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Suppression de l’ENA. Il y a d’autres urgences !

Suppression de l’ENA. Il y a d’autres urgences !

Par André Posokhow, consultant ♦ Macron, parmi ses récentes propositions, a envisagé, à la surprise générale, de supprimer l’ENA d’où il est issu.
Supprimer une institution qui a eu une grande histoire mais est devenue une féodalité qui s’est emparée de l’Etat et surtout s’identifie avec les politiques qui ont mené notre pays à la situation catastrophique que nous connaissons aux plans démographique, humain, économique, financier, social, etc…. est une idée qui mérite d’être étudiée favorablement.
Mais, connaissant la duplicité de nos gouvernants actuels, s’il s’agit de supprimer les règles de concours administratifs pour enfourner en masse dans l’administration française des extra-européens peu compétents via la discrimination positive, il convient d’être prudent.


En réalité il y a à nos yeux 3 urgences :

  • La priorité des priorités est de supprimer la mise en disponibilité de hauts fonctionnaires qui se présentent aux élections ou entrent en politique afin de dissocier fonction publique et engagement politique. Si un haut fonctionnaire quitte la fonction publique pour la politique ou les affaires cela doit être à titre définitif, pas avec un élastique.
  • Supprimer un grand corps devenu malfaisant : l’inspection des finances.
  • Remettre en cause la justice administrative et le Conseil d’Etat.

Le prestige de l’ENA était justifié et peu discuté

L’École nationale d’administration (ENA) a été créée en 1945 pour démocratiser et homogénéiser l’accès à la haute fonction publique de l’État grâce à des concours.
S’inscrivant dans le cadre de la renaissance française de la Libération, l’ENA a, pendant plusieurs décennies,  rempli le rôle qui lui avait été assigné et acquis un prestige et une autorité qui l’ont placée au premier rang de nos grandes écoles.

Le concours apparaît ouvert et impartial et permet l’intégration de fonctionnaires en activité. Indiscutablement, il procède  à une sélection des intelligences et des niveaux individuels de culture générale. Après tout, ce sont bien trois énarques qui ont fondé le très brillant Club de l’Horloge.

Quelles que soient les critiques adressées à l’institution, il convient de ne pas oublier que la majeure partie des énarques exercent leur métier de haut fonctionnaire avec compétence et dans la discrétion.

La crise de l’ENA

Aujourd’hui,l’image et le prestige de l’ENA apparaissent particulièrement brouillés. C’est au point que, par surprise, Macron, lui-même issu de l’école, a évoqué sa suppression le 25 avril dernier.

Quelles peuvent en être les raisons ?

L’ENA s’est transformée en un groupe de pression

Le général de Gaulle et Michel Debré souhaitaient éviter les filières de recrutement opaques et la création de féodalités.

Or, les anciens élèves de l’ENA,  conscients de leur appartenance commune et souvent imbus de leur supériorité intellectuelle et professionnelle, constituent un réseau nombreux du fait de promotions surabondantes (autour de 100 élèves chaque année), puissant et se faisant la courte échelle. L’exemple de la promotion Voltaire apparaît particulièrement flagrant et, j’ajouterais, reflète un favoritisme obscène.

En réalité nous avons affaire à une féodalité unique plus dangereuse pour la nation que celles, plus diverses, dénoncées sous la IIIe République.

Ce lobby puissant s’est emparé de l’Etat

Le ministère des Finances est un des fiefs de l’ENA. Il n’est pas question qu’un professionnel issu du privé y exerce de hautes fonctions.

En réalité chacun sait que Bercy tient la dragée haute aux politiques et refuse toute décision  qui engagerait les finances publiques qui n’aurait pas son agrément. Le regretté Yvan Blot avait dans sa musette plusieurs anecdotes éloquentes sur ce thème.

Yvan Blot et Guillaume Faye : sentinelles aux frontières

Mais il y a pire. Grace au jeu des primes, les hauts fonctionnaires de Bercy s’accordent mutuellement et sans contrôle des rémunérations exorbitantes. C’est ainsi que selon la Lettre patriote qui cite le journaliste Vincent Jauvert, le directeur des finances publiques d’Île-de-France gagnerait 255 579 euros nets par an. Lorsque Jean Arthuis est devenu ministre de l’Economie et des Finances en 1995, il a demandé la liste de ces rémunérations. Après moult difficultés ses services la lui ont communiquée mais sur papier non photocopiable ! Quel mépris des élus et du peuple !

