Aboubakar Cissé sera peut-être pour Mélenchon ce que Leonarda a été pour Hollande. Le président socialiste s’était pris les pieds dans l’exploitation politicienne, malgré un très mauvais dossier, d’une compassion largement manipulée par les médias pro-immigrés. La compassion surjouée passe toujours très mal.
Les larmes de Mélenchon
L’affaire Cissé est un drame certes d’une autre nature puisqu’il y a eu assassinat d’un musulman dans une mosquée. Mais les larmes de Mélenchon devant une musulmane au bord de la crise de nerfs, inquiète sans doute sincèrement pour la sécurité de sa communauté, dépasse le mur du frelaté. L’affolement de cette femme est sans doute largement provoqué par la couverture médiatique qui trouve enfin un fait divers digne de devenir un fait de société dans le sens de son idéologie dominante. L’opération récupération au profit d’un islam qui serait menacé par des racistes islamophobes, vrai danger pour la république plus que l’islamisme, n’a été rendue audible que par le relais médiatique complaisant à ce récit orienté.
Les larmes de Mélenchon resteront, mais elles ont vite été essuyées par ses amis qui les ont judicieusement jugées contre-productives et ont enfoncé le clou contre le ministre Retailleau, l’homme sans cœur quand la victime est musulmane.
Minute de silence à l’Assemblée nationale
On a même eu droit à une minute de silence à l’Assemblée nationale. Mardi, après deux semaines de pause parlementaire, les députés ont unanimement observé une minute de silence en mémoire d’Aboubakar Cissé. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avait initialement écarté l’hommage pour le motif qu’il s’agirait d’un acte individuel, selon plusieurs députés présents lors d’une réunion avec elle mardi matin. Puis elle a changé sa décision, invoquant des échanges avec certains présidents de groupe. Entre-temps, la gauche avait fait monter la pression, faisant savoir son indignation face à la décision initiale. L’opération récupération a été relancée et elle est loin d’être terminée. La famille semble décidée à s’y employer avec une grande réactivité très bien organisée dont une conférence de presse à l’Assemblée nationale.
Deux immigrés, un drame
Voilà donc un cas particulier, et presque unique en France, instauré comme symbole… Mais symbole de quoi ? La victime, au début française, est en fait un clandestin de nationalité malienne, membre de l’ethnie soninké à cheval sur plusieurs États issus de la colonisation et fière de son identité particulière. Ce qui ne change pas grand-chose au drame, bien sûr, mais complique l’argumentation des indignés. Pour certains c’est du racisme, pour d’autres un acte antimusulman et donc islamophobe. Il faut bien voir cependant que le racisme et la haine religieuse, ce n’est pas la même chose : le racisme peut toucher des Noirs chrétiens et la haine antimusulmane des Blancs adorant Allah. L’amalgame est évident et bien sûr volontaire. Mais ce qui complique encore tout, c’est le profil du tueur. Français, on le sait depuis le début.
On a mis plus de temps à savoir qu’il appartiendrait aux gens du voyage avant que l’on nous révèle son origine bosniaque. Et c’est là où sa motivation sera intéressante. Car bosniaque, cela mérite une précision : chrétien ou musulman ? Cela nous ramène en tout cas aux guerres de l’ex-Yougoslavie et à la question bosniaque non résolue encore aujourd’hui. En 1991, quand la guerre débute, la Bosnie-Herzégovine comptait 4,3 millions d’habitants, dont 43,7 % de Bosniaques de religion musulmane, 31,4 % de Serbes orthodoxes, 17,3 % de Croates catholiques, 5,5 % de Yougoslaves (personnes s’identifiant comme telles), et 2,1 % de nationalités diverses. La société multiculturelle a débouché comme partout sur des horreurs de guerres civiles ethniques et religieuses.
A-t-on assisté à un crime de haine aux racines bosniaques importées en France ? La comparaison avec le syndrome palestinien en France aurait alors du sens. Notre société du vivre-ensemble est secouée par des haines venues de conflits qui nous sont étrangers et s’invitent chez nous par l’immigration et la naturalisation. Mais bien sûr le méchant pour les médias est le Français raciste et islamophobe même quand un fils de la déchirure bosniaque tue un Malien.
Pierre Boisguilbert
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