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Éric Zemmour, la mort médiatique aux trousses

Éric Zemmour, la mort médiatique aux trousses

par | 24 septembre 2018 | Politique, Société

Conférence le 2 octobre à Paris : La stratégie du chaos, arme de la super-classe mondiale

Par l’Observatoire du journalisme ♦ Éric Zemmour est probablement l’essayiste le plus lu en France, du moins depuis une dizaine d’années. Chacun de ses livres se vend massivement, on voit Zemmour sur toutes les chaînes de télévision ou presque, on l’entend sur toutes les radios ou presque, ce succès est sans doute une des raisons pour essayer de l’en chasser. Il est cependant difficile de trouver ses essais, même un, dans nombre de médiathèques, comme si le goût des Français ne concernait pas les bibliothécaires du service public. Il est libre, Zemmour, et chaque fois qu’il publie un livre, l’ambiance oscille entre polémique et hystérie, les deux parfois.


C’est ainsi que le 16 septembre 2018, Éric (un prénom clairement identifiable à la culture française et européenne) Zemmour (un nom identifiable à la culture juive algérienne) était de passage dans l’émission Les Terriens du dimanche du vieux singe Thierry (référant de même plutôt à la culture française et européenne) Ardisson, lequel en frétillait d’autant plus d’aise que le dénommé Éric y a provoqué une polémique au sujet, justement, des prénoms. Les mots de Zemmour ? Il répond à l’entrepreneuse Hapsatou Sy qui ne comprend pas que l’essayiste puisse considérer que sa mère a eu tort de ne pas lui donner un prénom clairement identifiable à la culture française, par souci d’intégration. Comme cela s’est du reste longtemps pratiqué. Il explique aussi que l’on s’intègre mieux en s’appelant Éric qu’en portant un prénom à connotation étrangère. En un temps où prime l’émotionnel, Hapsatou Sy s’emporte et accuse l’essayiste d’insulter la France », propos qui sont d’évidence, concernant Zemmour, propres à lui faire monter la moutarde au nez. D’où sa riposte : « C’est votre prénom qui est une insulte à la France. Parce que la France n’est pas une terre vierge, c’est une terre avec une histoire, un passé, et les prénoms incarnent l’histoire de la France. » Ce sont les propos non diffusés publiquement dans l’émission.

Un petit rappel à la loi

Comme le signalait Frédéric Taddei, de passage sur Cnews, lui-même quelque peu chahuté un peu partout, pour avoir l’outrecuidance de lancer une émission (de débats démocratiques) sur la chaîne russe RT France, Zemmour n’a rien fait d’autre qu’exprimer une opinion, ce qui n’est pas encore interdit, au sujet d’un prénom et des pratiques en usage quant aux prénoms actuellement donnés dans les familles issues de l’étranger. Ce que conteste Hapsatou Sy, dans un rôle victimaire fort usité sur le territoire, considérant qu’elle a été atteinte dans son « identité » ; du coup, l’observateur l’ayant aperçu en train de s’offusquer chez Ardisson, et de clamer sa citoyenneté française, n’y comprend plus goutte : de quelle « identité » s’agit-il finalement ? Impossible de trancher en cette matière, madame Hapsatou Sy manquant de clarté. Par contre, une chose est certaine : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. », nous dit la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. Comme il ne semble pas interdit d’avoir une opinion relative au prénom de l’un de ses concitoyens, il peut paraître logique que les propos de Zemmour cadrent avec cet article 11 de la Déclaration. Hapsatou Sy, ayant fortement affirmé son statut de citoyenne française, et même indiqué qu’elle était plus française que Zemmour, n’en demande pas moins le 20 septembre 2018 que l’écrivain « ne soit plus invité sur les plateaux de télévision tant qu’il ne se sera pas excusé ». Autrement dit, madame Sy semble penser que la censure de la liberté d’expression peut se pratiquer hors du cadre des tribunaux dans la République dont elle se revendique. Un petit cours d’éducation civique ?