L’énarchie s’est emparée du pouvoir politique

Depuis 1974, les énarques se sont emparés du pouvoir et ont joué un rôle central dans la vie politique française : quatre présidents de la République dont deux inspecteurs des finances, sept premiers ministres dont deux inspecteurs des finances, de nombreux ministres et secrétaires d’État, etc…

Hauts fonctionnaires, ils sont devenus les gouvernants. Certes leur poids professionnel et leurs compétences supposées ont joué. Mais surtout a pesé une des tares les plus profondes de notre système politique : la mise en disponibilité des hauts fonctionnaires qui souhaitent se présenter aux élections, participer à la vie politique et retrouver leur carrière ininterrompue dans la fonction publique à l’issue de cette mise en disponibilité.

De cette façon l’énarchie a étouffé l’accès à la vie politique de ceux qui ne peuvent, sauf exception, bénéficier d’un privilège aussi exorbitant : chefs d’entreprise, professions libérales, cadres du privé, commerçants.

Ainsi une minorité issue d’une seule école de la fonction publique jouit d’un quasi- monopole du pouvoir politique.

Une idéologie marquée par un conformisme de gauche

Depuis les années 60, l’ENA a été marquée par une idéologie de gauche influencée par mai 68. Il suffit de noter plusieurs des noms de promotion : Nelson Mandela, Averroes, Robespierre, Saint Just, Jean Jaurès, Guernica et, incroyable, Louise Michel.

Certes, l’ENA n’est pas Terra Nova. Mais il y règne un conformisme favorable à l’immigration, au gonflement de l’Etat nounou tyrannique et impotent, à l’ultra libéralisme, à l’atlantisme et au dédain de l’esprit national. Elle aura contribué et participé à la grande séparation entre les « élites » et le peuple français.

Les fonctionnaires peuvent sortir de leur réserve… quand ils défendent l’immigration !

L’incapacité à réformer

Depuis des années, on parle de réformes. Peu de choses ont été faites et rien n’aboutit réellement. Le redressement des finances publiques est en panne. Macron, en une année et contrairement à ses engagements, a plus augmenté les impôts que Hollande. La gabegie demeure la même.

Comment les énarques pourraient-ils réformer et modifier le système ? Ils sont le système !

Invisibles à Bruxelles

S’il y a bien un tropisme de l’ENA, c’est bien celui de la construction européenne et de l’européisme.

Depuis des décennies, Allemands et Britanniques, soucieux de leurs seuls intérêts nationaux placent leurs hauts fonctionnaires aux postes névralgiques de Bruxelles. Ils ont touché et touchent toujours les dividendes de cette stratégie.

Du côté français, tous les auteurs dénoncent l’absence française au grand détriment de nos intérêts. Et comme dans les organisations internationales, les représentants français renâclent à soutenir ceux-ci. Comment peut-on être aussi négligent et jobard ?

Un échec désastreux pour la nation française

En définitive, la haute fonction publique issue de l’ENA qui s’est emparée de l’Etat et s’est identifiée à lui, a pris le contrôle du pouvoir politique en France depuis plus de 40 ans. C’est elle qui a mené la nation française à la situation catastrophique que nous connaissons aux plans économique, financier, fiscal, social, démographique etc… Elle a fait de la France un pays envahi et occupé, soumis à l’Allemagne et vassal obéissant des Etats Unis. Son échec est patent et constitue un désastre pour notre pays.

Fin de l’ENA : crise de l’Etat ou crise des élites ?

L’annonce de Macron de suppression de l’ENA a soulevé des objections discutables

Avant l’ENA il existait des concours administratifs

Historiquement, que ce soit sous la IIIe comme sous la IVe République, le recrutement n’était pas fait n’importe comment et simplement par favoritisme comme semblent l’indiquer certains commentateurs. Il était assuré par des concours administratifs, certes dédiés à chaque ministère et grand corps, mais sérieusement et, en principe, honnêtement menés. En tout cas ils n’étaient pas menacés par une politique de discrimination positive.

Rien ne permet de considérer que le retour à ces pratiques pourrait déboucher sur un recrutement par faveur, sauf préférence étrangère.

Les grands commis de l’Etat

Le système d’avant l’ENA n’avait pas que des défauts et a permis la présence à la tête de l’Administration de hauts fonctionnaires prestigieux que ce soit dans les grands corps, les administrations préfectorale et coloniale, ceux qu’on appelait les grands commis de l’Etat. Cette espèce est en voie de disparition ou alors devenue clandestine parmi des congénères trop souvent dénué de tout souci d’intérêt général et national, parfois sans foi ni loi.

Concernant la diplomatie, la France ne pouvait se plaindre du recrutement familial : les ambassadeurs tels que les frères Cambon et ceux de la famille de Margerie étaient là pour le prouver.

Ce sont ces grands commis de l’Etat qui ont assuré la permanence de celui-ci pendant les crises politiques des IIIe et IVe République.

