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« Populismes : la pente fatale » : la vision oligarchique de Dominique Reynié

« Populismes : la pente fatale » : la vision oligarchique de Dominique Reynié

par | 21 avril 2011 | Médiathèque

Ce livre d’une vedette de la science politique française, par ailleurs directeur de la FONDAPOL, fondation créée par Jérôme Monod, et qui se dit proche de l’UMP, est révélateur de l’esprit de nos oligarques dominé par la crainte du peuple.

Dominique Reynié fait une analyse intéressante des populismes en Europe. Il montre la croissance en flèche de partis analogues : en France (FN), au Royaume Uni (British national party et United Kingdom Independance party, anti européen), en Autriche (parti autrichien des libertés) et surtout en Suisse (avec l’Union Démocratique du Centre qui est le premier parti suisse avec 30% des voix). D’autres pays comme l’Italie du Nord (la Lega Nord de Bossi), la Flandre belge (Vlaams Belang), les Pays Bas, le Danemark, La Norvège, la Finlande, et même à un moindre degré la Suède, connaissent des phénomènes analogues.

Des populismes patrimoniaux

Ce sont tous des partis de pays riches et développés et le professeur Reynié a choisi de les qualifier de « populistes patrimoniaux » : ils défendent le patrimoine matériel (économique) mais aussi culturel (identité nationale) des classes populaires mais aussi moyennes qui se sentent menacées. Ces populismes de droite réussissent de plus en plus à élargir leur électorat en allant du peuple vers la bourgeoisie, ce que ne peuvent pas faire les éventuels populismes de gauche qui ne font pas de scores aussi forts.

Dans l’Europe de l’est il y a aussi des partis populistes comme le Jobbik hongrois, les nationalistes slovaques, polonais, roumains et bulgares, mais ils ont des programmes qui relèvent souvent du siècle dernier : nationalisme antisémite, socialisme national en économie notamment.

Idées forces : critique des élites, libéralisme économique, conservatisme moral, patriotisme anti-immigration

À l’Ouest, le populisme se fonde sur quatre idées forces :

  1. la critique des élites qui peut conduire à exiger la démocratie directe ;
  2. un libéralisme économique essentiellement anti fiscal donc « patrimonial » ;
  3. un conservatisme moral sécuritaire ;
  4. un patriotisme tourné vers la lutte contre l’immigration et l’islamisme, voir l’islam.

On notera que le Front National français diverge un peu de ce modèle (moins libéral en économie, moins conservateur en matière de mœurs notamment). Le modèle le plus réussi est l’UDC suisse de Christoph Blocher.

Dominique Reynié montre avec justesse les faiblesses des partis politiques traditionnels et conclu que les populistes peuvent avoir un grand avenir. Mais pour lui, c’est l’horreur. Les populistes sont des xénophobes (plus ou moins d’ailleurs) et surtout des oligarquophobes et europhobes, ce qui ne se pardonne pas. L’auteur défend sa caste contre le peuple. Il ne cache pas son hostilité notamment envers la démocratie directe qui donne la parole au peuple et donc aux populistes alors qu’il préférerait bâillonner tout ce beau monde.

L’oubli du vécu existentiel des peuples

Dominique Reynié utilise des outils d’analyse intéressants mais il lui manque totalement la notion du vécu existentiel des peuples. Si ceux-ci sont contre l’immigration, ce n’est pas pour des raisons théoriques mais c’est le résultat d’expériences vécues quotidiennement. Heidegger avait compris cela en disant que pour connaître la natation, il faut aussi se jeter dans le fleuve et ne pas se contenter des rapports des experts. Reynié, qui à interdit à l’auteur de ces lignes de faire une brochure de simple information sur la démocratie directe pour la FONDAPOL, devrait refaire sa copie après avoir lu Heidegger, mais il ne le fera pas car il veut d’abord défendre sa classe, les oligarques !

Yvan Blot
13/04/2011

Dominique Reynié, Populismes : la pente fatale, Plon, 2011, 288 pages.

Ivan Blot

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