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Suisse / Union soviétique : Une opposition totale

Suisse / Union soviétique : Une opposition totale

par | 22 février 2011 | Politique

On sait que le dissident russe Alexandre Soljenitsyne aimait le système politique de la Suisse. Dans son livre Le grain tombé entre les meules, il décrit avec enthousiasme la Landsgemeinde du canton d’Appenzell où il s’était rendu. La Landsgemeinde est une assemblée de tous les citoyens sur la place de la capitale où l’on vote les lois à main levée et où l’on élit et démet les membres du gouvernement cantonal. C’est la formule originelle de la démocratie directe suisse qui remonte au haut moyen âge.

 La démocratie directe moderne est née de là, dès lors qu’il y avait trop d’habitants dans une ville pour les rassembler sur la place centrale. On a alors remplacé la Landsgemeinde par le référendum sur les lois votées par le parlement, où parlement et peuple jouent des rôles complémentaires. C’est le canton de St Gall qui, le premier, a remplacé sa Landsgemeinde par un dispositif de référendum veto en 1831.

Soljenitsyne semble avoir trouvé en Suisse l’inverse même du régime qu’il a connu en Union Soviétique. Il rêvait que tout l’Occident se mette à l’école de la Suisse. Si l’on reprend les quatre causes d’Aristote pour décrire le système suisse, on arrive au schéma politique suivant :

Démocratie directe

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Culture conservatrice – SUISSE – Fidélité à la patrie

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Économie libérale

Le système politique, issu de l’histoire est en effet libéral économiquement (avec des nuances, pour protéger l’agriculture, par exemple), démocratique politiquement, patriotique humainement et conservateur sur le plan culturel au sens large (religion comprise).

Le système fonctionne (il fonctionne même très bien) par une combinaison de quatre facteurs déterminants :

  • La Suisse, économiquement,  est libérale : sans les échanges internationaux et son profond respect de la propriété privée, elle n’aurait jamais pu atteindre le degré de prospérité qui est le sien, avec une nature belle mais ingrate.
  • La Suisse, politiquement, est démocratique. Cela lui a permis de sauver son indépendance à travers les siècles et d’échapper aux dérives oligarchiques et dictatoriales qui ont frappé l’Europe environnante.
  • La Suisse, socialement, est patriotique. Toute la population masculine fait un service militaire toute la vie durant. La mentalité est marquée par un fort enracinement local et national. La cohésion nationale est forte malgré le pluralisme linguistique. Le pays passe avant les partis.
  • La Suisse, culturellement, est conservatrice, voire traditionnaliste, ce qui ne l’empêche pas d’être à la pointe du progrès scientifique et technique.

Terme à terme, on peut lui opposer l’Union soviétique.

Dictature politique

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Culture révolutionnaire – URSS – fidélité à l’État partisan

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Dirigisme économique

  • L’URSS était économiquement dirigiste à l’extrême, avec une économie intégralement planifiée, caractérisée par une inefficacité essentielle.
  • L’URSS n’avait rien de démocratique, en dépit de son vocabulaire officiel, c’était la dictature d’un parti politique avec une oligarchie au pouvoir.
  • L’URSS exigeait une loyauté totale envers l’Etat, alors que la Suisse repose sur la loyauté envers le peuple. Le patriotisme est le ton fondamental sur lequel se développe la société suisse depuis Guillaume Tell.
  • L’URSS était animé par un « patriotisme » soviétique qui était un patriotisme de parti à vocation « internationale », hostile aux traditions ethniques réduites à du folklore (l’homme soviétique, homme nouveau devait remplacer l’homme russe, homme ancien).
  • L’URSS n’était pas conservatrice puisqu’elle se voulait révolutionnaire.

On peut donc considérer avec Soljenitsyne que la Suisse et l’Union soviétique représentent réellement deux pôles opposés d’organisation de la société. La France, à cet égard, est un système intermédiaire, certes plus proche de la Suisse que de l’ex-URSS, mais qui conserve néanmoins des traits archaïques « soviétoïdes » dus à l’emprise passée du parti communiste et de l’idéologie marxiste vulgarisée.

  • La France, en effet, a une économie partiellement dirigée avec un taux élevé d’impôts et une nombreuse bureaucratie publique.
  • La France a un système politique en réalité oligarchique où le peuple n’a guère la possibilité de prendre de quelconques décisions (pas de référendums d’initiative populaire, verrouillage du parlement par le système électoral et le système de financement des partis, etc.)
  • La France fait passer la loyauté envers le régime, appelé républicain, avant la loyauté envers le peuple ou la nation. Elle se distingue au sein des pays du Conseil de l’Europe par ses atteintes fréquentes envers la liberté d’expression. Elle diabolise, par le politiquement correct, l’expression du patriotisme français.
  • La France continue à se référer à la Révolution française dans sa totalité, dont les historiens ont reconnu le caractère de matrice du futur totalitarisme.
  • La France est donc bien un cas intermédiaire entre la société suisse et la société soviétique. L’économie est pénalisée par la fiscalité égalitariste, le citoyen n’a guère la parole, le patriotisme est suspect et l’Etat est plus valorisé que le peuple. Mais surtout, la culture dominante, notamment dans l’éducation et les medias, reste dominée par un marxisme diffus, une culture à la fois matérialiste et égalitaire, ce qui n’empêche pas le système d’être essentiellement oligarchique et coupé des aspirations réelles de la population.

On ne peut souhaiter au peuple français qu’une chose : évoluer vers le modèle suisse et abandonner tout ce qui reste de « soviétique » dans le prétendu modèle français.

Yvan Blot
14/02/2011

Ivan Blot

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