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Vivent les campagnes pré-électorales !

Vivent les campagnes pré-électorales !

par | 28 juin 2011 | Politique

Moi j’aime bien les campagnes pré-électorales. C’est magique ! Car avant chaque élection – a fortiori avant une élection présidentielle – l’establishment politique est de plus en plus gentil avec nous autres, les électeurs autochtones.

Toujours de bonnes nouvelles

D’abord, les journaux et la télévision se mettent à nous donner, progressivement, que de bonnes nouvelles : la production industrielle augmente, le chômage diminue, le moral des ménages remonte, l’insécurité recule, les comptes s’améliorent, on signe de gros contrats. Cela fait du bien de vivre dans un pays où tout s’améliore !

Evidemment, nous , on sait qu’il ne faut pas trop s’attacher au détail de ces titres, car les « experts » sont très doués pour comparer les périodes qui les arrangent : en s’y prenant bien on peut toujours montrer qu’une tendance s’infléchit dans un sens ou un autre. Et puis il y a quand même de mauvaises nouvelles. Mais il faut désormais faire des efforts pour les trouver quand elles ont trait à notre pays. Par contre les médias sont très diserts sur celles qui frappent des pays voisins, l’Espagne et l’Allemagne notamment. Ainsi il faut aller en page 13 du journal Le Monde du 19 juin 2011 pour lire un entrefilet au terme duquel on apprend que de juin 2010 à mai 2011 « les violences contre les personnes » ont augmenté de 3%. Et puis on nous parle si bien de toutes ces saisies de produits dangereux opérées par les services des Douanes ou de ces immigrés irréguliers interpellés par la police des aéroports. Comme nous sommes bien protégés !

C’est que les médias ont désormais le souci de moins nous stresser. Ils poussent l’obligeance jusqu’à nous éviter un contact trop brutal avec ces mauvaises informations qui pourraient nous gâter l’estomac et surtout le bulletin de vote. Et puis, ils sont gentils ces médias de moins nous parler à tout propos du président de la République comme avant : on ne voit plus maintenant ce dernier que dans des conférences internationales ou lors de voyages officiels, fréquentant les grands de ce monde. Ou bien encore serrant des mains. Ah c’est vrai que la France est un grand pays respecté sur la scène mondiale ! Les dictateurs n’ont qu’à bien se tenir. Et c’est fou ce que les gens l’aiment notre Nicolas, à l’étranger !

Les mots pour le dire

Ensuite j’aime bien les périodes pré-électorales car alors les hommes politiques – surtout lorsqu’ils sont au gouvernement – se mettent à dire des choses qu’on n’entendait pas dans leur bouche habituellement.

Ainsi prenez notre ministre de l’Intérieur. Depuis qu’il a quitté l’Elysée il est devenu très prolixe. Il a découvert qu’il y avait beaucoup d’immigrés en France et que les français pouvaient ne plus se sentir chez eux et il le dit ! Il dit aussi que des enfants d’immigrés sont en situation d’échec scolaire, qu’il y a des quartiers où les bandes font régner la terreur et que cela ne peut plus durer. C’est fou comme il parle bien notre ministre de l’Intérieur ! Pourtant le Faubourg Saint Honoré n’était pas très loin de la Place Beauvau : mais grâce à la magie des futures élections, M.Guéant a retrouvé le sens de la vue et de la parole. C’est magique la démocratie !

J’aime bien les périodes pré-électorales parce que la classe politique se met à débattre de questions importantes qui nous concernent tous directement : faut-il légaliser le mariage des homosexuels ? Faut-il mettre le cannabis en vente libre ? Comment lutter contre le « viol conjugal » ?

Il y en a pour tous les goûts car nos hommes politiques sont comme cela : ils ne veulent laisser aucun électeur potentiel de côté. Alors chacun y va de sa petite phrase et de son initiative.

C’est qu’en période pré-électorale la classe politique redécouvre qu’elle peut éventuellement avoir besoin de l’électeur, notamment autochtone car il reste quand même encore majoritaire dans notre pays. Alors plus question de mépriser les « beaufs », les « madame Michu » ou les « franchouillards » . Non il faut au contraire descendre de sa Porsche pour se mettre à leur niveau : on va donc parler salaire (on dit « feuille de paie » cela fait plus peuple), emploi, sécurité sociale (on veut bien sûr protéger notre « modèle social » ), école , dépendance (ah nos chers aînés !). Ils ont brusquement tout oublié, nos hommes politiques : plus question de vilipender « l’exception française », de préconiser « la mondialisation heureuse » ou la « rupture » qui pourrait inquiéter. Non ils sont là pour nous aider à rester nous mêmes. On avait dû mal comprendre leurs messages précédents, sans doute…

Des promesses et des cadeaux

J’aime bien enfin les campagnes électorales car on nous fait non seulement des promesses, mais aussi déjà des cadeaux.

C’est vrai que les hommes politiques sont experts en promesses. Mais les promesses d’un avenir radieux, c’est mieux. C’est quand même autre chose que de nous proposer de nous serrer la ceinture, de nous annoncer de nouveaux impôts, ou de nouvelles délocalisations !

On nous promet au contraire que l’on va « s’attaquer » demain à nos problèmes : la protection sociale, la dépendance, l’éducation de nos enfants. Ah les braves gens : ils ont l’air tellement convaincus qu’on se demande où ils étaient avant : on en oublierait presque qu’ils sont déjà au pouvoir !

Mais ils n’en restent pas là : ils nous font même des petits cadeaux, comme au supermarché pour « fidéliser » les clients. « Avez vous votre carte de fidélité » nous demandent ces caissières politiques avec un aimable sourire ?

Ainsi nous paierons cette année moins d’ISF. Et ces radars que l’on ne voulait pas nous signaler, et bien on va quand même nous les indiquer : ce sont les élus locaux qui n’avaient rien compris… On va aider nos agriculteurs victimes de la sécheresse. On va acheter des gilets pare-balles pour les policiers municipaux. On va obliger les entreprises à nous verser des primes.

Ils ont réponse à tout en période pré-électorale, nos gouvernants : vous avez un souci, ils ont déjà la réponse ! Et en plus les caisses ne sont jamais vides : elles ne se vident qu’au début d’un quinquennat, lorsqu’il faudrait assumer les promesses, mais jamais avant une élection.

C’est vraiment magique les élections !

Michel Geoffroy
22/06/2011

Michel Geoffroy

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