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Les J.O. 2024 en Seine-Saint-Denis : une folie criminelle ?

Les J.O. 2024 en Seine-Saint-Denis : une folie criminelle ?

par | 6 juillet 2022 | Politique, Société

Par Camille Galic, journaliste et essayiste ♦ C’est le 26 juillet 2024 à Paris que débuteront les prochains Jeux olympiques, dont nombre d’épreuves se dérouleront dans la Seine-Saint-Denis, où prendra place le fastueux « village des médias », édifié à Dugny sur l’Aire des vents qui accueillait autrefois la Fête de L’Huma et où seront logés plus de 2 000 journalistes venus du monde entier. Comment être sûr qu’à l’occasion de cette « grande fête du sport » l’on ne reverra pas l’invraisemblable chaos ayant régné le 28 mai dans l’enceinte et aux alentours du Stade de France, à Saint-Denis, avant et après la finale de la Ligue des champions remportée par le Real Madrid face à Liverpool ?

Stade de France : Darmanin en flagrant délit de mensonge

Un mois, c’est le temps de la réflexion pris par Gérald Darmanin pour admettre, le 28 juin, que ce chaos n’était pas dû aux seuls supporters anglais, alors décrétés par lui ultra-violents et coupables d’une « fraude massive, industrielle et organisée de faux billets ». « Est-ce que le Stade de France aurait dû être mieux géré ? La réponse est oui. Est-ce que j’en ai une part de responsabilité ? La réponse est oui. Je m’excuse [sic] bien volontiers pour [re-sic] tous ceux qui ont subi cette mauvaise gestion », a en effet admis sur RTL le ministre de l’Intérieur.

Si grande soit sa mauvaise foi, il lui aurait en effet été difficile de maintenir que tout s’était passé pour le mieux dans le meilleur des mondes après les auditions menées par la commission d’enquête du Sénat et accablantes pour le pouvoir, pris par tous les témoins – spectateurs britanniques mais aussi espagnols ou représentants de l’Union des associations européennes de football, l’UEFA – en flagrant délit d’incapacité et surtout d’« effarant déni de la réalité » selon le mot d’Alain Finkielkraut. « Ce qui était censé être un week-end merveilleux à Paris s’est transformé en expérience terrifiante… Vos mensonges sans fin et vos faux récits n’ont fait qu’amplifier notre traumatisme. On ne les pardonnera jamais », avait ainsi exposé Ted Morris, président de l’Association des supporteurs handicapés de Liverpool, en enjoignant Gérald Darmanin « de retirer [ses] accusations sans fondement et d’avoir la décence de démissionner ». Ce que n’a évidemment pas fait le personnage qui, le 4 juillet, a été officiellement reconduit dans ses fonctions et promu numéro trois du gouvernement par Emmanuel Macron.

Percée du RN aux législatives : l’effet Stade de France ?

Au nombre de ces accusations infondées, « l’extrême violence » des visiteurs livipuldiens (alors que, les reportages l’avaient montré, beaucoup étaient venus en famille et que leur âge moyen dépassait la cinquantaine ; pas exactement des hooligans, donc) et le fait que « 30 000 à 40 000 d’entre eux » auraient été en possession de faux billets, évidemment refusés par les bornes d’accès électroniques avec pour conséquence une cohue contre laquelle la police avait dû déployer les grands moyens.

Or, devant les sénateurs, le représentant de l’UEFA a été formel : moins de 2 800 billets avaient été falsifiés, soit un dixième du chiffre avancé par Darmanin. D’où la cruelle conclusion de François-Noël Buffet, président de la commission des lois du Sénat, qui a présenté ses « excuses » aux Britanniques et demandé que justice soit faite : « Contrairement à ce qui a été dit ici même par le ministre de l’Intérieur, les supporteurs anglais n’ont pas été à l’origine des incidents. »

La Seine-Saint-Denis, territoire de non-droit

Passant ce léger détail par profits et pertes, celui qui a l’audace de se présenter comme « fils d’une femme de ménage » alors que sa mère est la concierge-intendante du siège de la Banque de France (où elle dispose d’un vaste et confortable appartement de fonction) a reconnu du bout des lèvres sur RTL que « s’il y a quelque chose qui s’est mal passé au Stade de France ce soir-là, c’est la lutte contre la délinquance », dont il s’est d’ailleurs bien gardé de préciser l’origine. Mais, là encore, les reportages et surtout les vidéos tournées par les visiteurs espagnols qui, comme les Anglais, en ont été victimes, sont édifiants. Les meutes de voyous qui, s’acharnant de préférence sur les femmes et les handicapés, les ont violentés et dépouillés, n’avaient rien d’européen. De même que les « jeunes » qui, escaladant les clôtures du stade et sautant bornes et barrières, avaient impunément occupé les tribunes auxquelles, brutalement refoulés par la police sur l’ordre exprès du préfet Didier Lallement, l’éborgneur des Gilets jaunes, les aficionados de Liverpool n’avaient pu dès lors accéder. Des méfaits que n’auraient pu commettre les racailles sans la complicité de certains stadiers, en grande partie originaires du « 9-3 » où est situé le Grand Stade.

