économique, qui subissait de plein fouet la concurrence des pays d’Asie du Sud-Est, notamment des quatre dragons, et qui voyait de plus en plus les élites côtières s’éloigner de « l’Amérique du milieu ».

Un milliardaire populiste originaire du Texas, Ross Perot, concentre ses attaques sur le président sortant et obtient 19% des voix, après avoir mené une campagne protectionniste contre le projet d’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique). Sa candidature ainsi que le basculement de la Nouvelle-Angleterre vers les démocrates précipitent la chute de Bush. Et c’est l’antienne de l’un des stratèges de Clinton, « It’s the economy, stupid ! », que l’on retiendra pour expliquer la défaite du président sortant, obnubilé par les affaires internationales et négligeant les enjeux économiques domestiques.

Aux yeux de l’opinion publique américaine et mondiale, les années Clinton (1992-2000) correspondent à une période de prospérité et de sérénité, celle des débuts prometteurs de la nouvelle économie et de la « mondialisation heureuse ».

Or, il nous apparaît que 2016 pourrait rester dans l’histoire comme une année charnière, au même titre que 1936, 1956, 1968 ou 1989, l’année du coup d’arrêt porté au cycle de la globalisation – l’année du retour de l’Etat-nation dans les pays qui avaient initié la révolution dite conservatrice des années 1980.


2016, ou le ressac de la révolution « conservatrice » des années 1980

Margaret Thatcher et Ronald Reagan arrivent au pouvoir à la fin des années 1970, dans un contexte marqué par l’essoufflement du modèle keynésien et le retour d’une certaine « guerre fraîche », avec en particulier l’invasion de l’Afghanistan en 1979. Leurs constats sont radicaux : pour l’une, « La société n’existe pas ! » (There is no such thing as society) ; pour l’autre, « Dans cette crise actuelle, l’Etat n’est pas la solution à notre problème ; l’Etat est le problème ». Leurs solutions le sont tout autant : dérèglementation, privatisations, baisse drastique des dépenses. Milton Friedman pouvait boire du petit lait : son programme révolutionnaire était enfin appliqué après des années de keynésianisme. Si les résultats macroéconomiques américains et britanniques sont bons en termes de croissance et d’emploi, les gouvernants ont sous-estimé les conséquences sociales de leur politique sur les classes moyennes et populaires, ainsi que les effets à plus long terme de leur politique d’immigration inconséquente. Pour les conservateurs et les républicains de l’époque, l’homme est avant tout un homo economicus, interchangeable, facteur de production et consommateur avant tout, peu importe son origine. Les émeutes ethniques de Tottenham, quartier londonien (1985) ou de Los Angeles (1992) constituaient pourtant des signes avant-coureurs. Négligeant les enjeux identitaires et culturels, les droites anglo-saxonnes ont laissé la contre-culture des années 1960 gangrener l’ensemble des campus. « Les tracts contestataires des années 1970 deviennent les directives gouvernementales d’aujourd’hui », notera joliment Alain Finkielkraut. Le politiquement correct règne en maître dans les universités américaines depuis les années 1970 sans que la droite républicaine prenne conscience de l’enjeu.

La conséquence des révolutions dites, à tort, conservatrices sera ainsi de parachever l’avènement de l’ordre économique et politique appelé à dominer le monde des années 1980 aux années 2010. Un ordre post-démocratique fondé sur le marché, les droits de l’homme et le relativisme culturel qui correspond à la vision du monde d’un Karl Popper et qui a pour effet de remettre en cause les identités nationales et la « Common Decency », auxquelles les peuples britannique et américain demeurent majoritairement attachés.

