Le « bobardement médiatique », selon l’indépassable formule du regretté ADG, va être intense. La récupération du 80e anniversaire du débarquement est « l’espoir ultime et l’ultime pensée » de la macronie européiste aux abois.
Emmanuel Macron, entre affolement et manipulation
Il y a déjà le tir de préparation. Des cercueils aux pieds de la tour Eiffel, c’est l’ingérence russe avec des drapeaux et l’inscription « soldats français de l’Ukraine ». C’est Poutine, on comprend bien, qui tente d’influer en faisant peur aux électeurs au profit, bien sûr, des pro-russes, suivez mon regard. Des affiches électorales du RN citant l’armée et la gendarmerie, on n’est pas loin de l’appel au putsch. Ça ne fait que commencer. Aussi subtil que la grosse Bertha, le président s’invite une fois de plus dans la campagne européenne. Il est paniqué et il commet impair sur impair mais ne peut s’en empêcher.
À l’occasion des 80 ans du débarquement en Normandie et à quelques jours des élections européennes, Emmanuel Macron sera en direct depuis Caen, où le chef de l’État participe à plusieurs cérémonies commémoratives. Il reviendra sur ces sujets ainsi que sur l’actualité internationale en Ukraine et à Gaza, ont précisé TF1 et France 2 dans un communiqué commun. Son discours à la Sorbonne le 25 avril avait finalement été décompté dans son « intégralité » pour son camp.
Dans une lettre dont Le Figaro dévoile le contenu, Éric Ciotti s’inquiète du fait que le chef de l’État devrait s’exprimer sur la situation internationale, la politique de l’Union européenne et le soutien français à l’Ukraine. « Tous ces sujets, accuse-t-il, ont un lien direct avec l’élection européenne du 9 juin et l’intervention de M. Emmanuel Macron ne peut être regardée comme l’action habituelle d’un président de la République. » De plus, pour le chef de file de la droite LR, « aucune actualité internationale pressante ne justifie » une telle prise de parole présidentielle à la veille du scrutin européen.
Manon Aubry pour LFI fait une démarche similaire auprès de l’Arcom.
Il faut sauver le soldat Hayer
L’affolement a saisi également le jeune prodige Gabriel Attal. Celui qui devait descendre en flammes Bardella en est réduit à être le parachute ventral de Valérie Hayer. Une scène surréaliste montrant la duplicité du service public est racontée par France Info elle-même. C’est Valérie Hayer, tête de liste Renaissance aux élections européennes, qui a ouvert la matinée « Demain l’Europe » sur France Info, lundi 3 juin. Et alors qu’elle répondait en direct aux questions d’Émilie Tran Nguyen et de Nicolas Prissette, Gabriel Attal s’est présenté sur le plateau de l’auditorium de Radio France. Le Premier ministre a profité de sa présence à la Maison de la musique et de la radio, où il venait d’être interviewé dans le « 8h30 franceinfo », pour faire un crochet par l’auditorium pour, dit-il, « venir encourager Valérie ». La tête de liste l’a salué d’un « Monsieur le Premier ministre… Salut, Gabriel ! » avant de lui céder la parole pendant ses quelques minutes d’interview. Interrogé ensuite, François-Xavier Bellamy a dénoncé cette intervention, « improvisée ». « Chez nous, ce sont les candidats qui font campagne », a fustigé la tête de liste des Républicains. « On a vu le nouveau joker “j’appelle un ami” qui semble être de plus en plus utilisé par la candidate de la majorité. […] Je suis peiné qu’il y ait des gens autour d’elle qui ont l’impression qu’ils font mieux campagne qu’elle. J’ai du respect pour Valérie Hayer : quand on a une candidate et qu’elle est tête de liste, la moindre des choses, c’est de laisser la candidate faire campagne. »
Quelques heures plus tard, Macron était à Clairefontaine pour se montrer aux côtés des Bleus et surtout de Mbappé avant son départ pour Madrid. À deux semaines précisément de l’entrée en lice des Français face à l’Autriche dans l’Euro 2024 organisé en Allemagne, Emmanuel Macron était à Clairefontaine, ce lundi midi, au Centre national du football. Le chef de l’État a déjeuné avec les joueurs et le staff de l’équipe de France auxquels il a transmis ses encouragements pour une compétition que les Bleus n’ont plus gagnée depuis 24 ans. La voilà, la nouvelle ligne bleue des Vosges. Mais, bien sûr, ce n’est encore rien par rapport au 6 juin. On aura droit à tout et surtout au retour du nationalisme porteur de guerre qui menace la formidable construction européenne des Veil et Delors. Ce n’est plus 44, c’est 33. Et pour éviter 39 il faut couper non pas la route du fer mais la route de Bardella. Le D-Day de Macron pourrait cependant déboucher le 9 sur une sorte de Sedan macroniste. Ce serait peut-être l’occasion de le débarquer.
Pierre Boisguilbert
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