Le spoils system

Institutionnellement, le spoils system n’était pas dans les gênes de la République si ce n’était des mutations aux plus hauts poste de l’Administration en cas de changement politique.

En revanche, l’équivalent du spoils system n’a jamais autant été pratiqué que maintenant du fait de la politisation de la haute administration et encore sous une forme sans commune mesure avec ce qui se passe outre-Atlantique. C’est d’ailleurs la diplomatie qui en a été particulièrement victime sous Hollande et sous Macron : l’affaire de Philippe Besson nommé consul à Los Angeles pour raisons d’intimité avec le couple présidentiel est dans toutes les mémoires.

Mais peut-on craindre une généralisation abusive de ce système en France ? Ce n’est pas évident.

Supprimer l’ENA : oui, mais il existe des priorités plus urgentes

La suppression de l’ENA ne peut être envisagée qu’avec prudence

Cette suppression ne signifie pas nécessairement l’arrêt des concours. En revanche, l’introduction de la préférence étrangère et de la discrimination positive dans le dispositif pourrait représenter un péril certain comme le laisse entendre Jean-Yves Le Gallou sur Boulevard Voltaire. Or Macron ne s’est pas montré explicite sur ce qu’il voulait faire et tout est à redouter de sa duplicité. Donc prudence.

La priorité des priorités qui s’impose

La priorité des priorités est de supprimer la mise en disponibilité de hauts fonctionnaires qui se présentent aux élections ou entrent en politique afin de dissocier fonction publique et engagement politique comme cela se pratique dans plusieurs pays, notamment en Grande Bretagne. Si un haut fonctionnaire quitte la fonction publique pour la politique ou les affaires cela doit être à titre définitif, pas avec un élastique.

Supprimer l’Inspection des Finances

S’il y eu un grand corps qui a compté dans ses rangs des grands commis de l’Etat, c’est bien l’inspection des Finances. Sans remonter à Joseph Caillaux, qui fut surtout un politique, citons  le grand Jacques Rueff, conseiller très écouté de de Gaulle, qui parlait d’égal à égal avec Keynes à la fureur de celui-ci et François Bloch-Lainé qui lança le logement social et l’aménagement de notre pays dans les années 50.

Aujourd’hui, le panorama est bien différent. Rappelons Haberer qui coula le Crédit Lyonnais et coûta des dizaines de milliards à la France. Evoquons Trichet : « I am not French ».

Les membres de l’Inspection, soit veulent faire des affaires et pantouflent en masse – et on doit citer le désastre Meyssier -, soit se dirigent vers la politique comme Alain Juppé ou Emmanuel Macron après être passé chez Rotschild.
Ces gouvernants oligarchiques ne croient trouver des solutions que dans le droit et la finance. Ils oublient la nation, sa culture, notre civilisation, l’humain. Macron a peut-être un QI de 160. Mais il ne comprend rien à ce qui se passe en profondeur dans notre pays et en Europe occidentale.

L’Inspection générale des finances est maintenant inutile et nocive. Elle n’a pas su enrayer la dérive des finances publiques. Son travail de contrôle peut très bien être assuré par la Cour des Comptes. Le maintien de son existence ne se justifie pas.

Remettre en cause la justice administrative et le Conseil d’Etat

L’existence d’une juridiction administrative composée de membres de la fonction publique destinée à trancher les litiges entre particuliers et entreprises d’une part et l’Administration constitue un sujet de curiosité voire de risée de la part d’autres pays notamment anglo-saxons. Cependant tant que l’impartialité de ces juges était assurée, la justice administrative conservait sa légitimité.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le Conseil d’Etat apparaît comme contaminé, pollué voire corrompu par l’idéologie gauchiste et immigrationniste, le politiquement correct et une hostilité profonde à l’égard de la nation et de son peuple. Alliée de l’invasion migratoire ses décisions et arrêts vont pratiquement toutes dans le sens de celle-ci depuis le regroupement familial dans les années 70.

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Au final, c’est un membre du Conseil d’Etat qui a donné son nom à l’infâme rapport Tuot qui – pour faire court – veut imposer aux Français de s’adapter aux immigrés allogènes et non l’inverse.

Le Conseil d’Etat a pris une place éminente dans le gouvernement des juges, lequel est incompatible avec le suffrage universel et les principes fondamentaux de la République. C’est un  gouvernement des juges identique qui porta des coups mortels à l’Ancien Régime et que les révolutionnaires firent disparaître ; certainement pas en douceur.

André Posokhow
30/04/2019

Source : Correspondance Polémia

Crédit photo : Espace presse ENA

André Posokhow

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