Un malaise américain identitaire, culturel et social

Les observateurs politiques invités réguliers des médias mainstream semblent ignorer les avertissements de certains ouvrages fort utiles pour cerner les dimensions de ce bouleversement anthropologique, démographique et politique. Le Travail sans qualité/ Les conséquences humaines de la flexibilité, de Richard Sennett (publié en 2000) est à recommander à ceux qui se revendiquent libéraux-conservateurs. L’auteur analyse les interrogations de cadres américains qui tentent de se conformer aux valeurs traditionnelles et de les inculquer à leurs enfants. Mais comment leur transmettre les vertus de loyauté et de confiance mutuelle quand le système court-termiste impose une rentabilité immédiate, quand les cadres peuvent être débauchés du jour au lendemain par une entreprise concurrente directe de la leur ? Comment promouvoir les valeurs familiales et d’enracinement quand les salariés deviennent des pions que les grandes entreprises déplacent régulièrement d’un site de production à un autre, obérant ainsi la stabilité de leur structure familiale ? Le néocapitalisme ignore le concept de travail bien fait et érode le capital social : l’individu contemporain est jetable, flexible ; sa personne n’a pas plus de valeur que son travail. Il est condamné à être en permanence déraciné. L’esprit du néocapitalisme n’a plus rien à voir avec l’éthique protestante.

La Révolte des élites », livre-testament de Christopher Lasch, publié en 1994, a déjà fait l’objet d’une recension de Polémia : http://archives.polemia.com/article.php?id=1902. L’auteur y explique notamment que « les élites hédonistes assoient leur pouvoir sur le culte de la marge et sur un fantasme de l’émancipation permanente. Alors qu’elles sont responsables des normes imposées à la société, leurs comportements consistent à feindre d’être hors norme. Cette dialectique permanente de la norme et de la marge est celle de notre temps ». Le politiquement correct est le nouveau catéchisme des élites mondialisées ; universitaires et journalistes en sont les prêcheurs. Toute interrogation sur les bienfaits de la mondialisation relève du crime de pensée ; toute critique de l’immigration et du « Grand Remplacement » en cours aux Etats-Unis a pour conséquence une comparution immédiate devant le tribunal de l’Inquisition médiatique.

« Pourquoi les pauvres votent à droite ? » (2004) de Thomas Frank, est une enquête de terrain réalisée dans l’Etat du Kansas, Etat conservateur, très majoritairement blanc, bastion du parti républicain depuis les années 1960. Le basculement à droite des classes populaires est une réaction à la guerre culturelle et sociale qui leur est livrée par les élites mondialisées, acquises au libéralisme total. Les démocrates sont à leurs yeux devenus le parti du libre-échange et de la discrimination positive : un nouveau parti de l’ordre, en quelque sorte, mais de l’ordre libertaire. « Hillary Clinton utilise les mots de raciste ou de xénophobe pour intimider les honnêtes citoyens. Elle est la voix des 10% qui sont au sommet. Son dédain la disqualifie : vous ne pouvez pas prétendre à la présidence si vous avez dans votre cœur autant de mépris pour les électeurs américains », avait déclaré Trump pendant la campagne, quand sa rivale avait évoqué « a basket of deplorables » pour désigner les nouveaux électeurs républicains. Trump a fait une campagne opposée en tous points à celle de Mitt Romney en 2012 (ultra-libérale en économie, très modérée sur l’immigration, indifférente à la question sociale).

Ces analyses sont anciennes et connues, notamment des stratèges du Parti démocrate. Mais ceux-ci ont préféré s’en tenir à la ligne définie dans The Emerging Democratic Majority, ouvrage publié en 2004, dont la note publiée par Terra Nova en 2011 : « Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? » (http://tnova.fr/rapports/gauche-quelle-majorite-electorale-pour-2012) ne sera qu’un épigone. La gauche doit abandonner les classes populaires réactionnaires et miser sur une coalition hétéroclite de jeunes diplômés, de femmes et d’immigrés. Victorieuse aux Etats-Unis en 2008 et 2012, fondée sur les tendances démographiques (part croissante de votants d’origine immigrée) et sociologiques (déclin de la classe ouvrière), cette stratégie de boutiquier ignore l’intérêt national et se borne à répondre à des intérêts et des revendications souvent contradictoires de communautés qui, au mieux, s’ignorent.

