Beaucoup de s’émouvoir du fait que le concours du CAPES pour accéder au poste de professeur des collèges puisse s’obtenir désormais à bac + 3, et non plus à bac + 5, en vertu de l’arrêté du 17 avril 2025, se référant à ce qu’il fut… il y a déjà pas mal de temps. Quelle importance, j’allais dire, puisque, en vertu de la révolution scolaire* en cours, l’école publique – qui arrime l’école privée sous contrat – n’est plus une école, et ce, du primaire à l’université puisque désormais basée non plus sur l’instruction et la formation intellectuelle en littérature, histoire, géographie, sciences… mais sur l’acquisition et le respect des valeurs – dites – de la République, appréhendées à travers un document essentiel, le « vademecum de la laïcité », érigé en bible en lieu et place des manuels d’histoire, de géographie, de lettres… Il faut bien comprendre que les professeurs qui essaient d’enseigner encore aujourd’hui sont les « derniers des Mohicans », et que le système scolaire public, euthanasié par ceux qui sont censés nous gouverner, est en train de rendre son dernier souffle, les prétendus CAPES – entre autres –, fortement dégradés, n’étant destinés qu’à abuser le public sur la réalité scolaire. En effet, d’ores et déjà, le CAPES ne vaut plus grand-chose, ayant subi ces dernières années de sérieux coups de boutoir par les réformes successives – 2009, 2013, 2021 –, et nous pouvons en donner une illustration à travers les différents types de CAPES : externe, interne et de la troisième voie (sic).
CAPES externe
Le CAPES externe est celui qui est obtenu après le cursus universitaire correspondant – depuis 2021 et jusqu’à ce jour : bac + 5.
En ce qui concerne le CAPES externe de maths 2024, un article de Camille Pineau dans Le Figaro étudiant du 26 décembre 2024 rend compte d’une épreuve de ce CAPES.
La première épreuve du concours externe était un QCM auquel il fallait répondre par « vrai » ou « faux » à des questions de proportionnalité, d’arithmétique et de géométrie !
Premier exemple : « Après une augmentation de 55 %, le coût d’un produit a baissé de 28 % ; le pourcentage d’augmentation total est de 27 %. Vrai ou faux ? »
Deuxième exemple : 3/11 = 0,272727272727.
Manon Chiappa, professeur de maths dans la région bordelaise, estime que « le niveau d’aujourd’hui est incomparable avec les épreuves en 2004… « … Ce qui peut surprendre », remarque la journaliste, « puisque depuis 2021 le CAPES est accessible uniquement aux étudiants inscrits en master 2 ou titulaires d’un bac + 5 ».
C’est bien évidemment la preuve que le niveau universitaire, suivant en cela celui du secondaire, est en chute libre, et pour cause !
Et le professeur de poursuivre : « Maintenant, davantage d’importance est accordée aux épreuves didactiques [!], ce qui est essentiel pour notre métier puisque ces compétences sont directement liées à l’enseignement ; il était nécessaire que le concours évolue dans ce sens » !
L’histoire ne dit pas si « Manon » est de la même famille que « Marlène » ! En tout cas, dans l’esprit, oui !
En ce qui concerne le CAPES de lettres 2024, France Info du 15 mai 2024 relaie le discours de Romain Vignest, président de l’Association des professeurs de lettres, qui relate le fait qu’aux oraux du CAPES au moins trois épreuves sur quatre évaluent la conformité du candidat avec le dogme pédagogique prescrit par l’Éducation nationale :
« On ne va pas vérifier qu’il maîtrise excellemment la littérature et la langue française… ce n’est pas ce qu’on évalue. […] Vous avez des gens qui parfois n’ont jamais lu un roman de Balzac ou qui souvent n’ont jamais lu une pièce de Racine… Ils ne savent même pas conjuguer le subjonctif. Parce que précisément ce n’est pas le savoir qu’on évalue. »
Ce qui se conçoit aisément, puisque l’objectif de l’école n’est plus d’instruire.
CAPES interne
C’est celui qui est obtenu traditionnellement dans le prolongement d’une expérience professionnelle de professeur ; pour l’admissibilité, il comporte une épreuve écrite ou un dossier de reconnaissance d’acquis professionnels, et pour l’admission une épreuve orale.
CAPES de troisième voie
Quant au CAPES de troisième voie, il est notamment ouvert à d’anciens CEJ (contrats d’engagement jeune), CES (contrats emploi solidarité), CEC (contrats d’emploi consolidé), sans justification de diplômes.
Le CEJ est un dispositif destiné à aider les jeunes de 16 à 25 ans en situation de précarité.
Le CES est destiné à favoriser l’insertion professionnelle des personnes sans emploi, rencontrant des difficultés particulières d’accès à l’emploi.
Le CEC est un contrat de travail à temps partiel (en général 30 heures par semaine) pour une durée déterminée de douze mois renouvelables dans la limite de cinq ans, destiné aux personnes en difficulté sur le marché du travail, en particulier celles qui, ayant bénéficié d’un ou plusieurs contrats emploi solidarité et qui n’ont pas trouvé d’emploi à l’issue de ces contrats ; il est remplacé progressivement par le contrat d’accompagnement dans l’emploi et le contrat d’avenir.
Bref, du personnel incapable d’enseigner quoi que ce soit, ce qui n’est évidemment pas l’objet de leur mission.
Conclusion
C’est assez dire que le fait de s’émouvoir de la loi de la réduction de l’obtention du CAPES de bac + 5 à bac + 3 n’a rigoureusement aucune importance ni aucun sens !
En revanche, si nous voulons préserver nos enfants et leur permettre de se construire intellectuellement, et les rendre aptes à jouer un rôle dans la société, il faut fuir ce système, et c’est urgent car nos enfants sont en danger non seulement intellectuel mais aussi moral !
Il ne s’agit plus de contester une mesure ou une autre, cela n’a pas de sens dans un système dont le délitement général est organisé depuis de nombreuses années et alors que nous arrivons au terme de cette dégradation.
Tout se tient, et c’est l’ensemble du système qu’il faut rejeter.
Contester publiquement et en masse cette pseudo-école, exiger publiquement le bon scolaire pour chaque enfant, autrement dit que toutes les familles reçoivent de l’État un chèque d’un montant égal à ce qu’il coûte dans l’enseignement public de telle sorte qu’elles puissent choisir l’établissement scolaire de leur enfant : système de mise en concurrence qui est le meilleur gage de restauration d’un système éducatif de qualité.
Claude Meunier-Berthelot
08/05/2023
* Cette révolution scolaire qui tue la France, Éditions des Trianons, 80 pages, 11,50 euros et C’est l’identité française qu’on assassine, Éditions des Trianons, 148 pages, 15 euros.
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