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Du danger de l’hystérie des folles puritaines

Du danger de l’hystérie des folles puritaines

par | 29 novembre 2017 | Société

Par Éric Delcroix, juriste ♦ Les frasques sordides d’un rastaquouère de Hollywood ont entraîné une vague d’émotions provoquée, portée par une coterie de militantes homosexualistes ou gauchistes choyées de l’univers médiatique. Véritables harpies, dont certaines paraissent rêver à l’émasculation de la moitié de l’humanité, ces féministes ont même obtenu du président de la République l’annonce de mesures à prendre sous le coup de l’émotion. Pourtant monsieur Macron, candidat à la magistrature suprême, avait prétendu que, à la différence de ses prédécesseurs, lui saurait s’en garder.

Le dessein est clairement totalitaire au sens le plus péjoratif du terme. Il s’agit non pas de respecter l’égalité constitutionnelle entre les hommes et les femmes, mais de « modifier les mentalités ». De quel droit, au nom de quelle métaphysique ?

Décadence du droit et pathologies sociales américaines

Le président de la République a dit vouloir faire voter une loi portant de 20 ans à 30 ans la prescription des crimes sexuels. Pourtant le délai de 20 ans venait d’être voté en février 2017 (il était de 10 ans depuis 1810). Précisons que la prescription ne court pas, en cette matière, contre les mineurs. Là déjà on sent l’influence américaine, les crimes les plus graves n’étant pas prescriptibles aux États-Unis.

Mais comment assurer raisonnablement la preuve et ménager les droits de la défense, quand on va demander à une personne de répondre de faits susceptibles de remonter, par exemple, à près de 48 ans (18 ans de minorité outre 30 ans de prescription) ?

Imaginez : « Pépé, que faisiez-vous le 4 mai 1975 à 22 heures ? » Terrifiant : plus de souvenirs, plus de témoins, ou alors à la mémoire douteuse, plus de documents, d’agendas, d’alibis… Et en face de cela l’affirmation d’une victime, nimbée de l’aura des martyrs et vierges immolées sur l’autel de la perversité masculine. Aux États-Unis, des psychanalystes se font fort, moyennant de bons honoraires, de reconstituer la mémoire perdue (« recovered memory ») des victimes de crimes sexuels, mémoire essentiellement imaginaire et ayant donné lieu à des scandales qu’on n’avait jamais envisagés jusqu’à présent sur le Vieux Continent. Edward Behr, qui a écrit un livre prophétique sur le sujet il y a déjà vingt ans (Une Amérique qui fait peur, Plon Pocket, 1996) dénonçant ce qu’il appelle le « maccarthysme de gauche », rapportait les abus et la folie du procédé et des erreurs judiciaires auxquelles il conduit.

Libéralisme des mœurs et constance puritaine de la notion de péché de chair

À partir de l’affaire Weinstein, l’ébullition actuelle vient des États-Unis où la libéralisation des mœurs apparaît particulièrement malsaine et emberlificotée. Hollywood a toujours suscité des théories de nouveaux riches avides ainsi que de vedettes et de starlettes prêtes à tout pour réussir. Nos folles puritaines ne veulent pas faire la différence entre ce qui est violence (cf. Strauss-Kahn) et ce qui ne l’est pas.

Le puritanisme américain se porte bien et malheureusement s’exporte. Si coucher ne mène semble-t-il plus en enfer, vu d’Amérique, le sexe demeure la porte de Pandémonium. Le coït ne serait plus un péché en soi, mais tout ce qui l’entoure demeure parfaitement peccamineux, avec des nuances tarabiscotées qui échappent à qui ne fête pas le Thanksgiving Day.

Edward Behr rappelle que, dans les universités américaines, un professeur homme ne peut pas prendre le risque d’effleurer l’épaule d’une étudiante sur le travail de laquelle il se penche à son appel. Et, surtout, il est inimaginable qu’il la reçoive dans une pièce dédiée dont la porte ne reste pas grande ouverte… Rien de neuf sous le soleil américain. Behr observe, parallélisme saisissant, que dans les années 1920 la chanteuse française Mistinguett « se fit sermonner par le personnel du palace qui l’hébergeait parce qu’elle n’avait pas laissé la porte de sa chambre ouverte quand elle y recevait des visiteurs masculins ».

Évidemment, les féministes, parmi lesquelles bien des lesbiennes militantes, ne trouvent pas cela incongru. Mais le danger est là, de passer d’une Amérique qui fait peur à une France américaine, à une France qui fait peur.

Quelle France fait-elle peur aux femmes ?

Les harcèlements de rue, ces outrances verbales ou gestuelles qu’on ne connaissait pas il y a encore trente ans, sont un produit du chaos ethnique. Nos folles puritaines ne veulent pas que l’on évoque cet aspect du phénomène pour ne pas « raciser » la question, dans des quartiers où elles ne se risquent pas. L’une d’elles, Caroline De Haas, n’a-t-elle pas suggéré, avec une naïveté touchante, que… l’on élargisse les trottoirs ?

Le président Macron voudrait que soit créé un délit d’ « outrage sexiste », qui ne pourra qu’aggraver la confusion entre le droit et la morale. Au demeurant, un tel délit sera bien difficile à réprimer chez les chances-pour-la-France qui importunent nos filles et nos compagnes. Et puis, trêve d’inflation législative, les lois existent : ce sont les zones de non-droit qu’il faudrait éliminer ! Il est évidemment plus facile de vilipender l’homme blanc, hétérosexuel de plus de cinquante ans qui n’y peut mais.

Les ennemies de la gente masculine embrayent sur les revendications contre les violences faites aux femmes par leur conjoint. Là encore nous sommes en pleine confusion. Les lois existent, mais il reste difficile d’entrer dans l’intimité des foyers (quid du harcèlement psychologique, qui ne laisse pas de bleus, mais dont certaines viragos usent à l’égard de leur conjoint ?). Au demeurant, il ne s’agit pas là du domaine spécifique des « violences faites aux femmes », mais des violences domestiques. Apparemment, dans ce moment de fièvre, elles ne seraient médiatiquement intéressantes que perpétrées contre des femmes. Les enfants martyrs ou les vieux parents battus, parfois par leur fille ou leur belle-fille (qui ne sont pas toutes vierges et saintes), participent pourtant du même ordre.

Eric Delcroix
27/11/2017

Correspondance Polémia – 28/11/2017

Photo : Judith décapitant Holopherne (détail), par Le Caravage (1598). Crédit : domaine public

Éric Delcroix

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