Ce sont en effet ces catégories de populations qui ont voté en faveur du « Remain » en Grande-Bretagne et de Mme Clinton aux Etats-Unis. Mais elles ne sont pas (encore) assez nombreuses pour garantir de manière systématique la victoire du parti de la mondialisation. Et surtout, les tenants de cette « gauche diversitaire » ont négligé un paramètre : l’homogénéisation croissante du vote des populations de souche contre la globalisation et ses effets. Britanniques et Américains ont majoritairement voté contre l’immigration incontrôlée et le libre-échange pour se protéger du déclassement individuel et national.

Trump et May, anti-Reagan et anti-Thatcher

Le positionnement des électeurs de Trump sur trois grands sujets économiques (libre-échange, sécurité sociale, justice sociale) est très révélateur. Cet électorat n’est pas plus libéral en économie que sur les questions d’autorité de l’Etat et de sécurité. Et Trump l’a bien compris en tenant un discours populiste qui a inquiété les caciques du GOP [Grand Old Party, acronyme du parti républicain américain – NDLR] : « Je fais campagne pour que les puissants ne puissent plus maltraiter les sans-grade. Je fais campagne pour être votre voix.

Quant à Theresa May, c’est carrément l’anti-Thatcher : « Je veux que la Grande-Bretagne ne soit pas un pays pour une poignée de privilégiés mais pour chacun d’entre nous. (…) Il est temps de se rappeler le bien que l’Etat peut faire. L’Etat est là pour apporter ce que les individus et le marché ne peuvent pas faire. » C’est une héritière de Benjamin Disraëli, grand premier ministre tory du XIXe siècle, qui avait élargi le corps électoral aux classes populaires, mené une politique sociale généreuse et protectrice, tout en défendant farouchement le leadership mondial de son pays.

Le mâle blanc ne veut pas mourir

« Donald Trump’s Victory Was Built on Unique Coalition of White Voters », titre le New York Times le lendemain du scrutin. « L’une des plus grosses sensations de l’histoire politique américaine s’est construite sur une coalition d’électeurs blancs, qu’aucun candidat républicain précédent n’avait réussi à constituer », poursuit le journal. A l’électorat républicain traditionnel de l’Amérique du milieu et des Etats du Sud se sont agrégées les classes populaires de la Rust Belt.

La carte suivante est particulièrement éclairante : elle révèle les évolutions électorales entre 2012 et 2016. C’est en effet dans la « Rust Belt » que Trump effectue une remarquable percée.

http://www.nytimes.com/interactive/2016/11/08/us/elections/how-trump-pushed-the-election-map-to-the-right.html?action=click&pgtype=Homepage&clickSource=g-artboard%20g-artboard-v3%20&module=span-abc-region&region=span-abc-region&WT.nav=span-abc-region

http://www.nytimes.com/elections/results/president

Le Michigan et la Pennsylvanie n’avaient plus voté en faveur d’un candidat républicain depuis 1988, le Wisconsin depuis 1984. Et Hillary Clinton ne s’y était même pas rendue pensant que cet Etat lui était acquis.

% de blancs Revenu médian du foyer % de diplômés de l’enseignement supérieur Progression Trump / Romney 2012

(en voix)

Progression Trump / Romney 2012

(en points)

Ohio 80,50% 48,849 $ 25,60% +110.500 4,4
Michigan 76,10% 49,087 $ 26,40% +164.000 3
Wisconsin 82,70% 52,7368$ 27,40% +2.000 2
Pennsylvanie 78,50% 53,115$ 28,10% +232.000 2,2
Etats-Unis 62,80% 53,482 $ 29,30% Total définitif pas encore connu 0,3

Ce tableau montre que c’est dans ces Etats à forte population blanche, moins diplômée et moins aisée que la moyenne de la population américaine, que Trump a construit sa victoire. Ces quatre Etats avaient voté Obama en 2008 et 2012. Ils comptent une population hispanique beaucoup moins nombreuse que la moyenne (entre 3,3 et 6,2%). Dans le Michigan, Trump a critiqué publiquement Ford pour avoir délocalisé sa production vers le Mexique quand Romney refusait de s’immiscer dans les choix des entreprises privées. C’est dans cet Etat jugé ingagnable qu’il a tenu son dernier meeting de campagne. Cela s’est révélé payant : ainsi dans le petit comté d’Ogemaw, le score de Trump bondit de plus de 13 points par rapport à 2012, quand celui de sa rivale chute de 17 points. Ce comté est peuplé à 97,5% de Blancs, le revenu médian par foyer étant de moins de 35.000 dollars.

