Claude Meunier-Berthelot, enseignante, essayiste.
C’est la poursuite de la mise en œuvre du plan de destruction de l’identité française.
La rentrée de Najat Vallaud-Belkacem (NVB pour les intimes) est marquée par une remarquable continuité, tant en ce qui concerne la « refondation » de l’Ecole pour nos enfants que pour celle de l’éducation dite « prioritaire », c’est-à-dire en faveur des publics des ZEP (Zones d’éducation prioritaires) dont les contours ont été remodelés pour mieux être resserrés sur les populations immigrées et désormais appelés REP (Réseaux d’éducation prioritaires ) et REP+ pour ceux qui rencontrent le plus de difficultés.
Dans sa conférence de presse de rentrée du 25 août 2015, NVB l’a bien signifié : cette rentrée est marquée par « la consolidation de la “refondation” de l’Ecole, c’est la troisième année de sa mise en place ».
Donc, rien de nouveau sur les principes, mais une avancée fort inquiétante sur les mesures prises.
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Belkassine recrute …
Monsieur Sarkozy avait supprimé des postes d’enseignant et la gauche avait crié « haro ! » sur le baudet… pour la forme. En réalité, Sarkozy avait préparé le travail de ses suivants en supprimant des postes d’enseignant afin qu’ils soient remplacés ultérieurement par du personnel sans qualification et mettre ainsi en œuvre plus facilement la révolution de l’Ecole sans l’obstruction des enseignants – des vrais !
C’est ainsi que Vincent Peillon avait annoncé la création de 60.000 postes d’ici la fin du quinquennat, ce qui a été traduit dans le public par « postes d’enseignant ».
En réalité, dans sa conférence de rentrée 2015, NVB nous assure que « la promesse-phare du président de la République de créer 60.000 postes nouveaux dans l’éducation nationale sera respectée d’ici la fin du quinquennat ».
« Aujourd’hui – dit-elle – nous en sommes à 35.200 postes créés : cela permet (…) de mettre en œuvre les réformes de la refondation ».
Remarquons la finesse du propos : 60.000 postes « nouveaux », certes, mais de quels postes s’agit-il ? De même pour les 35.200 « créés », et elle ajoute : « Cela permet de mettre en œuvre les réformes de la refondation », ce qui est exact, mais elle oublie d’ajouter « sans remous », car de quoi s’agit-il en réalité ?
Emplois-avenir-professeurs
Ces postes sont des « emplois-avenir-professeurs », formule non brevetée de Vincent Peillon. NV Belkacem ne reprend pas la formule, mais que dit-elle à ce sujet ?
Qu’elle « se réjouit de la mise en place de la “formation initiale” (…) qui connaît une attractivité de plus en plus forte (…) elle devient la voie naturelle de l’accès au concours de l’enseignement ».
Qu’en termes fumeux ces choses-là sont dites !
Alors, faisons un « arrêt sur image ».
Quelles sont les conditions de recrutement de ces concours résultant de la loi du 26/06/2012 et du décret en Conseil d’Etat du 15/01/2013 ?
« Les candidats sont recrutés par les Etablissements publics d’enseignement après avis d’une commission – pour vérifier les aptitudes à courber l’échine et non les diplômes. Ces conditions de recrutement « s’adressent aux étudiants boursiers sur critères sociaux, et aucune condition de nationalité n’est exigée » !!!
« Sont prioritaires notamment : « les étudiants – non diplômés, 1re ou 2e année de licence ou 1re de master – qui ont résidé au moins deux ans dans une ZUS (Zone urbaine sensible), dans une ZRR (Zone de revitalisation rurale) ou dans un DOM (St Martin, St Barthélemy, St Pierre-et-Miquelon) ou qui ont effectué au moins deux années d’études secondaires dans un établissement situé dans une de ces zones ou dans un établissement relevant de l’éducation prioritaire » !!!
« Un contrat de droit privé est conclu pour une durée d’un an au cours duquel le bénéficiaire – qui peut effectuer des missions semblables à celles d’un assistant d’éducation, d’un assistant pédagogique ou d’un auxiliaire de vie scolaire – dispose d’un tuteur et doit se présenter à un des concours de recrutement d’enseignants », autrement dit, au concours de l’IUFM/ESPE qui le formatera entièrement : c’est ce que NVB appelle la « formation initiale » et « ce mode de recrutement devient la voie naturelle de l’accès à l’enseignement ».
Il est facile d’imaginer de quel enseignement il va s’agir ! Et dans ces conditions, il ne peut y avoir que « bousculade au portillon » ; c’est ce que NVB appelle une « attractivité de plus en plus forte », se targuant du fait que 100% des postes sont pourvus dans le 1er degré et 90% dans le 2nd degré.
On trouverait des candidats à moins !
Contrats de service civique
En complément de ces emplois-avenir-professeurs, sont recrutés, dès la rentrée, 5.000 jeunes en « service civique » – 37.000 étant prévus d’ici la fin du quinquennat – dont les missions consistent à « contribuer aux activités pédagogiques citoyennes à l’école primaire, accompagner des projets artistiques, culturels, sportifs, développement durable… ».
Ce « service civique » existe en France depuis 2010 et, devenant « service civique universel » au 1er juin 2015, il se métamorphose en un droit pour tout jeune qui se présente pour un « contrat de service civique ».
Ce contrat consiste donc en un engagement volontaire ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans, sans condition de diplômes : « Tout jeune déscolarisé, étudiant, salarié à temps partiel (…) peut s’engager dans un contrat de service civique de 6 mois minimum à 12 mois maximum pour un volume horaire hebdomadaire de 24 heures minimum (…) dans des associations ou collectivités qui remplissent le critère de mission d’intérêt général dans 9 domaines jugés prioritaires par le gouvernement : culture et loisirs, action humanitaire, éducation, environnement, urgence, mémoire et citoyenneté, santé, sport, solidarité », chaque jeune étant suivi par un tuteur qui l’accompagne dans ses missions.
