Accueil | Société | Vite, le Panthéon pour l’auteur du “calcul Malliavin” !

Vite, le Panthéon pour l’auteur du “calcul Malliavin” !

Vite, le Panthéon pour l’auteur du “calcul Malliavin” !

par | 10 septembre 2025 | Société

Vite, le Panthéon pour l’auteur du “calcul Malliavin” !

Faire un don à POLÉMIA

Récolté 8 359,00€
Objectif 20 000,00€
Donateurs 117
41,8%

Polémia se saisit de la question de l’intelligence artificielle en développant sa propre IA, entraînée uniquement sur des sources identitaires. Grâce à vos dons, nous pourrons la présenter courant décembre…

Le génie scientifique ne protège pas de la diabolisation politique imposée par la gauche. Dans cet article passionnant, Camille Galic revient sur le parcours extraordinaire d’un génie français des mathématiques : Paul Malliavin. Celui-ci, malgré ses réalisations scientifiques admirables, fut diabolisé pour ses positions politiques peu appréciées par les tenants du politiquement correct, même si son génie lui permit d’éviter le pire. Alors que Robert Badinter est annoncé au Panthéon dans un mois, Camille Galic plaide pour que Paul Malliavin y repose. Nul doute que son impact phénoménal dans le monde mathématique devrait lui ouvrir les portes de ce lieu prestigieux.
Polémia.

Un mathématicien extraordinaire

À l’heure où le pouvoir — ou ce qu’il en reste — s’affaire à la panthéonisation de Robert Badinter dont le principal exploit fut l’abolition de la peine capitale, ne serait-il pas urgent de songer à honorer Paul Malliavin, né à Paris le 10 septembre 1925, il y a un siècle, et l’un des plus grands savants français de notre époque ?

Professeur aux universités de Caen, d’Orsay puis de Paris, ainsi qu’aux États-Unis au fameux MIT (Massachusetts Institute of Technology) et à Princeton où il fut l’un des seuls Français à participer au programme spatial Apollo, conférencier vedette aux Congrès internationaux des mathématiciens en 1962 à Stockholm puis en 1982 à Varsovie, cet agrégé de mathématiques est aussi l’un des fondateurs de la géométrie différentielle stochastique et de la théorie du mouvement brownien sur les variétés riemanniennes (ne me demandez pas ce que cela signifie).
Surtout, en résolvant en 1978 un problème important d’analyse harmonique dans son Impossibilité de la synthèse spectrale sur les groupes abéliens non compacts, il atteignit une stature internationale. Généralisé à la fin du siècle dernier, le « calcul Malliavin » est de plus en plus utilisé, ce qu’ignore le grand public, dans les applications modernes — par exemple, son rôle grandissant dans les modèles de volatilité en finance ou dans l’optimisation des algorithmes d’intelligence artificielle.

Après sa mort le 3 juin 2010 (la veille, sur son lit d’hôpital, il discutait encore mathématiques avec son épouse Marie-Paule Brameret, professeur d’algèbre à Polytechnique, d’où étaient sorties ses deux filles : Thérèse, biochimiste et directrice de recherches au CNRS, et Marie-Joseph, ingénieur en chef de l’armement), les revues scientifiques des deux hémisphères consacrèrent des dizaines d’articles à ce « matemático extraordinario » — titre d’un ouvrage publié sur lui par l’Université nationale de Colombie. Pourquoi l’ignore-t-on chez nous ?

Un savant très engagé — du mauvais côté

Sans doute parce que le monde mathématique est trop lointain et obscur pour le profane, mais surtout par sectarisme politique.
Ce savant si célèbre à l’étranger était le fils du juriste René Malliavin, ancien directeur de cabinet de l’éphémère président de la République Paul Deschanel, puis conseiller juridique sous Vichy de l’Agence de presse Inter-France, fondateur en 1944 de la revue Questions actuelles (devenue ensuite Écrits de Paris) et enfin de Rivarol, que le jeune Paul vendait le dimanche sur les marchés et devant les églises.

