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Silence de la classe politique après l’humiliation de la Serbie le 11 novembre

Silence de la classe politique après l’humiliation de la Serbie le 11 novembre

par | 20 novembre 2018 | Politique

Un véritable scandale diplomatique ! C’est le sentiment qu’inspire la manière dont les autorités françaises ont traité le président de la République de Serbie lors de la cérémonie de commémoration du centenaire de l’Armistice le 11 novembre 2018.

L’histoire longue nous enseigne que les Peuples se sont toujours efforcés de se regrouper, et que ces regroupements ont souvent abouti à la constitution d’États souverains. Amenés à entretenir des relations, bonnes ou mauvaises, les États en sont venus peu à peu à se reconnaître les uns les autres, et à dialoguer les uns avec les autres, afin notamment d’éviter le recours à la guerre. Les relations entre États ont ainsi donné naissance à la diplomatie, qui repose sur l’existence d’ambassades et d’un corps diplomatique, mais aussi sur l’emploi de procédés et de protocoles destinés à garantir la considération due aux représentants des États étrangers, condition nécessaire pour des relations à tout le moins convenables.

L’histoire nous enseigne aussi qu’au-delà des régimes politiques, certaines constantes peuvent se dessiner dans les relations internationales. Ainsi la France a-t-elle entretenu de bonnes relations avec la Serbie au cours du XXe siècle, et même d’excellentes relations dans la première moitié de ce siècle. La qualité de ces relations a d’ailleurs été inscrite dans la pierre, et Belgrade, capitale de la Serbie, conserve des monuments et lieux de mémoire franco-serbes remarquables par leur nombre et par leur beauté.

C’est en réaction de l’ultimatum posé par l’Empire austro-hongrois à la Serbie et en application du complexe système d’alliances élaboré à cette époque que la France est entrée en guerre en 1914. Tout au long du conflit, la France a assuré la Serbie de son soutien sur les plans diplomatique, civil et militaire, et l’armée serbe reconstituée et l’armée française d’Orient combattirent côte-à-côte sur le front de Salonique et dans les opérations de libération de la Serbie.

On constate que les relations entre la France et la Serbie reposent sur un passé commun à la fois héroïque et glorieux, et que la commémoration à Paris le 11 novembre 2018 du centenaire de la fin de la première guerre mondiale aurait dû faire une place toute particulière à la Serbie, représentée par le chef de l’État serbe, Aleksandar Vucic.

C’est tout le contraire qui s’est produit. En effet, non seulement Aleksander Vucic n’a pas été accueilli dans la tribune d’honneur, le président serbe ayant été relégué dans une tribune située du côté opposé, mais encore la diplomatie française a au contraire fait une place particulière aux ennemis d’hier,  notamment la chancelière allemande Angela Merkel.

Pis, la diplomatie française a placé dans la tribune d’honneur Hashim Thaçi, président du Kosovo qui est une entité née d’un démembrement de la Serbie dont cette province est pourtant le berceau historique. Une situation inacceptable sur le plan diplomatique, scandaleuse sur le plan protocolaire et ruineuse pour ce qui est du crédit de la France en Serbie et en Europe centrale, d’autant que Hashim Thaçi a été accusé d’activités criminelles telle que le trafic de stupéfiants et le trafic d’organes prélevés sur des serbes déportés et tués.

Pour honorer son alliance avec la Serbie, la France est entrée en 1914 dans une guerre qui devait être une des plus meurtrière de l’histoire. 1 700 000 français, civils et militaires, sont tombés pendant le premier conflit mondial. Côté serbe, ce ne sont pas moins de 1 250 000 morts qu’il y eut à déplorer. Plus du quart de la population.

L’amitié franco-serbe, comme l’amitié franco-russe ou l’amitié franco-polonaise, repose sur des relations anciennes et solides. Pourtant, la bévue de la diplomatie française a immédiatement entraîné une réaction passionnée : quelques heures après la cérémonie de Paris, le monument symbolisant l’amitié entre la France et la Serbie a été vandalisé à Belgrade. L’image de la France a été ternie, ce dont le président Macron et la diplomatie française portent la responsabilité.

Mais le plus grave est sans doute le silence assourdissant de la plupart des responsables des partis politiques français, qui n’ont pas cru devoir dénoncer vigoureusement ce scandale d’État.

André Murawski
Conseiller régional (ex-FN/RN) des Hauts-de-France
20/11/2018

Crédit photo : Remi Jouan [CC BY 4.0], via Wikimedia Commons

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