Tout comme sur les attentats du 11 septembre 2001 eux-mêmes, bien des ombres planent sur l’élimination d’Oussama Ben Laden le 1er mai 2011. Une seule chose est sûre : cette liquidation tombe à pic pour le président-candidat Obama… et très mal pour nos otages.
Oussama Ben Laden est-il réellement mort le 1er mai ? L’individu « identifié comme Ben Laden » (selon M. Brennan, un ponte de la CIA) qui a été tué lors de l’opération menée à Abbottabad, une lointaine banlieue résidentielle d’Islamabad, par un commando héliporté des forces spéciales états-uniennes, était-il réellement le fondateur d’Al Qaïda ? Nul ne le saura jamais. Les restes du présumé Ben Laden ont immédiatement été largués en mer d’Oman – au mépris de la tradition inslamique, comme s’en sont émus les milieux musulmans, et notamment le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Quant à la télévision pakistanaise, qui avait aussitôt diffusé une photo du visage tuméfié du défunt, elle a dû avouer qu’il s’agissait d’un faux.
2001-2011 : Toujours des mystères
Autant de mystères ou du moins d’ambiguïtés qui s’ajoutent aux nombreuses zones d’ombre subsistant toujours sur les attentats du 11 septembre 2001, le fameux « 9-11 » qui a tant traumatisé l’Amérique. La miraculeuse découverte, sur les décombres fumants des deux Twin Towers new-yorkaises, du passeport (intact) de l’Égyptien Mohamed Atta censé avoir détourné puis piloté l’avion d’American Airlines qui s’était le premier écrasé contre le World Trade Center – manœuvre très délicate à réaliser, même pour un commandant de bord chevronné, alors qu’Atta, élève d’ailleurs médiocre selon son instructeur (qui avait informé le FBI, étonnamment resté sourd aux avertissements) n’avait pris que quelques leçons — reste ainsi totalement inexpliquée.
Ne comptant pas parmi les admirateurs de Ben Laden, fils d’un milliardaire yéménite ayant fait fortune en Arabie saoudite – puis placé son pécule dans le Fonds d’investissement Carlyle (*), en même temps que la famille Bush, l’ancien chef du Département d’Etat James Baker, le futur vice-président Dick Cheney, le banquier multinational George Sörös et diverses sommités de la CIA dont Frank Carlucci, qui introduisit le jeune Oussama dans la célèbre agence afin de l’utiliser comme intermédiaire avec les Moudjahhidine du peuple afghan qu’il pourvut largement en missiles Stinger, nous ne verserons pas une larme sur le disparu du 1er mai. Date qui ne doit sans doute rien au hasard dans la stratégie du locataire de la Maison-Blanche, candidat à sa propre succession.
Hussein, mais tombeur de l’idole djihadiste
Dans la perspective de cette seconde campagne électorale, outre Atlantique, la polémique avait rebondi l’été dernier : le président des Etats-Unis est-il vraiment citoyen américain ? Ressortait ainsi son formulaire d’inscription en 1979 à l’Occidental College de Los Angeles où Barack Obama, alias Barry Soetoro, du nom du second mari de sa mère, avait, en vertu de sa qualité d’Indonésien, sollicité – et obtenu – l’aide financière accordée aux étudiants étrangers par la célèbre Fondation Fulbright. Dès lors se posait la question cruciale de la « légitimité d’Obama à occuper la présidence », dix-huit dossiers dans ce sens ayant été déposés à la Cour suprême par des membres de la très active association « Americans for Freedom of Information ».
Une légitimité considérée comme douteuse avant même l’élection du « Messie » qui, selon certains membres de sa famille paternelle, dont sa propre tante, serait né à Monbasa au Kenya, et non à Hawaï, et qui n’avait jamais fourni que des photocopies de ses documents d’identité. Mais, la controverse étant cette fois alimentée et utilisée par le magnat de l’immobilier et des médias Donald Trump, qui se verrait bien en candidat investi par le Parti républicain, il fallait en finir.