Et, comme si ce « sulfureux passé » ne suffisait pas, le procès dit de l’attentat du Petit-Clamart approchant avec la menace d’une condamnation à mort pour ses organisateurs, Paul Malliavin n’hésita pas à l’automne 1962 à mobiliser la communauté scientifique internationale. Non seulement le colonel Bastien-Thiry avait été son élève, dont il avait pu mesurer la rectitude, mais il considérait aussi comme le von Braun français celui qui, pas même trentenaire, avait conçu les fusées SS-10 que les Américains s’arracheraient.

Mieux — et je peux l’attester car, venant d’être engagée à Rivarol, je fus désignée pour assister Paul dans cette besogne harassante — il délaissa plus d’un mois durant les maths et s’engagea corps et âme pour constituer autour de Jean-Louis Tixier-Vignancour et de Jacques Isorni l’équipe d’avocats chargés de défendre les « terroristes », organiser et financer le voyage et l’entretien des innombrables témoins, rescapés des attentats du FLN, du blocus de Bab el-Oued, du massacre de la rue d’Isly et des massacres d’Oran, etc., cités par la défense (1) pour démontrer quel crime contre l’humanité avait constitué la politique algérienne du président de Gaulle. Et démontrer ainsi la légitimité des conjurés de l’opération « Charlotte Corday » à châtier l’auteur de cette forfaiture à leurs yeux si coûteuse en vies humaines. Pas seulement en vies françaises : les musulmans fidèles à la France, tués dans des conditions souvent atroces, fournirent le gros des victimes de l’indépendance. Certains cultivaient un mince espoir.
D’une part, la Cour militaire de justice devant laquelle devaient comparaître les accusés dans le sinistre décor du fort de Vincennes avait été déclarée illégale par le grand arrêt du Conseil d’État du 19 octobre 1962, au motif qu’elle portait « atteinte aux principes généraux du droit », notamment par l’absence de tout recours contre ses décisions — mais le Premier ministre Georges Pompidou tourna la difficulté en faisant voter nuitamment une loi prorogeant de plusieurs mois cette instance.
D’autre part, l’attentat du Petit-Clamart n’avait fait aucune victime : Bastien-Thiry avait annulé le tir fatal car, une voiture arrivant dans l’autre sens, il se refusa à mettre en danger des innocents.

Néanmoins, il fut condamné à mort le 4 mars 1963 ainsi que le lieutenant Alain Bougrenet de La Tocnaye et le sergent Jacques Prévost et, ceux-ci ayant été graciés, il fut passé par les armes au fort d’Ivry dès le 13 mars. Comme Lavoisier avait été guillotiné en 1794.
Nouvelle preuve que « la République n’a pas besoin de savants », quel que soit son numéro.

« Servir notre pays »

Si l’exécution de son ancien élève, âgé de 35 ans à peine, désespéra Paul Malliavin, la part qu’il avait prise à l’interminable procès finit de lui aliéner nombre de ses collègues dont Marc Zamansky, dernier doyen de la faculté des sciences de Paris (de 1961 à 1970). C’est lui qui milita contre l’attribution au « factieux » de la médaille Fields (équivalent du Nobel pour les matheux) et son accession à l’Académie des sciences, où Paul Malliavin, déjà membre de l’American Academy of Arts and Sciences et de plusieurs Académies européennes, et futur titulaire des prestigieux prix Servant puis Gaston Julia, fut finalement élu le 14 mars 1979.

Sur un site spécialisé, son ancienne collègue Michèle Vergne raconta en juin 2010 sa première rencontre, peu après Mai 68, avec notre professeur. Dès qu’il monte sur l’estrade, elle hurle : « Malliavin mandarin, Malliavin fasciste ! » Le présumé fasciste reste impavide mais, lorsqu’il la croise peu après, il soulève son chapeau et lance à la provocatrice, avec son inaltérable courtoisie et pas mal d’ironie : « Bonjour, chère Madame. » Et, en bon pédagogue, il ne cessa de soutenir cette étudiante très prometteuse, jusqu’à la convaincre de se présenter en 1997 à l’Académie des sciences (où elle sera élue, en grande partie grâce à lui), en lui disant : « Madame, nous ne sommes pas Académiciens pour notre plaisir, mais pour servir notre pays. »

“Dégenrer” le Panthéon avec Charlotte Corday ? Chiche !

