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Peine de mort : pour un vrai débat

Peine de mort : pour un vrai débat

Rediffusion Polémia – François Mitterrand a ouvert symboliquement sa présidence en abolissant la peine de mort. Non moins symboliquement, Jacques Chirac a achevé la sienne en voulant inscrire cette abolition « en toutes circonstances » dans la Constitution. Pour autant le débat n’est pas clos. Il reste plus que jamais ouvert… pour peu que les abolitionnistes acceptent la confrontation avec les faits. Et puisque le point de vue abolitionniste s’exprime partout et celui de leurs adversaires nulle part, Polémia va résumer, dans un souci pluraliste de rééquilibrage, les arguments de ces derniers.

Explications :

Il est mensonger d’affirmer que la tendance à l’abolition de la peine de mort soit irréversible. En dehors des 27 États de l’Union européenne, sortis de l’histoire, tous les grands États la pratiquent : la Chine, bien sûr, mais aussi et surtout l’Inde, la plus grande démocratie du monde, le Japon et les États-Unis qui, après l’avoir suspendue en 1967, l’ont progressivement rétablie pour 38 États et l’État fédéral.

Il est faux de dire que la peine de mort n’est pas dissuasive. Certes, elle ne dissuade pas tous les criminels mais son existence est un élément qui peut en retenir certains de passer à l’acte. C’est en tout cas ce que démontrent expérimentalement de nombreuses études économétriques américaines fondées sur la variété d’expériences dans le temps des différents États.

Il est donc moralement malhonnête d’opposer les « sympathiques humanistes abolitionnistes » aux « barbares non civilisés peu soucieux de la dignité humaine » et favorables à la peine de mort. Simplement parce que ces derniers attachent plus de prix à la vie humaine innocente qu’à celles de criminels avérés. Ils choisissent une morale des conséquences pour laquelle le principe « Tu ne tueras pas » s’applique aux innocents mais non aux meurtriers. Comme les pères de l’Église en avaient fait l’interprétation.

Il est intellectuellement douteux de faire l’impasse sur le lien philosophique et politique entre la peine de mort et la souveraineté de l’Etat, dont la caractéristique est de se voir déléguer le monopole de la violence légitime. Prétendre l’abolir « en toutes circonstances », c’est implicitement renoncer à l’exercice de la souveraineté qui suppose de pleinement pouvoir agir lors de circonstances exceptionnelles. Il est d’ailleurs permis de s’interroger sur la cohérence d’un État qui s’interdit la peine de mort « en toutes circonstances » mais qui garde une armée et des services spéciaux.

L’attitude des nations abolitionnistes d’Europe est d’ailleurs singulière. Elles considèrent la peine de mort comme « barbare » mais s’en remettent à la domination américaine du monde et se soumettent à un ordre mondial qui reste fondé sur les gibets de Nuremberg et de Bagdad. N’est-ce pas tout simplement parce qu’elles ont délégué l’exercice de la force et de la puissance à d’autres qu’elles ? Et ce sans l’aval des peuples, car sur ce sujet-là comme sur d’autres la procédure référendaire n’est pas utilisée.

Polémia
Archive Polémia du 20/01/2007. Rediffusion le 15/09/2020

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