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Conférence de presse du président de la République du 16 mai 2013 à Paris : commentaires franco-allemands

Conférence de presse du président de la République du 16 mai 2013 à Paris : commentaires franco-allemands

par | 19 mai 2013 | Europe

Conférence de presse du président de la République du 16 mai 2013 à Paris : commentaires franco-allemands

Puisqu’on le disait non visible, François Hollande a décidé de sortir de la tranchée et de donner l’assaut. La conférence de presse donnée le 16 mai à Paris par le président Hollande était attendue comme un événement européen par les journalistes de la presse française, mais également par les confrères étrangers. Si, du côté français, le clivage habituel est resté le même, la gauche louangeuse, la droite assassine, à l’étranger, et notamment en Allemagne, les avis furent plus nuancés et surtout plus interrogatifs.
Polémia présente à ses lecteurs deux sons de cloche. Le premier émane d’un site d’informations et de commentaires politiques européen que Polémia cite parfois et qui retrace sous forme d’articles courts les grands événements : il s’agit de PressEurop. Le second est un commentaire, signé de Raoul Fougax, mis en ligne sur le site français Metamag, que nos lecteurs lisent parfois sur nos pages.
Polémia

Hollande relève le défi de Merkel (Presseurop)

« Une offre française pour l’Europe, enfin ! » : Le Monde salue l’orientation européenne donnée par le président français lors de sa conférence de presse du 16 mai.

Ce fut une adresse. Aux Européens et à l’Allemagne. Lors de sa conférence de presse, François Hollande a enfin abandonné l’esquive et la politique de la chaise vide européenne qu’il pratiquait depuis son élection. […] En affirmant que la France devait être un « trait d’union » entre le Nord et le Sud de l’Europe, le chef de l’État renonce à fédérer les pays latins contre l’Europe germanique.

Le quotidien estime par ailleurs qu’en appellant à « un gouvernement économique » de la zone euro, François Hollande prend au mot Angela Merkel, qui avait proposé, il y a un an, une union politique. A l’époque, il avait critiqué une proposition vide. Aujourd’hui, il lui donne un « contenu ». Prendre les Allemands au mot, c’est la bonne stratégie. Il y a de nouveau une offre française sur la table européenne. Enfin ! Mais celle-ci ne sera crédible que si M. Hollande met en ordre la maison France.

En Allemagne, les propos de François Hollande ont été reçus avec beaucoup moins d’enthousiasme. Die Welt estime ainsi que sa « soi-disante offensive contient essentiellement des mesures que son prédécesseur avait déjà présentées », qu’il s’agisse du gouvernement économique européen que Sarkozy avait demandé en octobre 2008 devant le Parlement européen à Strasbourg ou de l’idée des obligations européennes qui pour des raisons tactiques ne s’appellent plus eurobonds chez Hollande, afin que les Allemands têtus les acceptent un jour.

Concernant son adresse à l’Allemagne, Die Welt rétorque que l’on doit interpréter l’attitude de Hollande qui consiste à « pester notoirement contre l’austérité allemande non seulement comme un positionnement idéologique, mais aussi comme une mesure tactique » : en se présentant comme celui qui lutte contre le spectre du diktat de l’austérité à la Merkel, il essaie de gagner en marge de manœuvre pour, dans le meilleur des cas, faire passer des réformes impopulaires. Angela Merkel devrait donc continuer de lui servir de punching-ball européen pendant encore un peu de temps.

Sources : Presseurop, Le Monde, Die Welt
17 mai 2013

Le Coup de bluff de François Hollande, Général Coué

Mais qui se ralliera à son panache rose ?

Puisqu’on le disait non visible, François Hollande a décidé de sortir de la tranchée et de donner l’assaut. « En avant et tous derrière moi ». Reste qu’il n’est pas sûr que les troupes suivent et que l’attaque soit décisive.

Sa conférence de presse n’a pas été un échec sur la forme. Hollande est bon et il est sympathique. Mais cela ne suffit pas. Cela ne suffit pas pour convaincre une opposition qui ne lui trouve aucune vertu, sans grande surprise. Cela ne suffit pas et c’est plus grave, pour entrainer ceux qui pensent qu’il est dans une stratégie de trahison molle de ses promesses socialistes de campagne.

On est impressionné ou interloqué par un optimisme assez surréaliste. Le décalé entre sa confiance et le ressenti des français, démontré par tous les sondages, est un abime vertigineux. Cela ne semble pas le troubler. Il continue à affirmer que la courbe du chômage va s’inverser. C’est en contradiction totale avec la situation de récession et la baisse du pouvoir d’achat qui condamne la relance par la consommation.

Un espoir : la reprise européenne

C’est pourquoi il veut un gouvernement économique européen, nouveau renoncement quoi qu’il en dise à la souveraineté de la France dont il a tant parlé. Et il est vrai que si la France est gouvernée pour l’essentiel par l’Europe, le remaniement n’est plus une nécessité. Voila donc les ministres en place confortés mais avertis. Il faut maintenant se rallier au panache blanc du président et ne pas jouer les francs-tireurs. Fabius a dû sentir le vent du boulet. Son Opa sur Bercy et peut-être sur Matignon semble avoir fait long feu.

Quant à l’ouverture politique, c’est niet-niet à Borloo et Bayrou et niet à Mélenchon. Les deux premiers sont certainement très déçus. Mélenchon, lui, aura eu la preuve d’une ligne très peu favorable à la gauche de la gauche, une ligne sociale démocrate pas vraiment assumée et même pour certains sociale libérale.

La presse très sévère avec le président depuis quelques temps n’a semble-t-il pas été convaincue. La deuxième conférence de presse du chef de l’Etat a encore une fois peu convaincu les éditorialistes. Si le Président a parlé d' »offensive », les journaux voient, dans le volontarisme sans changement de cap affiché, au mieux un « pari » osé, au pire un « optimisme de commande ». « Il y a dans ce contraste entre une situation dont chacun reconnaît qu’elle est désastreuse et l’optimisme de commande du chef de l’État quelque chose de proprement stupéfiant », commente Alexis Brézet, le directeur du Figaro. François Hollande s’est voulu « offensif » face à la récession mais La Croix l’a trouvé « très peu disert sur les réformes de structure ». « Il a esquivé la question des changements en profondeur nécessaires pour dynamiser l’économie française, mais il n’est pas certain que la correction de son image suffise à retrouver un peu de confiance ».

La confiance, c’est la clé de la réussite de la méthode Coué bien sûr. Personne ne peut dire le contraire. « C’est en réalité un pari sur l’avenir. Tous les indicateurs économiques ne devant pas repasser au vert avant au moins un an, le président de la République s’en remet à un hypothétique retournement de tendance », écrit Yann Marec du Midi libre, concluant : « François Hollande a misé gros. Hier, il a fait tapis avec peu de sous. »

Coup de bluff donc dans l’attente d’une divine surprise. Y croit-il ?

Raoul Fougax
Source : metamag.fr
17/05/2013

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