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Un peu d’islamologie pour 2017

Un peu d’islamologie pour 2017

par | 27 décembre 2016 | Médiathèque

Un peu d’islamologie pour 2017

« De Mulhouse à Strasbourg » comme dans la chanson, mais même à Nice ou à Paris, les marchés de Noël sont sous haute surveillance de crainte des attentats djihadistes (dont l’un, prévu pour la période de l’Avent dans la capitale, aurait été télécommandé de Syrie mais déjoué en novembre selon Bernard Cazeneuve, qui a annoncé le démantèlement du réseau), ainsi que les églises où plane l’ombre du père Hamel, égorgé en pleine messe par des fous d’Allah le 26 juillet à Saint-Étienne de Rouvray. C’est dire que, cette année, l’« esprit de Noël » n’est pas, si l’on ose dire, à la fête.

Pour rester dans l’air du (mauvais) temps, et mieux connaître ceux qui nous l’amènent, pourquoi ne pas s’offrir, ou offrir, quelques livres sur la religion dite « de paix et de tolérance » ? Cela tombe bien, les vitrines en regorgent.

« L’islamo-business, vivier du terrorisme », de Jean-Paul Gourévitch

Docteur en sciences de l’information et de la communication, ancien enseignant à l’Université de Paris XII et spécialiste de l’Afrique et des migrations, Jean-Paul Gourévitch est l’auteur de multiples ouvrages sur la question dont le fameux Les migrations pour les nuls, La Croisade islamiste, mais aussi L’Immigration, ça coûte ou ça rapporte et, tout récemment, Les migrations méditerranéennes en 2015 dont il chiffre le coût pour les contribuables français à 1,38 milliard d’euros. Tous ces travaux ont conduit celui qui se définit comme « ni islamophile ni islamophobe » à s’intéresser aux sources de financement du djihadisme, et notamment à l’« économie informelle (« travail illégal + fraudes [sociale, fiscale, dans les transports publics] + contrefaçons et piratages + trafics divers + vol + prostitution) », dont il avait déjà, en 2012, estimé qu’elle « représentait 17% du PIB national, soit 340 millions d’euros… avec une perte pour l’Etat de 60 milliards d’euros ».

Gigantesque business, donc, qui, affirme notre auteur, alimente les filières terroristes dont l’équipement n’est guère coûteux – 1000 euros pour une kalashnikov, trois à quatre fois plus pour un bazooka – et assure « une large redistribution au niveau du groupe, du quartier et des organisations “amies” auxquelles sont octroyés des “dons” ». D’autant qu’au niveau international s’y ajoutent, outre les subsides considérables versés par les régimes musulmans voulant acheter la paix religieuse, telle la famille royale séoudienne qui, à elle seule, allonge « 12 à 15 milliards de dollars, l’argent des rançons, que la France affirme vertueusement ne pas payer, mais on n’est pas obligé de la croire, celui de la piraterie finançant le djihad des shebab somaliens, mais aussi, dans les pays arabes, et comble de cynisme : la jizya, payée par les dhimmis ; censée leur donner droit à la protection, elle est le plus souvent utilisée pour financer les achats d’armes et rémunérer les combattants »… dont l’objectif est l’extermination des chrétiens. Comme on l’a encore vu le 11 décembre au Caire où un attentat à la bombe revendiqué par l’Etat islamique a massacré plus de vingt-cinq Coptes orthodoxes en pleine messe dominicale !

Dans ce livre fourmillant de renseignements et de chiffres puisés aux meilleures sources, Jean-Paul Gourévitch ne se borne pas à disséquer les sources de l’argent sale et surtout salement utilisé par les partisans d’un Califat à vocation universaliste : il étudie également les zones géographiques les plus touchées par l’islamisme de combat, soit l’Indonésie, l’Asie centrale, le Moyen-Orient, la Corne de l’Afrique, l’Afrique subsaharienne et le Maghreb, en particulier l’Algérie, rongée par le chômage et la corruption et « engluée dans une culture de guerre qui conjugue islamisation et moralisation » – mais le Maroc n’est pas indemne, qui serait « le pays le plus vulnérable de l’axe méditerranéen » car « la mouvance islamique s’y nourrit du mal-être d’une population dont près de la moitié vit au-dessous du seuil de pauvreté » et qui est « tentée par le retour au fondamentalisme, surtout dans les villes où la pauvreté attise la haine ».

