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Diplomatie française : avec Stéphane Séjourné, on ne change pas une équipe qui perd !

Diplomatie française : avec Stéphane Séjourné, on ne change pas une équipe qui perd !

Par Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples, La Nouvelle guerre des mondes et Bienvenue dans le meilleur des mondes ♦ Parmi les échecs de la présidence Macron, la diplomatie figure en très bonne place. Certes, cela ne motive pas trop nos concitoyens, plus préoccupés par les questions intérieures. En outre les médias mainstream pratiquent une omerta totale sur le désastre diplomatique macronien et préfèrent nous endormir avec les propos de Gérard Depardieu, les querelles internes à la famille d’Alain Delon, ou avec l’âge et l’orientation sexuelle de Gabriel Attal. En sept ans de présidence, Emmanuel Macron a pourtant réussi la performance de rendre la France, sur le plan international, à la fois inaudible et ridicule. Et le nouveau gouvernement Attal ne semble pas près d’inverser la tendance. Retour sur un désastre annoncé.

L’en-même-temps ne marche plus

Le désastre diplomatique français résulte d’abord de l’attitude enfantine et souvent méprisante d’Emmanuel Macron vis-à-vis de ses interlocuteurs, notamment africains. On se souviendra de la façon dont il traita publiquement le président du Burkina, invité par ses soins à aller réparer la clim. Ou de la géniale décision de nommer un ambassadeur pour les droits des LGBT, alors même que les pays africains considèrent les folies sociales comme une atteinte directe à leur identité et à leur culture.

Ensuite, Emmanuel Macron a prétendu appliquer l’en-même-temps aux relations internationales.
En France, l’en-même-temps fonctionne tant bien que mal grâce à l’appui permanent des médias et parce que la population s’est habituée à entendre ses politiciens promettre tout et son contraire depuis plus d’un siècle.
Mais, sur le plan international, les lamentables médias français n’ont aucune influence et les chefs d’États étrangers perçoivent l’en-même-temps macronien pour ce qu’il est : une manière de les prendre pour des imbéciles.

Les menteurs occidentaux

Ainsi Emmanuel Macron a prétendu jouer un rôle d’arbitre dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine ; mais à peine avait-il quitté le président Poutine, qu’il se précipitait à Kiev pour embrasser le président Zelensky devant les caméras. Comme si un arbitre pouvait ostensiblement souhaiter la victoire d’une équipe, sans perdre son crédit.

L’en-même-temps diplomatique fonctionne d’autant moins que tout le monde a compris que les Occidentaux, comme Emmanuel Macron, pratiquaient un double standard permanent, tout en invoquant haut et fort leurs prétendues « valeurs ».
Tout le monde sait désormais que, pour les Occidentaux, il y a le bon et le mauvais terrorisme, les bons et les mauvais dictateurs, les bons et les mauvais crimes de guerre, les bonnes et les mauvaises épurations ethniques, les bonnes et les mauvaises « frappes », au gré des intérêts de la surpuissance américaine. Donc que les dirigeants occidentaux sont des hypocrites et des menteurs.

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Le petit télégraphiste français

La dernière faute d’Emmanuel Macron a consisté à s’aligner en tout sur l’Allemagne – sous prétexte d’être « européen » – et sur les États-Unis. Mais il est vrai qu’il a sur ce plan parfaitement rempli la mission que lui avait confiée la davocratie : mettre un terme à l’exception française en détruisant son indépendance stratégique.
La France a donc perdu la crédibilité que lui offraient hier son rôle de puissance d’équilibre et son non-alignement sur la logique des blocs : aujourd’hui tout le monde sait que le président Macron n’est que le petit télégraphiste de l’Oncle Sam et de son correspondant en Allemagne ou à Bruxelles. C’est pourquoi plus personne ne nous écoute et tout le monde préfère s’adresser directement au patron, c’est-à-dire à Washington.

Et plus grave encore, puisque nous avons perdu la maîtrise de notre indépendance, nous perdons celle de notre sécurité, comme l’avait prévu, il y a 50 ans, De Gaulle fustigeant l’atlantisme : puisque nous voilà engagés au côté de l’Ukraine dans une confrontation sans issue de l’OTAN avec la Russie. Et pourquoi pas demain contre l’Iran, contre les pays musulmans ou contre la Chine ?

La diplomatie pour les nuls

Avec la nomination de Gabriel Attal, nos médias de grand chemin nous ont entretenus à l’envi du renouveau que cela allait magiquement induire. S’agissant de notre diplomatie, on peut sérieusement en douter, hélas !

D’abord le choix de Stéphane Séjourné comme ministre des Affaires étrangères suscite des interrogations : l’heureux élu s’est empressé d’affirmer qu’il n’était pas diplomate de formation mais que cela n’était pas un problème puisqu’il avait voyagé à l’étranger… Il a donc appris la diplomatie dans Le Guide du routard, ce qui n’a rien de rassurant.

Voilà surtout ce qui va sans doute impressionner ses homologues comme Sergueï Lavrov, Wang Yî ou Antony Blinken, par exemple. On imagine aussi que les Africains et les pays musulmans apprécieront d’avoir comme interlocuteur l’ancien conjoint gay de Gabriel Attal, pour la raison évoquée précédemment.
Rien de grave, direz-vous, puisque la politique étrangère reste le domaine réservé du président de la République. Mais on aurait pu espérer au contraire qu’un ministre expérimenté, au fait des réalités diplomatiques, conseille utilement un président malhabile !
Hélas, manifestement la macronie manque de ministres expérimentés. Qui se ressemble s’assemble, dit le proverbe…

Au secours de la défaite

La première sortie publique de M. Séjourné a consisté à apporter son soutien à l’Ukraine. Une sorte de serment d’allégeance atlantiste en quelque sorte.
On s’interrogera cependant sur l’opportunité d’une telle déclaration au moment où dans de nombreux pays occidentaux, y compris aux États-Unis, on commence à douter sérieusement de la nécessité de continuer à soutenir l’effort de guerre de l’Ukraine.
En déplacement à Kiev, la nouvelle Mecque des européistes, le ministre a ânonné son texte de soutien, inutilement agressif vis-à-vis de la Russie en outre, dans un français approximatif de surcroît. Quel symbole macronien : la France volant une fois encore au secours de la défaite.
Bien sûr, le pauvre débute dans la fonction et il fait ce que lui commande Emmanuel Macron.

Voilà cependant qui augure mal de son ministère et de notre avenir par la même occasion.

Michel Geoffroy
19/01/2023

Crédit photo : © European Union 2022– Source: EP [CC-BY-4.0]

 

Michel Geoffroy

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