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Multiculturalisme et immigration : une gauche de plus en plus maladroite

Multiculturalisme et immigration : une gauche de plus en plus maladroite

par | 21 octobre 2023 | Politique, Société

Multiculturalisme et immigration : une gauche de plus en plus maladroite

Par Nicolas Gauthier, journaliste à Boulevard Voltaire et écrivain ♦ Face à l’hystérie mélenchoniste et aux conséquences de l’immigration, de plus en plus de figures d’une gauche « modérée » semblent se rendre compte qu’elles ont fait fausse route. Retour sur ce mouvement de fond avec un article publié dans Boulevard Voltaire que nous reproduisons ici pour nos lecteurs.
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À chaque jour sa nouvelle défection, avec intellectuels ou donnés comme tels, qui passent à l’Ouest, comme on disait du temps de la guerre froide. À force d’y perdre progressivement plumes et têtes pensantes, le poulet progressiste sera bientôt nu.

Ainsi, Jean-Louis Burgat, pur produit de la médiocratie ambiante (Europe 1, France Inter et Canal+), admet-il aujourd’hui sur CNews, face à Pascal Praud : « Ce qui se passe dans le monde m’oblige à oublier un certain nombre de certitudes. » Pour donner une onction philosophique à son reniement idéologique, il va jusqu’à citer Emmanuel Mounier et l’une de ses sentences : « L’événement devient notre maître intérieur. »

C’est-à-dire qu’aucune construction intellectuelle ne saurait durablement tenir, face au choc du réel. Et de finir par reconnaître : « J’étais persuadé qu’on pouvait tous vivre ensemble. C’était mon dada, ma réflexion ultime. Je pensais que ce monde multiculturel pouvait exister. Et je suis de plus en plus inquiet, pour ne pas dire plus… » Ce n’est pas tout à fait Miss France qui découvre un monde cruel ; mais pas très loin.

Déjà, Alain Finkielkraut et Régis Debray…

Dans un registre semblable, la remise en question d’un Jean-Louis Burgat n’a rien d’inédit et d’autres que lui, et bien avant lui, en sont déjà arrivés aux mêmes leçons de vie. Le 14 juillet 1989, déjà, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, un certain Alain Finkielkraut dénonce, dans une tribune publiée dans Le Monde : « Le 14 juillet multi-tribal de Jean-Paul Goude nie l’importance de la mémoire culturelle comme facteur d’identité nationale […] La nation disparaît, au profit des tribus, et la littérature au profit de la musique planétaire […] Il ne faut pas croire, malgré la démagogie antiraciste dont cette mutation s’enrobe, que la France deviendra plus ouverte à mesure qu’elle deviendra moins nationale, et qu’elle cédera la place à la juxtaposition de ghettos, qui auront pour seuls éléments fédérateurs le son électronique et la télévision. »

Au même moment, Régis Debray, autre figure tutélaire de la gauche intellectuelle, semble effectuer la même révolution copernicienne, avec ces mots, toujours publiés dans le même quotidien : « L’humiliation de l’État-nation par les tribus élève les féodalités et la canaille […] Avec le slogan inepte des « États-Unis d’Europe », on nous annonce une petite Amérique, mais on nous prépare un grand Liban […] Si la République une et indivisible n’est plus assez forte pour faire que la loi et l’école soient les mêmes pour tous […] ce sera la guerre de tous contre tous. »

La matrice Jean-Pierre Chevènement…

Bref, l’ambiance d’il y a trente ans, pour qui savait lire certains intellectuels de gauche, n’était déjà pas au « vivre ensemble » et à la « bienveillance inclusive ». Une tendance, à l’origine marginale, mais qui devient vite lame de fond à l’occasion du référendum sur le traité de Maastricht, en 1992. Car c’est à cette occasion qu’un Jean-Pierre Chevènement, héraut d’une gauche républicaine et jacobine, ou Philippe Séguin, son pendant de droite, suscitent bien des vocations. Chez les jeunes pousses ayant subi son influence, il y aura Natacha Polony, l’actuelle madone de l’hebdomadaire Marianne, Élisabeth Lévy, celle du mensuel Causeur ; et même un certain Éric Zemmour. À croire que la droite qui pense aujourd’hui nous vient de la gauche d’hier. Il est vrai que dans la droite française, la méfiance vis-à-vis de la sphère intellectuelle a toujours été de mise. Des « coupeurs de cheveux en quatre », des « intellos enfiévrés »… Et puis, des idées, pour quoi faire, alors qu’on a Jean-Pierre Raffarin pour cerveau d’appoint ?

À ce titre, la victoire de la droite, ou plus précisément la défaite de la gauche, doit plutôt beaucoup à cette dernière. Jacques Attali, par exemple, qui reconnaît désormais la nécessité des frontières et du protectionnisme, économique comme politique. Voire, même, dans une autre gauche moins assujettie aux concepts fumeux, celle de Laurent Tapie, par exemple, fils de qui vous devinez et qui, à propos des deux débats ayant opposé Jean-Marie Le Pen à son père, reconnaît désormais que le Menhir avait raison.

Sans surprise, le peuple était déjà bien conscient de ce retour au réel, avant que des intellectuels ne viennent lui expliquer ce qu’il avait compris depuis longtemps.

Nicolas Gauthier
21/10/2023

Source : Boulevard Voltaire

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