Le 27 avril, lors d’une conférence de presse retransmise par toutes les chaînes de télévision, le président produisait donc le certificat de naissance délivré le 4 août 1961 par la maternité de Kapiolani, à Honolulu. De quoi faire taire les mauvaises langues. A ceci près que les mots BARACK HUSSEIN OBAMA y apparaissent en gros, alors que l’intéressé a toujours veillé à gommer son second prénom et, bien qu’ancien élève d’une école coranique en Indonésie, à se proclamer fervent chrétien.
La polémique a donc rebondi une fois de plus, cette fois à propos de la véritable appartenance religieuse du métis. Quoi de mieux, pour mettre fin à ce qu’il qualifie d’ « ignoble cabale à visée raciste » que d’apparaître, nouveau John Wayne, comme l’homme qui a tué Liberty Valance – pardon, Oussama Ben Laden, l’idole des djihadistes de tout poil, le phare du fondamentalisme islamique, l’ennemi public de la libre Amérique et de l’Occident depuis les massacres du 9-11 qu’il est censé avoir imaginés et commandités ?
Après l’élimination du personnage « le plus haï des États-Unis », exit l’exotique et ambigu Barack Hussein, reste le seul Mr President, celui qui aura mené à bien la mission sacrée que le très White-Anglo-Saxon-Protestant George W. Bush n’avait pu accomplir.
« Justice has been done », justice est faite, pouvait-il donc proclamer le 1er mai sans risque d’être contredit alors même que dans un pays où la Cour suprême a solennellement condamné la loi de Lynch, même si les procès de Nuremberg ont médiocrement illustré ce beau principe, toute bonne justice doit passer par un procès équitable, avec possibilité pour l’accusé de se défendre.
La servilité de Paris
Un point de détail qui semble avoir échappé aux gouvernants hexagonaux puisque, quelques heures plus tard, l’Élysée, sur son compte Twitter, puis le ministre des Affaires étrangères reprenaient servilement l’expression « Justice est faite », Alain Juppé affirmant en outre, au micro de France Inter le 2 mai au matin, « se réjouir de la mort de Ben Laden ».
Certes, on le savait déjà depuis le titre du fameux éditorial signé le 12 septembre 2001 par Jean-Marie Colombani, alors directeur du Monde, « Nous sommes tous des Américains », mais cette liesse semble singulièrement déplacée, ou en tout cas fort peu politique, à l’heure où quatre mille de nos soldats combattent en première ligne en Afghanistan – pour une cause que nul ne s’est jamais donné la peine de nous exposer clairement – et que six Français sont otages de différentes filiales d’Al Qaïda. Quelques jours après avoir sangloté sur le triste sort des huit Français tués dans l’attentat vraisemblablement commis par des djihadistes le 28 avril dans un café de Marrakech essentiellement fréquenté par des touristes venus en famille (et non, ce qui eût été à la rigueur plus compréhensible, membres de la jet-set décadente ayant envahi et perverti l’ancienne capitale impériale du Maroc), MM. Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont-ils mesuré le risque mortel qu’ils faisaient courir à nos compatriotes ? Une source proche du dossier des Français prisonniers d’AQMI au Sahel a ainsi exprimé à l’AFP son extrême inquiétude.
Car il se pourrait bien que, comme tant d’autres avant lui, Oussama Ben Laden, qui était un peu oublié, apparaisse « plus grand mort que vivant » et devienne le martyr de la cause arabe, le symbole des frustrations et des revendications arabo-musulmanes contre les « Croisés », surtout après la liquidation tout aussi brutale de Seif al-Arab, le plus jeune des fils Kadhafi, disparu ainsi que sa femme et ses jeunes enfants dans le bombardement de sa maison par des avions de l’OTAN.
Auquel cas le tant célébré « printemps arabe » prendrait un nouveau et encore plus dangereux tournant.
Camille Galic
03/05/2011
Note
(*) Depuis 2008, l’activité mondiale des services financiers du Carlyle Group est pilotée par le banquier franco-américain Olivier Sarkozy, demi-frère de notre président. Sa mère, Christine de Ganay, se remaria avec l’ambassadeur états-unien Frank Wisner, spécialiste du Machrek et du Moyen-Orient et proche des « agences ». C’est à ce titre que le diplomate fut dépêché au Caire en février dernier par le Département d’État.
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