Autrement dit, on ne voit pas bien la différence, tant au niveau des conditions de recrutement, des missions, que de la précarité du contrat, entre un « emploi-avenir-professeur » et un « service civique ». Ces derniers constitueront forcément et également une voie d’accès aux concours des IUFM/ESPE pour ceux qui le souhaiteront et ces jeunes viendront se joindre au bataillon des incompétents pour enseigner, mais compétents pour animer.
Ils sont rémunérés sur la base mensuelle nette d’environ 573 euros financés par l’Etat, avec un supplément de 106,39 euros pour les étudiants déjà bénéficiaires d’une bourse sur critères sociaux ou du RSA, ce qui fait un revenu maximal de 680 euros par mois.
Quant aux jeunes en « emplois-avenir professeurs », ils sont rémunérés sur la base du SMIC et à l’heure, ce à quoi s’ajoute une indemnité forfaitaire de 217euros. L’horaire ne dépassant pas 17 heures 30 par semaine, le total maximum est de 889 euros par mois.
Réserve citoyenne
Comme si cela ne suffisait pas, 4.600 personnes de la société civile constituent ce qui est appelé la « réserve citoyenne » de l’Education nationale, personnes sans compétences particulières, « pour permettre aux bonnes volontés de la société civile de s’engager aux côtés des enseignants et des équipes éducatives dans la promotion des valeurs de la République », personnes recrutées sur la base du bénévolat.
Voilà le profil du personnel d’encadrement destiné à nos enfants dans le cadre de la « refondation » de l’Ecole, c’est assez dire que la révolution de l’Ecole « lieu d’instruction et de formation intellectuelle » en « lieu de vie » est bien en marche et a tout lieu de nous faire réagir.
Programmes
Les « programmes » (sic) corroborent cette révolution.
NVB nous fait part, sans rire, des nouveaux « programmes » (sic) pour l’école élémentaire et le collège conçus par… le Conseil supérieur des programmes par cycle : un seul cycle pour l’école maternelle, puis 3 autres cycles : CP+CE1+CE2, puis CM1+CM2+6e, et enfin 5e+4e+3e.
« Les programmes sont moins prescriptifs », dit Belkassine, « on fait plus confiance aux enseignants ». En clair, cela signifie : pas de programmes ! Evidemment ! Dans un lieu de vie, tout est laissé à l’appréciation des animateurs !
L’Education prioritaire
NVB nous parle de la nouvelle carte de l’éducation dite « prioritaire » : 1.089 « zones d’éducation prioritaires » (ZEP) déjà existantes viennent de voir leurs contours remodelés pour se resserrer uniquement sur les populations immigrées et mettre en place la « refondation » de l’éducation dite « prioritaire » pour laquelle 350 millions d’euros sont engagés. Elles prennent le nom de « réseaux d’éducation prioritaires » (REP et REP+).
1.089 réseaux d’éducation prioritaires correspondent donc à une moyenne de 10 par département et représentent 8.000 écoles primaires, soit 18% des écoliers. D’autre part, 20% des collégiens sont scolarisés dans les REP. A noter aussi que le nouveau département de Mayotte est entièrement classé en REP !
Pour appliquer cette politique, 110.000 enseignants – des vrais – sont recrutés.
Recrutement du personnel
Les conditions de recrutement du personnel pour l’éducation dite « prioritaire » n’ont rien à voir avec celles des personnels destinés à nos enfants.
Les enseignants – de vrais enseignants – bénéficient d’une « formation spécifique », formule volontairement laconique pour laisser à penser qu’il s’agit d’une formation seulement destinée à faire face à des publics plus difficiles.
En réalité, le référentiel de l’éducation dite « prioritaire », axé uniquement sur le savoir à acquérir, le travail, les exigences, les contrôles, les résultats, marque la réalité d’une véritable école d’excellence comme elle existait autrefois pour nos enfants et que nos gouvernants s’acharnent à détruire.
Bien que l’histoire ne le dise pas, c’est un personnel formé assurément à l’ESEN-ESER (en clair Ecole supérieure de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche), pour laquelle aucune publicité n’est évidemment faite alors qu’elle reçoit 9.000 stagiaires par an.
Basée au Futuroscope de Poitiers, elle est notamment « chargée de la formation continue pour favoriser l’adaptation des compétences de l’ensemble des personnels aux évolutions des enjeux du système éducatif ».
La rémunération de ces personnels enseignants se fait sur la base de celle des professeurs d’école et de collège et bénéficie de 50% supplémentaires pour ceux qui enseignent en REP, 100% supplémentaires pour un enseignant certifié, ce qui fait, pour un débutant en école primaire en REP, un traitement de 2.250 euros nets par mois et, pour un enseignant certifié, environ 2.500 euros nets !
Pour ceux qui enseignent en REP+, la rémunération est d’environ 3.000 euros nets en école primaire et 3.400 euros nets pour un professeur certifié. Rien à voir avec le personnel au rabais destiné à nos enfants !
NVB avait déjà prévenu quand, invitée du 20 heures de TF1 le 12 mai 2015, elle avait martelé : « On va mettre le paquet sur les établissements concernés ».
A nous aussi de « mettre le paquet » pour contrer massivement cette politique meurtrière pour l’avenir de notre pays !
Claude Meunier-Berthelot
1/09/2015
Voir le compte rendu de son livre C’est l’identité française qu’on assassine ! par Bernard Mazin :
Correspondance Polémia – 2/09/2015
Image : Ecole