Or, c’est de la trop prolifique Afrique subsaharienne, du Maghreb et maintenant d’Érythrée ou de Somalie que viennent la plupart de nos immigrés et des actuels migrants qui, déçus dans leurs rêves d’Eldorado européen, se tournent vers les imams exacerbant leurs rancœurs et/ou sombrent dans la délinquance, ce qui les conduit en prison où la propagande ultra-islamiste fait rage. Envoyés au trou pour vols, trafic de haschich ou outrages à « personne dépositaire de l’autorité publique », nombre de petits voyous, à peine élargis, ambitionnent de se sublimer en « soldats du Califat » comme le montre l’auteur en étudiant « les étapes de l’itinéraire » vers le Djihad. Étapes facilitées par le tentaculaire et protéiforme islamo-business et par l’énorme flux de capitaux qu’il engendre.

« J’étais pas au courant que c’étaient des terroristes ! », de Philippe Herlin

C’est cette phrase, on s’en souvient, qui avait rendu célèbre Jawad Bendaoud, logeur à Saint-Denis d’Abdelhamid Abaaoud, le responsable opérationnel des attentats de novembre 2015 à Paris, qu’il prétendait avoir hébergé pour la seule raison qu’on lui avait « demandé de rendre service ». Le bonhomme était-il le crétin qu’il prétendait être ou le complice déterminé des terroristes islamistes ?

Ce qui est sûr, c’est que Jawad avait suivi « l’itinéraire » décrit par Jean-Paul Gourévitch puisque, avant même sa majorité, il avait trucidé en 2006 « d’un coup de tranchoir en plein thorax » un autre jeune pour une sombre histoire de téléphone volé. Après un réquisitoire très mesuré de l’avocat général Haffide Boulakras expliquant que le trancheur avait « porté volontairement un coup », certes, mortel, « mais sans l’intention de tuer », il s’en tira avec huit ans de prison qu’il ne fit qu’à moitié, pour se livrer ensuite à divers petits trafics.

Ce qui est sûr aussi est qu’en jouant les naïfs en 2015, Jawad pratiquait en virtuose la taqiya qui, trouvant sa source dans le Coran, « permet et justifie le mensonge et la tromperie, spécialement quand le musulman se trouve en situation de faiblesse ». Philippe Herlin consacre de longs développements à la taqiya, à juste titre puisqu’elle explique pourquoi tant de terroristes s’étant illustrés ces deux dernières années étaient considérés par leur voisinage comme de bons garçons parfaitement intégrés, levant le coude, courant les filles (ou les garçons, comme le Tunisien Mohamed Lahouaiej Bouhlel, l’exterminateur de la Promenade des Anglais à Nice) et que nul n’aurait pu soupçonner de radicalisation.

Sur les six à quinze millions de musulmans qu’abrite la France selon les différentes sources, combien cachent ainsi leur jeu de mort ? Notre auteur se réfère à juste titre aux dernières élections tunisiennes, à l’occasion desquelles, dans les deux circonscriptions de France, les Tunisiens installés chez nous et les binationaux ont accordé au parti islamiste Ennahda jusqu’à 33,70% des voix. Il cite également un sondage britannique assez terrifiant selon lequel « quatre musulmans sur dix souhaitent que la charia soit instaurée dans les zones où ils sont majoritaires » au Royaume-Uni.

« Peut-on vivre avec ces gens-là ? », s’interroge-t-il, « La réponse est évidemment négative. » Mais comment, loin « de l’amalgame et de la peur de l’amalgame », régler le problème ? « Par la loi […] Une loi qui criminalise ce qui ne l’est pas, ou insuffisamment, c’est-à-dire tout ce qui relève de l’islamisme au sens large […] Il ne s’agit pas d’une épuration ethnique mais d’une épuration judiciaire, oui », nécessairement à l’échelle européenne puisque le problème se pose à tout le continent. Ce qui est « peut-être un mal pour un bien car voilà qui permettrait de resserrer les liens entre toutes les nations européennes pour en faire une force inexpugnable ».

Utopique ? Irénique ? Chimérique ? Peut-être, mais Philippe Herlin n’est pas un songe-creux. Il est économiste de profession, ce qui ne l’empêche pas d’écrire d’une plume si alerte que ses arguments portent.

Camille Galic
15/12/2016

Références

  • Jean-Paul Gourévitch, L’islamo-business, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2016, 210 pages.
  • Philippe Herlin, J’étais pas au courant que c’étaient des terroristes ! Ed. de Paris/Max Chaleil, 2016, 72 pages.
Camille Galic
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