Au lendemain du vote européen, la presse du continent se concentre sur la situation française. La fuite en avant électorale du président désavoué intrigue.
Une élection et une dissolution qui font parler en Europe
« Coup de poker » est le terme le plus utilisé et la dissolution du Parlement permet aux médias déjà de ne plus parler de la déculottée du système qu’ils soutiennent majoritairement. Car la première leçon est ailleurs. Il s’agit d’un rejet en France et en Europe de la soumission. Les vrais insoumis, ce sont les listes patriotes et identitaires. Non à la soumission à une Europe mondialiste ; non à l’islamisation de nos civilisations, non au wokisme et à la dictature des minorités sexuelles. Un vote de notre civilisation qui ne veut pas mourir. C’est l’essentiel.
Le pari du barrage anti-RN
Macron aura tout de même permis de détourner l’attention. On a vu le soulagement de journaleux idéologiques et de commentateurs rassis de parler tout de suite d’autre chose. Maintenant, il n’est pas sûr que le RN gagne les législatives et encore moins qu’il ait intérêt à les gagner. Car la stratégie de Macron est double. Il met l’électeur face à ses responsabilités et pense qu’un vote de colère ne se transformera pas en vote d’adhésion à un gouvernement RN. Le deuxième pari est que le RN au pouvoir se brûlera les ailes et qu’un candidat de l’extrême centre pourra alors plus facilement l’emporter après son départ en 2027. Ce que le pouvoir n’a pas vu, c’est l’exaspération des Français face à l’outrecuidance des islamistes et le climat d’insécurité. Pour gagner, il va jouer encore de l’antifascisme. Cela peut il encore réussir ?
Bardella grand vainqueur
Pour les européennes, cela a été un échec total. Le président de dimanche soir, air lugubre et costume de croque-mort était bien loin du vibrion du débarquement de Normandie.
Son instrumentalisation a été un échec et, s’il n’est pas débarqué, il est mal embarqué. Attal qui voulait démissionner se retrouve malgré lui chef de la majorité dans un nouveau combat contre Bardella. L’arme fatale anti-Bardella a fait plouf, mais c’est un fusil à deux coups pour Macron.
Bardella est devenu l’étoile montante de la politique française, il est le grand vainqueur et sa photo est à la une de toute la presse française et européenne.
De multiples enseignements à travers l’Europe
Parmi les vaincus au niveau européen, les écolos et leur radicalité : ils sont emportés par le vent identitaire et social des élections et surtout par le bon sens Ce vent propulse au premier plan Giorgia Meloni, chef de gouvernement, chef d’une liste très nationale, et interlocutrice privilégiée du futur président (ou future présidente) de la Commission. Pour « Le Monde suisse » Le Temps, si Ursula von der Leyen appelle désormais à « construire un rempart contre les extrêmes », elle tend en même temps la main à Giorgia Meloni, à la tête de Fratelli d’Italia. La vague brune qui déferle sur l’Europe est au cœur de nombreuses tractations. Le nouveau visage du Parlement européen sorti des urnes le 9 juin est donc marqué par un virage à droite, avec une percée des formations de droite dure et d’extrême droite. Cela ne restera pas sans conséquences majeures sur des dossiers aussi importants que la guerre en Ukraine, les migrations ou encore les questions climatiques. En France, la progression du Rassemblement national, avec 32 % des voix, a créé un séisme politique, poussant Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée nationale. En Autriche, le FPÖ se hisse au premier rang, une percée historique. La Première ministre italienne Giorgia Meloni réussit également son pari avec son parti postfasciste Fratelli d’Italia qui a recueilli près de 29 % des voix. Et en Allemagne, l’AfD parvient, malgré les scandales, à dépasser les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz. Voilà pour les principaux résultats.
Bien sûr, le Fidesz du Premier ministre souverainiste hongrois Viktor Orbán a perdu des plumes tout en restant à la première place. Bien sûr, l’extrême droite a reculé dans les pays nordiques, au profit des partis de gauche et écologistes. En Pologne, le parti centriste proeuropéen du Premier ministre Donald Tusk est arrivé devant le parti nationaliste populiste Droit et Justice (PiS). Et en Slovaquie, la formation Smer-SD du Premier ministre prorusse Robert Fico qui a survécu à une tentative d’assassinat s’est fait dépasser par le parti libéral. Mais les progressions les plus marquantes de l’extrême droite ont eu lieu chez nos voisins directs. Au cœur de l’Europe. C’est bien ce qu’il faut retenir.
C’est ce que l’on retiendra donc, non pas pour s’en désoler, mais pour s’en réjouir. La vague brune est en fait une vague multicolore aux couleurs des nations européennes qui ont désavoué cette Europe dont Macron voulait être le leader alors qu’il n’est plus qu’un président français humilié par ses électeurs.
Pierre Boisguilbert
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