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Les punaises de lit au pays des cloportes

Les punaises de lit au pays des cloportes

par | 6 octobre 2023 | Politique, Société

Les punaises de lit au pays des cloportes

Les punaises n’ont jamais eu bonne réputation. « Oh ! punaise ! », l’expression populaire désuète nous le rappelle, et quand une personne est qualifiée de punaise, ce n’est jamais pour la valoriser. Mais la punaise avait presque disparu, elle est de retour et, semble-t-il, en force. Apparemment, il est plus difficile pour le gouvernement de confiner les punaises que les Français. Les punaises permettent cependant à quelques politiciens de faire des effets de manche.

Le débat français sur la punaise, qui fait rire la presse du monde entier, est une nouvelle preuve de l’affaissement du niveau de nos politiciens au-delà même de l’inénarrable Mme Panot et de sa fiole à punaises de lit à l’Assemblée. « Une vague de panique saisit le pays, les punaises de lit prolifèrent dans tous les lieux du quotidien. Elles font vivre un calvaire aux millions de nos concitoyens infestés. Elles leur font perdre le sommeil, provoquent de la paranoïa et les isolent socialement », a martelé la députée du Val-de-Marne. La patrie est en danger. Sur les réseaux circule un texte marocain désopilant qui propose aux Français l’aide du Maroc face au fléau avec une allusion au rejet par le Maroc de l’aide française pour le tremblement de terre de l’Atlas.

À chacun son ressenti catastrophique. On retiendra tout de même la communication de l’illustre Olivier Véran qui ne cesse d’émerveiller. La punaise de lit est la preuve du réchauffement climatique. Avant les années 60 il devait donc y avoir en France un réchauffement dont on n’a pas parlé. La punaise provient des voyages et déplacements de la mondialisation décidément peu heureuse. Ce sont donc, pour Véran et la Macronie, les riches et irresponsables touristes qui prennent l’avion, en se moquant de la pollution, vers des destinations exotiques et lointaines, qui ramènent les punaises de lit. Cela, c’est politiquement correct, on peut le dire. En revanche, invoquer le rôle des migrations et des migrants, notamment clandestins et donc sans contrôles sanitaires, c’est interdit. Le touriste français de Djerba ramène la punaise, le clandestin qui passe de la Tunisie à Lampedusa puis à Menton, non. Le porte-parole du gouvernement a précisé que les contaminations n’étaient pas circonscrites à la France. « Du fait du réchauffement climatique, le phénomène prend de l’ampleur dans tous les pays à fort impact touristique », a précisé Olivier Véran en prenant l’exemple de la ville de New York « il y a quelques années ». New York en 2023 se mobilise contre l’immigration qui détruit, selon son maire, la ville, mais la punaise, c’est le touriste, décidément.

C’est pourquoi sans doute la motion transpartisane anti-punaises de Renaissance ne concernera que les partis de l’arc républicain, excluant La France insoumise et le RN. Mais c’est le RN qui les gratouille. Ça, c’est du cordon sanitaire ! La punaise ne passera pas et le fascisme non plus ! Quant à Mélenchon qui dit du mal de la France au Maroc, on espère qu’il sera contrôlé sanitairement à la frontière, ce qui n’est certes pas le cas de ses chers clandestins.

Faudra-t-il fermer les frontières comme pour la Covid ? Il y a des ressemblances dans le discours politico-médiatique. Le rôle des médias dans une crainte naturelle qui tourne à la psychose montre bien la fragilité des Français face aux messages de ceux qui veulent nous formater pour notre bien. Quand les médias posent la question : « Faut-il s’inquiéter ? », dix fois par jour sur tous les sujets, la réponse étant incluse dans la question, la population panique maintenant immédiatement.

Mais la lutte exigée par les Français contre la punaise de lit risque de se heurter à une difficulté. Certains écologistes ou animalistes ne vont-ils pas dénoncer un génocide programmé contre de gentilles petites bêtes qui ont le droit de vivre. Toutes les bêtes ne sont pas des bêtes à bon Dieu, certes ; les puces, poux, moustiques, cafards et autres termites sont là pour le prouver. Et la punaise de lit est le nouveau grand Satan des petits démons… Ce racisme largement anti-insectes a de quoi inquiéter. Faut-il s’en inquiéter, punaise ?

Pierre Boisguilbert
06/10/2023

Pierre Boisguilbert
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