Inversement, dans les Etats aisés et/ou avec une population hispanique en forte progression, l’évolution est défavorable à Donald Trump :

% de blancs % d’hispaniques Revenu médian du foyer % de diplômés de l’enseignement supérieur Progression Trump 2016 / Romney 2012

(en voix)

Progression Trump 2016 / Romney 2012

(en points)

Californie 39,20% 38,20% 61,489 $ 31,00% -1,870.000 -3,8
Virginie 57,80% 8,40% 72,062 $ 35,80% -90.000 -2,3
Arizona 56,90% 30,10% 49,928 $ 27,10% -250.000 -3,9
Etats-Unis 62,80% 16,90% 53,482 $ 29,30% Total définitif pas encore connu 0,3

La Californie est l’Etat le plus représentatif de l’Amérique rêvée par la gauche diversitaire : sa population blanche est en forte diminution, tandis que les Hispaniques représentent aujourd’hui plus de 38% (26% en 1990). Rappelons qu’à l’élection présidentielle de 1988 George H. Bush obtenait 5 millions de voix et un score de plus de 51%, peu éloigné de sa moyenne nationale. Trente ans plus tard, Trump obtient moins de 3 millions de voix et un résultat de 33% (-15 points par rapport à sa moyenne nationale). Etat riche, mais avec une part de population en-dessous du seuil de pauvreté supérieure de 2 points à la moyenne nationale, et des inégalités abyssales. La Californie est le modèle réduit de la mondialisation.

L’électorat latino demeure favorable aux démocrates, dans une proportion de deux tiers/un tiers, qui reste stable depuis 2012. En Floride, c’est dans les comtés à forte population blanche que Trump a le plus progressé.

Autre élément à retenir : sans surprise, c’est dans les métropoles mondialisées qu’Hillary Clinton enregistre ses rares progressions (notamment chez les Blancs aisés), tandis que le candidat républicain accroît sa domination dans les petites villes et les zones rurales.

Les sociologies et géographies électorales américaine, britannique et française étant de plus en plus proches, les résultats électoraux anglo-saxons de 2016 peuvent-ils donner des raisons d’espérer à Marine Le Pen ?

Quid d’un double effet Brexit/Trump sur l’élection présidentielle de 2017 en France ?

La ligne populiste hostile à la globalisation et à l’immigration l’a emporté en Grande-Bretagne comme aux Etats-Unis. Les Frontistes se remettent à rêver : comme avant les départementales de 2015, à l’issue desquelles ils comptaient diriger des conseils généraux et où ils ne remportèrent que 31 cantons sur 2054 ; comme avant les régionales de la même année où ils furent incapables de remporter une région. Et le Système feint, comme à l’accoutumée, une peur panique : cette fois, le FN est VRAIMENT aux portes du pouvoir.

Disons-le tout net : Marine Le Pen n’a pas la moindre chance d’être élue présidente de la République en 2017.

En effet, si le malaise des peuples américain, britannique et français présente des fondements proches, si l’idéologie dominante est partout minoritaire électoralement, la structuration des forces politiques en présence diffère fondamentalement :

  • Le bipartisme est le fondement des démocraties du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

Si les Britanniques votent UKIP aux européennes, pour se défouler, ils retrouvent leurs réflexes bipartisans aux élections générales. Si Mme May a une ligne politique fort éloignée de celle d’un David Cameron ou d’un John Major, cela est somme toute relativement fréquent dans l’histoire des tories et des travaillistes. Le bipartisme implique, en effet, de rassembler des courants divers au sein d’un même parti, mais la discipline partisane est forte. Et aucune entreprise politique ne semble devoir réussir durablement à l’extérieur du parti conservateur ou du parti travailliste.