La Seine-Saint-Denis, département pilote de la tiers-mondisation de la France

Sur RTL, Darmanin a aussi convenu du « nécessaire changement d’organisation à faire ». En effet, cela urge, deux ans seulement nous séparant de la tenue des Jeux olympiques, notamment dans la Seine-Saint-Denis, Ce choix est-il judicieux ?

Le 15 février, le socialiste Stéphane Troussel, président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, lançait la plate-forme en ligne « Toutes et tous volontaires », « véritable outil de formation et de valorisation des compétences des Séquano-Dyonisien·ne·s » de 16 à 30 ans, invités à « adresser en avant-première leurs candidatures à PARIS 2024, avec l’ambition que plusieurs milliers de bénévoles des Jeux soient issu·e·s de Seine-Saint-Denis » sur les 45 000 participant à l’événement. « Afin d’encourager la réussite de ce dispositif, précise M. Troussel, le Département s’appuiera sur le soutien de ses partenaires locaux·ales, notamment sur les villes et leurs services jeunesse, sur les missions locales, les universités, les associations ou encore les clubs sportifs pour orienter les publics concernés et intéressés vers la plateforme “Toutes et tous volontaires”. »

Parmi les associations consultées figure sans doute en bonne place l’Observatoire des discriminations créé en novembre dernier par le camarade Troussel et qui veille jalousement à la promotion des « racisés », de plus en plus nombreux : 75 % des moins de 18 ans nés dans la Seine-Saint-Denis sont d’origine allogène et cette masse devrait encore augmenter avec le grand chelem réalisé dans les douze circonscriptions du « 9-3 » par des candidats de la NUPES, dont le nouveau président de la commission des finances, Éric Coquerel, participait le 28 juin à la Marche des solidarités et la Coordination de lutte des sans-papiers dont il exigeait « la régularisation […] contre le racisme, l’égalité des droits et la justice sociale ». Cependant qu’au soir du second tour, « sous le coup de la colère face au score du RN », sa suppléante, la très bronzée Manon Monmirel, avait posté ce tweet incendiaire : « Que la France et tous les Français aillent niquer leurs mères. Pays de fascistes. »

Selon l’analyse du ministère de l’Intérieur à partir des données de la police et de la gendarmerie, les vols avec armes ont augmenté en mai de 21 % dans notre pays, les vols violents sans arme de 28 % et les violences sexuelles de 15 %, les hausses étant plus spectaculaires encore en Seine-Saint-Denis. On souhaite bien du plaisir aux athlètes, aux touristes et aux journalistes qui, à l’occasion des JO, s’aventureront dans ce département béni. Ils auront intérêt à s’entraîner auparavant au close combat.

Une sécurité déjà très compromise

Certes, Tony Estanguet, président du comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, a répété le 26 juin sur France Info que « la sécurité est au cœur des préoccupations de Paris 2024 » qui, pour ce faire, s’engage à recruter « 20 000 agents de sécurité privée », effort « sans précédent ». Plaisanterie selon Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT et membre du comité d’organisation des JO, assez sceptique sur la capacité de l’État-Macron à « faire de ce temps fort une totale réussite ». « Nous avions estimé les besoins à 22 000 agents, déclarait-il le 3 juillet au JDD. Et encore, c’était une évaluation basse ne comprenant pas les initiatives des municipalités qui ouvriraient des fan zones ou autres. Nous ne les aurons pas. Je l’ai dit et je le redis : nous ne disposons pas aujourd’hui des effectifs suffisants pour assurer la sécurité des JO. »

Et si par miracle on arrive à les réunir, qui seront-ils, d’où viendront-ils ? Ancien grand maître du Grand Orient de France, le criminologue Alain Bauer est tout aussi pessimiste que le cégétiste. Pour lui, ainsi qu’il l’a affirmé sur France 5, « la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 est une folie criminelle. Il n’y a rien du point de vue de la sécurité et de la sûreté des athlètes, des organisateurs et du public qui est envisageable sous cette forme-là ».

Pour se consoler, on peut toujours se dire, après Bainville, que « le pire n’est jamais sûr ».

Camille Galic
06/07/2022

Source : Correspondance Polémia

Camille Galic

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