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« Chiens enragés » de Marc Charuel

« Chiens enragés » de Marc Charuel

« De la Birmanie où il embrassa la cause des Karens chrétiens à la Yougoslavie, du Vietnam à l’Afghanistan, Charuel a suivi depuis quarante ans toutes les “sales guerres” ».

À partir d’une « histoire pourrie », un étonnant document sur les réseaux islamistes en France et sur le « Grand Jeu » des services secrets français et américains.

Le 22 octobre, L’Express consacrait un long reportage au « Français d’Al Qaeda » (pourquoi diable adopter cette orthographe anglo-saxonne ?), le jeune Breton David Drugeon : un garçon sans histoires, bon élève mais qui, tourneboulé par le divorce de ses parents, se tourna vers l’islam dès ses treize ans sous le nom de Daoud ; adulte, il participa au djihad qui le conduisit en Égypte puis en Afghanistan où ses qualités militaires furent reconnues au plus haut niveau et lui valurent d’être envoyé en Syrie en qualité d’expert en explosifs.

Drugeon, qu’un site américain avait défini comme un « agent français » (assertion démentie formellement par Paris qui le considère au contraire comme le « chaînon manquant » entre Al Qaïda et le réseau Merah), a été éliminé le 6 novembre par des Navy Seals, le bras armé de la CIA. Il aurait pu être un personnage de Chiens enragés, le dernier livre du journaliste et écrivain Marc Charuel publié voici quelques mois.

Chiens enragés est un roman grouillant de personnages paumés, calculateurs ou féroces et qui, par sa tension constante comme par la force qui en émane, aurait mérité d’être distingué par le jury d’un des grands prix littéraires : un « roman qui pue des pieds », comme disait l’écrivain A.D.G. pour décrire un livre viril, exsudant le sang et la peur, l’exacerbation de tous les sens et la sauvagerie. Mais, surtout, Chiens enragés est un extraordinaire document sur la toile d’araignée tissée dans notre pays par les « Frères » qui, dans les prisons, par toutes sortes de réseaux mafieux (1) et notamment par le biais des tentaculaires trafics de drogue, financent leurs activités en même temps qu’ils démolissent ces « chiens de chrétiens » et, à l’abri de ces zones d’exterritorialité que sont devenues les mille cinq cents mosquées françaises, attirent et embrigadent tant de jeunes à la dérive, qu’ils soient musulmans d’origine ou « fils de Croisés ». Ces derniers seront d’ailleurs toujours soupçonnés et souvent méprisés, quels que soient leur investissement dans leur nouvelle religion et les trahisons qu’ils acceptent de commettre contre leur patrie et contre leur peuple.

Grand Jeu et jeux de massacre

De la Birmanie où il embrassa la cause des Karens chrétiens à la Yougoslavie, du Vietnam à l’Afghanistan, Charuel a suivi depuis quarante ans toutes les « sales guerres », dont il connaît aussi bien les arcanes que les théâtres d’opérations. Quand il nous décrit une patrouille du RIMa massacrée dans la vallée de la Kabisa par suite d’embrouilles entre la CIA et la DGSE française, la décapitation d’un Breton converti par un officier pakistanais ou le viol puis la lapidation d’une famille chrétienne par la population dans une zone tribale, ou encore les sanglants règlements de comptes dans les coins les plus glauques de la banlieue parisienne, ces scènes sont criantes de vérité. Début novembre, toujours au Pakistan et non pas dans une zone tribale mais près de la grande ville de Lahore, un couple de chrétiens a été battu à mort puis brûlé par « une foule enragée »

Et sont, hélas ! sinon réelles, du moins très vraisemblables, les manipulations (antagonistes) par les services secrets français et américains qui utilisent les individus comme des pions et les lâchent, voire les exécutent, sans états d’âme, plus froidement mais à peine plus proprement que ne le font les djihadistes. De ces rivalités, pas toujours honorables car les responsables sont plus carriéristes que patriotes, résultera l’hécatombe finale, entre le bassin d’Arcachon et Nanterre où toute une famille française, contrainte d’héberger un fou d’Allah vétéran de la seconde guerre d’Algérie entre le FLN et les islamistes, est anéantie par les Navy Seals auteurs de l’élimination d’Oussama Ben Laden au Pakistan.

Le 2 novembre, Polémia mettait en ligne un article signé Hannibal et intitulé : « Comment la guerre US ruine et remodèle le monde » (2). De ce « Grand Jeu », dans lequel se perdent les responsables occidentaux de la sécurité et qui provoque tant de jeux de massacre – dont feront les frais le journaliste Georges Chesnier et le converti Abdelaziz Verdier autour desquels se nouent les machinations –, Marc Charuel a tiré une « histoire pourrie » et un livre désespérant mais profondément humain, tant il est vrai que « partout où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie ».

 Camille Galic
07/11/2014

Marc Charuel, Chiens enragés, Albin Michel éditeur, 2014, 560 pages.

Notes

(1) Voir les 800.000 euros escroqués par un réseau islamiste toulousain à la Banque postale. Si ce réseau vient d’être démantelé, l’établissement a été la victime d’autres escroqueries en bande organisée à travers la France, et son préjudice total pourrait s’élever, selon France Info, à 25 millions d’euros.
(2) Comment la guerre US ruine et remodèle le monde

Camille Galic

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