L’arme fatale dégainée par BFM TV pour contrer le phénomène Pascal Praud a fait pschitt. C’est l’échec de tout un système médiatique, hier dominant et monolithique, face au « parler différemment » de CNews.
Par son traitement de l’actualité proche des 70 % de Français qui trouvent qu’il y a une immigration incontrôlée liée à un danger culturel et à une explosion de certaines criminalités, la petite chaîne de Bolloré est devenue la petite bête (immonde, bien sûr) qui monte, qui monte, qui monte. Alors le système médiatique qui pense à 80 % le contraire, si bien représenté par Olivier Fogiel à la tête de la chaîne de Drahi, a trouvé la solution : faire monter au créneau une valeur sûre, Laurent Ruquier.
Cela n’aura pas duré trois mois. Laurent Ruquier a jeté l’éponge, un revers cinglant pour l’idéologie médiatique.
Car c’est ça, Ruquier, l’entre-soi de gens ayant les mêmes idées, les mêmes goûts, les mêmes attirances, les mêmes répulsions, avec une loi d’airain : « seuls nos amis auront du talent ». Mais ce petit monde donneur de leçons, pratiquant un humour à sens unique et des indignations à géométrie variable, les Français n’en veulent plus.
Fogiel ne pouvait pas le comprendre : il en fait partie ; et Ruquier ne l’a pas vu venir : il en vit (bien) depuis si longtemps, sous les applaudissements de ses semblables. Comme il a du talent – quand on dure on a forcément un certain talent –, BFM a cru qu’on pouvait faire, en le plaçant au « 20 heures », une « grosse tête » à Pascal Praud. Pour eux, Praud, c’est au mieux un beauf populiste, au pire un facho non assumé. Et c’est ce vulgaire qui taille des croupières d’audience à la chaîne de la bien-pensance. L’horreur absolue.
Et c’est donc « jubilatoire », pour reprendre une expression usée jusqu’à la corde par les journalistes qui veulent prouver, en présentant des sujets, qu’ils ont du vocabulaire. Cela va avec « le ressenti », « lourdement armé » et l’admiration envers celles et ceux, mais plutôt celles, qui cassent les codes et font bouger les lignes.
Mais pour le moment, ceux qui cassent les codes et font bouger les lignes, ce sont Pascal Praud et CNews.
CNews : Fissure dans le barrage médiatique politiquement correct
Pour le conformisme des talibans médiatiques moralisateurs, c’est un échec qui devrait être instructif. Mais, on le sait, sûrs de leur supériorité en tout, ils ne tirent jamais leçon de rien. Au pire, ils s’en inquiètent, « Faut-il s’en inquiéter ? » étant également une phrase culte du journalisme ambiant.
C’est le cas apparemment du Monde, maître à penser, après Plenel et Libération, de la caste gardienne des valeurs autoproclamées à jamais à gauche du journalisme français.
C’est un échec qui tombe mal pour BFM TV, dépassée en audience, ces dernières semaines, par sa concurrente CNews. Laurent Ruquier a annoncé, mardi 26 décembre, arrêter l’émission quotidienne qu’il animait le soir depuis seulement trois mois. « Je préfère m’arrêter là […], force est de constater que le public ne m’a pas suivi autant que nous l’espérions dans ce rôle différent pour moi », a-t-il écrit dans un message interne dévoilé par le journal Le Parisien puis publié sur le réseau social Instagram. Après vingt-trois ans de divertissements à la télévision sur France 2, l’humoriste avait créé la surprise en rejoignant BFM TV pour y animer, depuis le 25 septembre, « Le 20 h de Ruquier », du lundi au jeudi de 20 heures à 21 heures, une émission de débats sur l’actualité.
Selon les données de Médiamétrie transmises par BFM TV, la « case Ruquier » a réalisé 1,1 % de part d’audience entre le 25 septembre et le 21 décembre, 0,1 point de plus que ce que la chaîne faisait à la même époque en 2022. Mais en face, sur CNews, « L’heure des pros 2 », de Pascal Praud, émission connue pour son ton et ses invités, a fait largement mieux, avec 3,8 % de part d’audience cette saison.
Pascal Praud a toutefois rendu hommage, souligne Le Monde, à l’animateur sur le réseau social X : « Bravo à Laurent Ruquier de toujours tenter de nouvelles aventures, de prendre des risques. Ceux qui le critiquent n’ont pas la racine carrée de son talent. »
On peut penser, n’en déplaise à nos excellents confrères de référence, que cette grandeur d’âme sur un réseau, diabolique tout de même, a été accompagnée par un petit sentiment de satisfaction… Jubilatoire.
Pierre Boisguilbert
28/12/2023
Crédit photo : Starus [CC BY-SA 3.0]
- Les carnets du major Barnier - 5 octobre 2024
- Les médias déchaînés contre Barnier et Retailleau : haro sur les cathos ! - 23 septembre 2024
- Michel Barnier Premier ministre : le RN au centre du jeu - 7 septembre 2024