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Dominique Venner : Pourquoi avoir choisi Notre-Dame de Paris ?

Dominique Venner : Pourquoi avoir choisi Notre-Dame de Paris ?

par | 23 mai 2013 | Société

En élisant comme lieu de son sacrifice Notre-Dame de Paris, Dominique Venner a surpris : surpris ses amis catholiques par une mort volontaire dans un lieu consacré ; surpris aussi ses amis connaissant, et parfois partageant, ses inclinations païennes. Jean-Yves Le Gallou tente ici d’INTERPRÊTER ce choix à partir des textes de Dominique Venner. Polémia

Il n’y a plus de lieu de souveraineté politique

Le geste de Dominique Venner a évidemment un sens politique : refuser « le grand remplacement », bien plus grave encore que « la détestable loi Taubira ». Mais la souveraineté française a déserté les lieux de souveraineté. Le Louvre est un musée. L’Elysée, un établissement de mise en œuvre de décisions prises ailleurs. L’Assemblée nationale, un théâtre d’ombres aux mains des lobbys. Y mourir serait dérisoire.

On ne meurt pas davantage devant une ambassade ou le quartier général d’un groupe de pression minoritaire.

Et puis, pour Dominique Venner, « quels que soient les mérites de l’action politique, ce n’est pas elle qui peut rendre aux Européens la conscience forte de ce qu’ils sont. Cette conscience de l’identité en tout, y compris en politique, appartient à l’ordre de la mystique ou de la croyance ».

Notre-Dame est un haut lieu de souveraineté spirituelle

Voilà sans doute pourquoi Dominique Venner a choisi « un lieu hautement symbolique, la cathédrale Notre-Dame de Paris, que je respecte et admire, elle qui fut édifiée par le génie de mes aïeux sur des lieux de culte plus anciens, rappelant des origines immémoriales ». Dès le premier siècle, les Gallo-Romains y honoraient Jupiter, Mars, Vénus et Cernunnos comme on peut le voir au Musée de Cluny. Depuis 850 ans, Notre-Dame de Paris, théologie de la lumière et quête de verticalité, est devenue le vaisseau du roman national. C’est le lieu de l’histoire et même de la très longue histoire de la France et de l’Europe.

Avec finesse et profondeur, l’abbé de Tanoüarn appelle l’attention sur le choix symbolique, pour l’ultime appel du sacrifié, d’un autel dédié à la Vierge Marie : une décision qui ne le surprend pas de la part d’un homme qui soulignait l’opposition entre la tradition européenne, qui respecte la femme, et l’islam, qui ne la respecte pas.

Je ne sais si cette hypothèse est juste. Mais il est clair que Dominique Venner a poursuivi son dialogue avec le christianisme lors de son « suicide-avertissement » (*).

Religion universelle versus religion identitaire

Nous touchons ici un point central du point de vue de Dominique Venner : pour lui les Indiens, les Arabes, les Chinois, les Japonais ont une religion identitaire, pas les Européens qui ont une religion universelle. C’était un atout tant que l’Europe était maîtresse du monde. Cet avantage se transforme en handicap quand l’Europe en recul est atteinte par les fléaux de la repentance et de la culpabilité :

« Les autres religions, même l’islam […], ou le judaïsme, mais aussi l’hindouisme, le shintoïsme ou le confucianisme, ne sont pas seulement des religions au sens chrétien ou laïc du mot, c’est-à-dire une relation personnelle à Dieu, mais des identités, des lois, des communautés ».

Ce qu’aux yeux de Dominique Venner le christianisme ne peut complètement apporter, précisément parce qu’il a une vocation universelle.

Retrouver la mémoire identitaire : Homère et les humanités

D’où la nécessité pour les Européens de retrouver leur riche mémoire identitaire :

« À défaut de posséder une religion identitaire à laquelle nous amarrer, nous avons en partage depuis Homère une mémoire propre, dépôt de toutes les valeurs sur lesquelles refonder notre future renaissance ».

Au moment de quitter la vie, Dominique Venner reste fidèle au De Viris illustribus de sa jeunesse. Mais c’est aussi à un retour aux humanités qu’il appelle. Par les textes, par les arts et par la tenue. C’est le discours d’un éveilleur de peuple qui a mis la peau au bout de ses idées. La mort de Dominique Venner n’est pas une fin mais un commencement.

Jean-Yves Le Gallou
22/05/2013

Sources

Jean-Yves Le Gallou

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