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Fillon a été bon, mais ce n’est plus le même homme. Le jour où Droopy a montré les dents

Fillon a été bon, mais ce n’est plus le même homme. Le jour où Droopy a montré les dents

par | 10 février 2017 | Politique

Raoul Fougax, journaliste, essayiste

La droite et le centre avaient choisi un programme dur présenté par un homme mou. Le décalage entre le fond et le ton était pour Fillon un handicap. Il n’y est pour rien, mais il est devenu plus dur que son programme.

Il importe peu de savoir s’il a été sincère et s’il a tout dit (ce serait bien étonnant). Il est sincèrement convaincu qu’on a voulu sa peau en salissant sa femme et il a dit ce qu’il avait à dire. Il a sa vérité de l’affaire et cette vérité l’a changé.

Cela curieusement en a fait un présidentiable parlant comme un chef et s’imposant comme tel à ses troupes… Ces dernières n’attendaient que ça.


On peut parler de contrecoup d’Etat de Fillon, au sein des siens, bien sûr, mais aussi contre certains magistrats et la presse. Ceux qui ont faibli ou commencé à le lâcher vont avoir maintenant à faire face à la colère d’un homme de rancœur qui semble avoir compris que la vengeance est un plat qui se mange froid.

Il a compris aussi la nature du Système qu’il combat et qui veut abattre tout ce qui est classé à droite : une idéologie de gauche qui, minoritaire, reste dominante dans certains milieux et qui permet les connivences entre magistrats politisés et journalistes militants. Il s’en est pris aux deux. Fillon n’a jamais aimé les journalistes. Il les regarde maintenant avec un mépris accru et une animosité indiscutable. Ils en font trop, seulement quand cela sert leurs préférences partisanes.

De même, il considère que certains procureurs tordent la loi pour accroître leurs pouvoirs au mépris même de la séparation des pouvoirs et que le judiciaire militant veut avoir la main sur le politique élu. Sarkozy avait la même analyse mais Sarkozy s’est déballonné et n’a rien fait pour rétablir un contrôle éthique des dérives politiciennes qui ont mis à bas, tout de même, la présomption d’innocence et le secret de l’instruction. D’ailleurs, sans revenir sur son opinion sur Sarkozy qui, mis en examen, n’aurait pas dû se présenter, Fillon reconnaît qu’il change d’approche sur ce qu’on a fait subir à son meilleur ennemi.

Et au lendemain de cette conférence de presse, comme par hasard, Sarkozy est renvoyé devant un tribunal pour l’affaire Bygmalion, une affaire pour laquelle il a déjà été condamné et un renvoi décidé par un juge sur deux : pain bénit pour la droite qui juge de l’impartialité de la justice. Une douzaine de personnes vont être jugées dans l’affaire Bygmalion. Parmi elles : Nicolas Sarkozy. Sauf recours, l’ancien chef de l’Etat comparaîtra pour financement illégal de campagne électorale pour avoir dépassé le plafond des dépenses d’un montant d’au moins 42,8 millions d’euros. Les plafonds étaient fixés à 16.851 millions d’euros pour le premier tour et à 22,5 pour le second tour. Mais un appel reste possible, puisque seul un des deux juges en charge du dossier a signé l’ordonnance de renvoi. En cas d’appel, l’ordonnance sera examinée devant la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris.

Voilà qui va renforcer le sentiment des militants de droite qu’il y a un problème avec une justice acharnée à interférer dans la vie politique avec le soutien d’une presse de gauche. L’affaire Fillon peut marquer un tournant car, si la transparence des élus est exigée, l’impartialité des magistrats doit l’être aussi. Il ne peut y avoir une justice pour le mur des cons et une justice pour le mur des bons.

Les Français sont divisés sur la sincérité de Fillon, mais convaincus que la presse en fait trop car elle n’est pas objective et que la justice a des comportements à géométrie variable assez suspects.

Il est temps de rééquilibrer les pouvoirs sans oublier le pouvoir qui interfère dans tous les autres : celui de l’information. Les journalistes et les magistrats ont le droit d’informer et d’enquêter puis de juger, pas celui de tenter de manipuler, par des articles ou des procédures déséquilibrées et à charge, le libre choix des électeurs.

La séparation des pouvoirs devient une connivence politicienne. Personne n’est à l’abri, surtout pas la démocratie dont ils se croient les saints inquisiteurs.

Raoul Fugax
7/02/2017

Source : Metamag.fr

Correspondance Polémia – 10/02/2017

Image : François Fillon dans le doute

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