Zemmour fait jaser

C’est typiquement le genre de polémique rêvée pour tout directeur actuel de média officiel. Certaines réactions sont remarquables. Ainsi :

  • Libération, le 19 septembre, en la voix du chef Laurent Joffrin, y va de son « Salut les racistes », où il est affirmé que Zemmour aurait attaqué la personne Sy, alors qu’en fait il débattait de la nature de l’intégration par les prénoms, et ripostait à l’accusation d’insulter son interlocutrice, et que cela tomberait sous le coup de la loi. Joffrin d’écrire : « Il faut désormais appeler un chat un chat et Zemmour un raciste », phrase qui pourrait tomber sous le coup de la loi sur la diffamation. Joffrin en profite pour dire que Zemmour n’est pas le seul responsable, il y a des complices en ceux qui l’invitent pour répandre ses « insanités ».
  • Du côté de Télérama, le 18 septembre 2018, et de « ma vie au poste », signé Samuel Gontier les choses sont tout aussi nuancées : « Pour la énième fois, voici l’extrait vidéo dans lequel le « polémiste » Eric Zemmour explique à Hapsatou Sy que sa mère ne lui a pas donné le bon prénom : « Corinne, ça vous irait très bien. » La voix off précise : « Ce n’est que la partie diffusée de l’émission car les échanges en plateaux auraient été beaucoup moins cordiaux. » Parce que c’est « cordial » de disqualifier le prénom de son interlocutrice au nom du racisme et de la xénophobie ? ». Notons que racisme et xénophobie sont des catégories ressortissant du juridique et que Zemmour, jusqu’à preuve judiciaire du contraire, est innocent de ce racisme et de cette xénophobie à lui prêtés par Samuel Gontier, suite à l’opinion exprimée chez Ardisson.
  • Le 20 Septembre 2018, BFM TV annonce « une vague de soutiens pour la chroniqueuse après l’attaque de Zemmour» C’est même la grosse artillerie libérale libertaire des têtes d’affiche du parti des médias : Laurence Ferrari, en pôle position, puis Audrey Pulvar, Roselyne Bachelot, Cyril Hanouna (lequel ne perd pas le Nord), Nabilla (qui semble s’y connaître en intégrations), Booba ou le communiste Ian Brossat qui parle d’un Zemmour « nauséabond », ce qui pourrait sembler douteux au sujet d’un écrivain juif et algérien d’origine. Il est à noter qu’Ardisson et la direction de l’émission se sont désolidarisés de la plaignante au prénom dit-on insulté. Notons aussi que Sonia Rolland est sortie du bois. Comme souvent, nombre de personnes de cette sorte en profitent pour essayer de se refaire une beauté.
  • Daniel Schneiderman, de Arrêt sur images, hurle avec les rien pensants. Ainsi, Zemmour « vomit des provocations pétainistes et xénophobes » et il convient de se demander « que faire du poison Zemmour ? ». L’auteur dénonce ensuite les animateurs de télévision « complices »du « poison », et suppose que le goût d’Ardisson pour Zemmour tiendrait à une affaire de gros sous. C’est l’occasion de s’en prendre à La France Libre TV, média d’André Bercoff et Gilles-William Goldnadel, qui serait « d’extrême droite » (évidemment) et a le tort de proposer un abonnement de rentrée préférentiel en offrant un exemplaire du dernier livre de Zemmour aux impétrants. Il n’en faut pas plus à Schneiderman pour humer l’odeur du complot.

Quels enseignements ?

Cette affaire dit beaucoup de trois choses :

→ des médias dominants, dominés par la culture du bruit pour peu, de l’émotionnel et du buzz.

→ de l’état d’une « démocratie » dans laquelle l’expression d’opinions non médiatiquement dominantes voue leur auteur au pilori.

→ de l’état d’un pays où le multiculturalisme, après être devenu une religion, tourne à la secte.

Éric Zemmour n’a porté aucun jugement concernant Hapsatou Sy, ses origines ou sa couleur de peau. Il a simplement défendu une certaine idée de l’assimilation et de l’histoire de la France. Une opinion, de ce type d’opinions immédiatement considérées comme illégitimes en monde libéral culturel, par des minorités de plus en plus visibles qui paraissent soucieuses de virer les propriétaires des lieux qu’ils ont patiemment construit, au gré de la terre et des morts. Ce qui gêne au fond, c’est qu’il y ait encore des héritiers. Or, Zemmour ne parle que de cela, de l’héritage.

Observatoire du journalisme
24/09/2018

Source : OJIM.fr

Crédit photo : Eric Zemmour – Par Esby [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons

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