Aux Etats-Unis, Trump était d’abord le candidat du Parti républicain : outre ses gains dans la « Rust Belt », qu’il doit à sa stratégie et à son flair politiques, les bastions traditionnels du GOP ne lui ont pas fait défaut. En choisissant comme colistier Mike Pence, gouverneur compétent et apprécié des notables républicains, Trump a contribué à rassurer le parti et ses militants.

  • En France, l’offre politique est éclatée, entre partis de gouvernement et partis occupant la fonction tribunitienne. Dévolue au Parti communiste jusqu’au début des années 1980, cette fonction est occupée depuis trente ans par le Front national. L’histoire de ce parti, sa capacité inégalée à générer en son sein des guerres aussi picrocholines que dévastatrices, le sectarisme et l’égotisme de ses dirigeants passés et présents, le disqualifient durablement pour prétendre un jour représenter une majorité de Français. Rappelons à nouveau qu’au niveau d’une circonscription législative le FN n’a réuni plus de 50% des voix qu’à trois reprises en 45 ans d’histoire.
  • Les partis populistes ne parviennent jamais au pouvoir en Europe par eux-mêmes mais en qualité de supplétifs, dans le cadre d’une coalition gouvernementale : les exemples autrichien, italien et danois en attestent. La prochaine élection présidentielle autrichienne va peut-être constituer un précédent mais le chef de l’Etat a peu de pouvoirs dans ce pays, et ceci ne serait pas véritablement significatif. Et ni le FN, ni la droite parlementaire, n’ont aujourd’hui intérêt à constituer une telle alliance, dans la mesure où ils sont rivaux directs, le bloc des gauches étant éclaté et affaibli.
  • La stratégie électoralement gagnante et politiquement conforme à l’intérêt national est celle de Viktor Orban : accéder au pouvoir sous les habits de la droite classique pour mettre en œuvre des idées populistes ; Trump et May n’ont pas procédé autrement. Trump a, en outre, compris qu’il fallait mener ouvertement campagne contre les médias de propagande et briser les tabous du politiquement correct. La droite qui gagne, c’est la droite rebelle.

Donald J. Trump : « La France n’est plus la France »

Les idées d’indépendance nationale, de refus de la globalisation et de l’immigration incontrôlée, de préservation de notre identité et de nos libertés, n’ont jamais été aussi majoritaires dans notre pays. Elles n’ont jamais été aussi loin du pouvoir :

– Sarkozy mène actuellement une campagne populiste, mais les Français le connaissent par cœur : en campagne, il parle (parfois) comme Trump, mais gouverne comme Clinton ;

– Marine Le Pen est la meilleure candidate de premier tour, mais la plus mauvaise candidate de second tour : chaque élection depuis 2012 montre que le FN se heurte à un plafond de verre incassable ; et ce alors même que l’électorat arabo-africain, bouée de sauvetage ultime du Système, ne s’était pas pleinement mobilisé dans le cadre de ces élections locales ;

– Quant à Juppé, c’est tout simplement « le pire d’entre nous » : sa ligne politique est la même depuis toujours, c’est la haine du populo, le cégétiste de 1995 comme le Frontiste de 2016, le mépris de l’identité, et l’abandon de la souveraineté.

Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie : les dirigeants de ces pays pensent et agissent national ; depuis quarante ans, les dirigeants français pensent post-national et n’agissent plus.

2016 sera peut-être l’année de la fin du cycle de la globalisation, si contraire à l’identité politique et aux intérêts de notre pays. Les Américains ont Trump, nous avons Juppé ; les Anglais ont May, nous avons Kosciusko-Morizet. Ils veulent revenir à l’heure des nations et des peuples, quand nous sommes durablement sous la coupe du parti de « l’autre » et de la mondialisation. Ils font l’histoire dont nous sommes devenus les spectateurs. Et quand les manuels d’histoire étudieront les événements mondiaux intervenus en 2016-17, ils indiqueront simplement, dans une note de bas de page : « En France : rien ».

Etienne Lahyre
10/11/2016

Correspondance Polémia – 10/11/2016

Image : Donald et Theresa : quelle alliance ?

Étienne Lahyre
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