Zamansky ne survit plus que grâce à la tour du campus de Jussieu qui lui fut dédiée en suprême honneur, haute de 90 mètres mais truffée d’amiante, ce qui nécessita sa fermeture six ans durant. Dans le monde, en revanche, des dizaines de milliers de scientifiques utilisent chaque jour le « calculus Malliavin ».

« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » ? À coup sûr, Paul Malliavin a amplement mérité d’entrer au Panthéon. Bien plus, en tout cas, que Mme Veil ou la « performeuse » afro-américaine Joséphine Baker auxquelles Élisabeth Borne, ministre en sursis de l’Éducation nationale, ne cesse de se référer dans sa volonté de « dégenrer » l’inscription au fronton de ce qui fut l’église Sainte-Geneviève.

Au fait, pourquoi ne pas introniser alors les « grandes femmes » que furent Geneviève elle-même, appelant les Parisiens à la résistance contre les Huns d’Attila ; Jeanne d’Arc, courant sus aux Anglois et qui le paya de sa vie ; Charlotte Corday, qui, en 1793, débarrassa la France du fou sanguinaire Jean-Paul Marat et paya elle aussi ce geste pie de sa vie ?
Et bien sûr l’infirmière militaire Geneviève de Galard, qui refusa de prendre le dernier hélicoptère susceptible de l’évacuer de l’enfer de Dien Bien Phu pour continuer à soigner les blessés et apporter tout au long de l’interminable siège un peu de réconfort aux mourants.

Camille Galic
10/09/2025

(1) Ayant finalement accepté (à 22 ans, j’étais terrifiée à l’idée de m’exprimer en public dans des circonstances aussi graves) de témoigner sur les conséquences de la liquidation de l’Algérie, j’évoquai mes deux cousins André Arnaud et Roger Chasteau. André, sous-officier, retrouvé égorgé et émasculé en février 1962 près de Bône, ainsi que tous les autres cadres européens de sa harka, par les déserteurs qui, espérant ainsi échapper aux représailles du FLN, avaient de plus raflé toutes les armes avant de rallier la rébellion. Roger, haut fonctionnaire, disparu en juin 1962 avec deux de ses enfants, Alain, 15 ans, et Denise, 14 ans. Tous trois enlevés en Oranie par de prétendus « éléments incontrôlés » du FLN. Et une veuve, laissée seule avec un fils de deux ans, passant le reste de son âge dans l’attente d’un miracle qui ne vint jamais. Une tragédie ne se produisant jamais seule, Jean-Michel Chasteau et sa fille adoptive Ksénia, native d’Irkoutsk, furent percutés un matin de janvier 2021 près de Marseille par un bolide que conduisait sans permis un jeune Comorien ivre-mort et drogué, qui prit la fuite. Tous deux durent être amputés de la jambe gauche. Triomphe de la volonté : trois ans plus tard, Ksénia était numéro un mondial junior en tennis-fauteuil féminin. Désormais adulte et bachelière avec mention, elle devenait le 3 septembre n° 6 mondiale dans sa discipline.

Camille Galic

Cet article vous a plu ?

Je fais un don

Je fais un donSoutenez Polémia, faites un don ! Chaque don vous ouvre le droit à une déduction fiscale de 66% du montant de votre don, profitez-en !

Voir aussi

Que sait-on vraiment du climat et de ses changements ?

Que sait-on vraiment du climat et de ses changements ?

Le Forum de la Dissidence organisé par Polémia et dédié à l’alarmisme climatique s’est tenu à Paris ce samedi 15 novembre 2025. Découvrez l’intervention de Johan Hardoy, contributeur régulier de Polémia, qui a étudié et compilé un ensemble complet de données...