Par Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples et La Nouvelle guerre des mondes ♦ L’association Yellowsphere[1] vient de publier un très bel ouvrage sur le mouvement des Gilets jaunes en France, dont on recommandera l’acquisition et la lecture.
Intitulé sobrement Gilets jaunes – Une année d’insurrection et de révolte dans Paris, il se présente sous la forme d’un épais recueil de photographies[2] prises tout au long des manifestations parisiennes, pendant une année, de novembre 2018 à novembre 2019.
Trois photographes : Marie-Anne Goncora-Ristroph, Jean Grody et Justin Rouhier ont réalisé cet exceptionnel reportage photo, agrémenté d’un commentaire réalisé par Yvan Hardoy et de différentes contributions. Édouard Limonov, aujourd’hui décédé, a d’ailleurs préfacé cet ouvrage de référence.
Belle révolte, magnifiques photos
Les photos sont à vrai dire magnifiques : une symphonie multicolore ! Le jaune des manifestants, le rouge des fumigènes, la fumée blanche des gaz lacrymogènes, le noir des casseurs ou des « forces de l’ordre », le bleu des gendarmes ou le sang des blessés s’entremêlent ainsi sur chaque page.
Les Gilets jaunes, « une foule haineuse », comme osaient l’affirmer Emmanuel Macron et sa cohorte d’aboyeurs médiatiques ?
Non : au fil du reportage, on ne voit que des hommes et des femmes de notre peuple, souriants et déterminés, malgré les insultes, les coups et la répression du pouvoir.
Des « chemises brunes » défilant dans Paris, comme l’affirmait alors un Gérald Darmanin frappé de daltonisme et aujourd’hui ministre de l’Intérieur ?
Non : des Français, ces fameux « Gaulois réfractaires » qu’abhorrent la macronie et toute la bobocratie parisienne qui le soutient.
La révolte des femmes en jaune
L’ouvrage s’ouvre sur des portraits de femmes en gilet jaune : des jeunes et des moins jeunes, des blondes, des brunes, des rousses, des peaux blanches ou des peaux foncées, mais toujours fières et souriantes.
Car « une nation n’est pas conquise tant que le cœur des femmes n’est pas à terre », rappelle Yvan Hardoy pour illustrer cette belle galerie de portraits.
Le mouvement des Gilets jaunes s’affirme aussi en effet comme une révolte des femmes de la France périphérique, celles qui n’intéressent ni Marlène Schiappa ni les furies people de Balance ton porc.
Car les révolutions commencent souvent par une révolte des ménagères, des épouses, des sœurs ou des mères : une révolte contre les fins de mois difficiles, les impôts et les taxes qui pleuvent, la précarité qui augmente, les services publics qui disparaissent, les pensions de misère ou l’insécurité qui grandit. Et le Paris des femmes en gilet jaune a alors un petit goût de celui de sainte Geneviève organisant la résistance contre les Huns quand les officiels veulent capituler.
Les noirs contre les jaunes
L’ouvrage commence au début du mouvement, au temps de l’espoir. On crie encore « CRS avec nous » ! Cela ne durera pas.
Les photographies montrent très vite en effet l’importance du dispositif policier mis en place pour casser le mouvement de protestation populaire : grenades, boucliers, matraques, canons à eau, blindés, nassages.
Serions-nous transportés à Hong Kong ou à Caracas ? Mais, si pour le système la répression, là-bas, c’est mal, à Paris c’est très bien ! Au fil des pages on ne pourra plus bientôt séparer les images des Gilets jaunes de celles des forces de répression macroniennes, avec leur cortège de blessés, de gaz lacrymogènes, de tirs de LBD et de provocations des black blocs.
On ne pourra plus bientôt dissocier le jaune de la révolte du noir de la répression.
Une photo montre un manifestant brandir une pancarte qui affirme « On ne tire pas sur son propre peuple ». Mais, en macronie, on l’a fait !
Une remarquable synthèse visuelle
L’ouvrage offre une remarquable synthèse visuelle, au fil des différents « actes », de ce mouvement populaire qui a bien failli emporter l’oligarchie. Car si la police avait fait en 2018 comme les Gardes françaises à l’aube de la Révolution Française, Emmanuel Macron aurait certainement quitté l’Élysée sans espoir de retour : un hélicoptère ne se tenait-il pas prêt à exfiltrer sa précieuse personne ? Mais pour l’emmener vers quel exil ?
À l’opposé de l’image trompeuse qu’en ont donnée les médias du système, les photographes nous montrent un peuple déterminé mais pacifique et sans haine.
On voit aussi un peuple mature qui a parfaitement compris contre qui et contre quoi il fallait se révolter : non pas contre des partis politiques désormais impuissants ou complices mais contre l’oligarchie, contre l’esclavage de la dette, contre les prédateurs financiers, contre les mensonges des médias mainstream, contre le déni de démocratie et pour la justice sociale.
Un album d’espoir
En 2019, la répression et la propagande ont réussi à museler la révolte populaire. En 2020, le coronavirus a permis de parachever le bâillon de tout un peuple.
Mais « on ne lâche rien », montrent les dernières photos, avec des manifestantes gardant malgré tout le sourire.
Gilets Jaunes – Une année d’insurrection et de révolte dans Paris : un ouvrage d’espoir qu’il faut se procurer. En outre, les bénéfices de la vente de cet album[3] seront reversés aux œuvres ayant pour vocation de venir en aide aux mutilés : l’acheter permettra aussi une bonne action.
Passez donc l’été sous le signe des Gilets jaunes !
Michel Geoffroy
17/07/2020
[1] 4, rue Emilio Castelar, 75012 Paris.
[2] Sur 400 pages.
[3] Au prix de 30 euros.
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