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Présidentielle 2022 : l’économie n’est pas le destin ! – Par Jean-Yves Le Gallou

Présidentielle 2022 : l’économie n’est pas le destin ! – Par Jean-Yves Le Gallou
Présidentielle 2022 : l’économie n’est pas le destin ! – Par Jean-Yves Le Gallou

Par Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation Polémia ♦ « L’économie est le destin », la formule de Walther Rathenau, industriel, penseur de la révolution conservatrice, ministre de l’Allemagne de Weimar, assassiné en 1922, a servi de fil conducteur lors des élections législatives allemandes du 2 septembre 2021 : lors du débat de fin de campagne – dont l’accès a été limité au SPD, à la CDU, et aux Verts –, les questions régaliennes et les questions d’identité ne furent pas abordées. Le mot « migrant » ne fut prononcé qu’une seule fois et le mot « islam » jamais. Normal pour un pays devenu un satellite américain et sorti de l’histoire depuis 75 ans.

 

Habermas et l’hypothèque idéologique allemande

Un bon moyen en tout cas d’assurer le triomphe du politiquement correct. Car le résultat d’une campagne électorale dépend d’abord des sujets qu’il est interdit d’évoquer comme des thèmes qui la dominent. Le système marchand ne peut survivre qu’en imposant le primat de l’économie. C’est bien ce que tentent les oligarques français avec l’appui des médias. Imposer l’idée que les seuls sujets dignes d’intérêt seraient les sujets économiques et sociaux. Et que seules les « formations de gouvernement » appartenant au « cercle de raison » seraient qualifiées pour en parler. Les instituts de sondage participent à cette fabrique de l’opinion. Le sondage Louis Harris de la semaine du 29 septembre pose comme « question d’actualité » : « Chacune des personnalités politiques suivantes est-elle selon vous crédible ou pas en matière de politique économique ? » Cette même question n’est posée ni sur l’immigration, ni sur la sécurité, ni sur l’instruction… Et sans surprise la réponse tourne à l’avantage de ceux qui polarisent leur discours sur l’économique et le social : Xavier Bertrand et Emmanuel Macron dont le bilan économique et financier est pourtant catastrophique ; et au désavantage de ceux qui s’intéressent plus à l’identité et au régalien, Éric Zemmour et Marine Le Pen… Mais la question de la « crédibilité » sur ces sujets n’est pas, ou pas encore, posée !

Le piège économique électoral

Le piège économique électoral a déjà fonctionné contre Jean-Marie Le Pen (« Vous n’avez pas de programme ») et contre Marine Le Pen (« Vous êtes irresponsable de vouloir sortir de l’euro »). Lors du débat du deuxième tour de 2017, Marine Le Pen, indépendamment de sa sous-motorisation, commit d’ailleurs une faute stratégique : aller affronter un énarque, inspecteur des finances, banquier d’affaires, sur son terrain, l’économie. Au lieu de chercher l’affrontement sur l’identité et le régalien. Funeste erreur !

Bien sûr, le système va désormais utiliser l’arme économique contre Éric Zemmour.

Il n’est pas sûr que la manœuvre réussisse car Zemmour sait où ses adversaires l’attendent ! Et, le 27 septembre, lors du débat sur LCI face à Lenglet, il a fait preuve d’une grande connaissance des dossiers et des chiffres et montré une rare maestria !

En vérité il est possible de tenir un discours économique identitaire, responsable et respectueux de la liberté d’entreprendre.

– Promouvoir une baisse des charges qui n’est possible que par une maîtrise des dépenses de l’État providence, ce qui suppose aussi la maîtrise de l’immigration ; sans toucher à l’État régalien, il y a de quoi tailler dans les dépenses nuisibles.

– Allonger l’âge de départ à la retraite, marqueur de responsabilité qui rassure la droite conservatrice (et les déjà retraités !), et qui est aussi une condition de la baisse des charges.

– Améliorer les salaires, ce qui suppose d’abord un double protectionnisme : contre la délocalisation à domicile (par l’immigration) et les délocalisations offshore par les déplacements d’usines qui ne sont possibles que parce que les normes sociales et environnementales ne sont pas harmonisées entre l’Europe et le reste du monde. La réindustrialisation suppose un minimum d’écluses douanières, environnementales et sociales. En même temps que des choix énergétiques stratégiques : les centrales nucléaires plutôt que les éoliennes.

– Prendre aussi à bras-le-corps les questions d’instruction pour former les élèves à l’excellence tant dans les études théoriques que dans les apprentissages professionnels.

Réfléchissons un peu ! Parler d’économie sans parler de la formation des jeunes Français à la connaissance, à l’effort, à l’excellence n’est pas sérieux. Pas plus que parler d’économie sans évoquer la question d’une concurrence à armes égales entre entreprises et travailleurs. Précisément les sujets dont omettent de parler les tenants du système. L’économie doit être libre mais encastrée dans un ensemble de valeurs et de règles.

Demandez le programme ou le projet ?

La question d’une élection présidentielle n’est pas seulement celle du programme.

Un programme n’est souvent qu’un catalogue de mesures plus ou moins cohérentes et non hiérarchisées : le renvoi des clandestins et la renationalisation des autoroutes ne sont pas à mettre sur le même plan. Pas plus que le rétablissement de la sélection à l’école et à l’université avec le taux de remboursement des lunettes ou des audioprothèses.

Plus qu’un programme, ce qui compte, c’est un projet. Sauver la France en est un. Rendre leur fierté et leur dignité aux Français aussi. Un discours économique raisonnable peut être au service d’un tel projet. Il ne faut pas tenter de renverser toutes les tables en même temps !

Jean-Yves Le Gallou
03/10/2021

 

Jean-Yves Le Gallou

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