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Du Vatican à la Place Rouge : le pape et les empereurs

Du Vatican à la Place Rouge : le pape et les empereurs

par | 13 mai 2025 | Politique

Du Vatican à la Place Rouge : le pape et les empereurs

Le choix d’un nouveau pape a inspiré Pierre Boisguilbert. Entre rôle des médias et affrontement entre papes et empereurs, la tâche qui attend Léon XIV s’annonce ardue.
Polémia

Le nouveau pape Léon XIV face aux empereurs médiatiques

Décidément, les médias ne savent pas rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. La séparation des pouvoirs s’arrête à leur idéologie inclusive. Dans leur volonté de voir toujours ce qu’ils désirent, ils ont transformé hâtivement le nouveau pape Léon XIV en anti-Trump. Avec comme espoir l’excommunication, en tout cas au moins dans la communication. Leur obsession anti-trumpiste a relativement épargné Poutine, au moins un jour, l’homme tout de même dont l’une des références, Staline, avait demandé : « Le pape, combien de divisions ? »
La puissance du pape est, bien sûr, plus que relative. Les médias ont paradoxalement célébré une Église qu’ils détestent et salissent au quotidien pour encore une fois « faire de l’audience ». Cela confortera les catholiques dans leur espérance qu’il arrive que même le diable puisse porter pierre. Nos médias ont une courte mémoire et ils vont rarement au delà de 1945 et du pape Pie XII. On rendra grâce à Léon XIV d’avoir occulté la répétitive opération de récupération du 8 mai par le président Macron, son pontificat commence bien et illustre que les médias ne sont pas dupes de ce qui est convenu et obligatoire et de ce qui intéresse vraiment le téléspectateur et l’auditeur.

De Rome à Moscou : la guerre des symboles

Le 9 mai, place Rouge, c’est autre chose. C’est une commémoration vivante d’un pays en guerre, qui fait appel au passé pour vivre le présent et qui étale une puissance qui est loin d’être solitaire. Plus d’une vingtaine de dirigeants étrangers assistent ce jour du 9 mai en Russie aux commémorations des 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, couronnées par une grande parade militaire sur la place Rouge, constate Le Monde. Ce ballet diplomatique se déroule malgré les tentatives occidentales d’isoler Vladimir Poutine et les avertissements de l’Ukraine qui a dit voir toute participation étrangère comme « un soutien à l’État agresseur ». Le principal invité d’envergure à ces commémorations est le président chinois Xi Jinping, assis aux côtés de son homologue russe et d’autres dirigeants dans les tribunes, selon des images retransmises par la télévision publique russe. Le président Vladimir Poutine a assuré vendredi que « l’ensemble du pays, la société, le peuple » en Russie soutenaient l’offensive en Ukraine qu’il a lancée en 2022.
Il a également affirmé à la tribune que la Russie « a été et sera une barrière indestructible contre le nazisme, la russophobie, l’antisémitisme ».

Papauté et pouvoir : un équilibre instable

On est loin du sourire timide et empathique de la place Saint-Pierre. Le problème du pape, c’est qu’il est face à deux empereurs, celui d’Occident dans son propre pays, les USA, et celui de la troisième Rome, celle de Moscou, après la première et Constantinople. Opposer les papes aux empereurs est un exercice complexe et périlleux, comme l’histoire devrait le rappeler aux commentateurs du moment. Le conflit atteint son paroxysme sous le règne de Frédéric Barberousse avec la lutte du sacerdoce et de l’Empire. Le pape Alexandre III lance l’excommunication contre l’empereur et encourage l’insoumission des cités italiennes de la Ligue lombarde tandis que Frédéric suscite contre lui des antipapes. Finalement, Frédéric se relève de son excommunication en allant mourir en croisade en 1190. Le conflit reprend et s’envenime sous son petit-fils Frédéric II, à la fois empereur et roi de Sicile. Celui-ci rencontre des oppositions constantes suscitées par le pape et même son départ pour Jérusalem ne lui vaut pas absolution. Il meurt en 1250 et la papauté s’acharne contre le reste de sa dynastie. Le Saint Empire romain en sort très affaibli. Toutefois, la papauté ne parvient pas plus à imposer sa vision d’une théocratie mondiale.
Certains rêvent de voir Trump demain en robe de bure. La légende veut qu’Henri IV, sa femme et ses enfants, en chemise de bure, aient dû attendre, les pieds dans la neige à Canossa, que le pape accepte de le recevoir. Le recevant, le pape ne peut faire moins que de lever l’excommunication du roi. La levée de l’excommunication permet à Henri de triompher des seigneurs féodaux révoltés en Germanie. Mais il rompt de nouveau avec Grégoire VII, le fait déposer et fait élire l’antipape Clément III (Guibert de Ravenne), qu’il ne réussit pas à imposer hors de l’Empire (1080). Comme quoi rien n’est simple entre Rome et les empereurs. Et que dire de la France de Philippe le Bel (empereur en son royaume) et des papes sous la férule française en Avignon ?
Le mieux serait donc de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu… Pour le moment, le nouveau pape fait rêver les médias à une excommunication de Trump. Mais dès que Léon XIV se manifestera comme catholique de tradition, gardien du dogme sur les mœurs et la vie, il ne sera plus, dans l’Église cathodique, on peut en être sûr, en « odeur de sainteté ».

Pierre Boisguilbert
13/05/2025

Pierre Boisguilbert

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