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Sophie Pétronin : le retour de la convertie

Sophie Pétronin : le retour de la convertie

« Pour le Mali, je vais prier, implorer les bénédictions et la miséricorde d’Allah, parce que je suis musulmane… » C’est donc une convertie à l’islam par des radicaux qui a été libérée, « en pleine forme » affirme-t-elle, et qui ne veut qu’une chose : retourner au Mali « pour voir ce qui se passe ». On comprend la gêne et la prudence du président Macron allé l’accueillir à l’aéroport. Car pour obtenir le retour de celle qui a refusé de qualifier ses ravisseurs de djihadistes, tout en annonçant s’être convertie à l’islam pendant sa détention, plus de 200 vrais djihadistes ont été libérés. Parmi eux, des hommes qui ont participé à des actions mortelles contre nos soldats.

Réelle catastrophe

Ces remises en liberté sont qualifiées de « réelle catastrophe » par Peer de Jong, ancien aide de camp des présidents François Mitterrand et Jacques Chirac et coauteur de Sécurité et développement dans le Sahel, du concept à la réalité (éd. L’Harmattan). « Bien évidemment, ils vont reprendre les armes immédiatement », estime-t-il dans une interview à franceinfo. Le retour de l’humanitaire musulmane s’inscrit dans un contexte où elle apparait cependant comme un point de détail. Cela s’inscrit dans la volonté de changement du nouveau pouvoir malien. En août dernier, un putsch a changé la donne à Bamako : des militaires renversent le chef d’Etat Ibrahim Boubacar Keïta, contesté dans la rue depuis des mois. Ces militaires font alors de la libération de Soumaïla Cissé un objectif prioritaire. C’est lui le gros poisson des négociations. Il avait été kidnappé le 25 mars dans le centre du pays par des hommes armés, en pleine campagne électorale. A la tête d’une délégation de seize personnes, il se rendait à Koumaira, dans le Cercle de Niafounké à Tombouctou, région située au centre du Mali. Les autres membres de la délégation sont libérés quelques jours après, mais lui était encore entre les mains de ses ravisseurs. Cet homme politique, opposant de premier plan au président renversé, va certainement tenir un rôle important pour la suite. Il pourrait aider, dit-on, à des négociations entre les militaires de Bamako et des organisations radicales du Nord.

La France affirme ne pas être intervenue dans la libération de la dernière otage française, et c’est sûr qu’au Mali, notre rôle politique se réduit. On voit se dessiner un scénario à l’afghane, le pouvoir discutant avec ses Taliban. Paris pourrait se trouver dans une position politique très délicate et la légitimité de son intervention fragilisée. « Les négociations du gouvernement malien avec l’organisation terroriste ont concerné monsieur Cissé. Et il se trouve, on ne va pas s’en plaindre, que Mme Pétronin a été libérée. Et c’est heureux », a expliqué avec son phrasé curieux le chef du gouvernement français, après avoir répondu par la négative aux questions de savoir si la France avait participé aux négociations et si elle avait versé une rançon. Confirmant ainsi les premières versions de l’Élysée. On n’est pas obligé de le croire. Quant à la conversion de l’ex-Sophie devenue Mariam, son fils la justifie entièrement. « Soit elle essaye de s’adapter, soit elle va périr, et ma mère s’est adaptée. » Cela peut en effet se comprendre. Mais une fois libérée, elle a persisté dans sa conversion auprès de djihadistes qu’elle semble avoir hâte de retrouver. On l’a dit, plus de 200 djihadistes ont été libérés. S’ils frappent nos soldats, qui demandera des comptes à Mme Pétronin ?

On comprend que le président n’ait pas osé se réjouir de cette libération, alors qu’il en avait initialement l’intention. Après l’avoir présentée en héroïne les médias eux-même ont adopté un profil bas sur le retour de la convertie par les djihadistes au grand cœur.

Pierre Boisguilbert
12/10/2020

Source : Correspondance Polémia

Pierre Boisguilbert

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