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Marine Le Pen se tire une balle dans le pied avec son « gouvernement d’union nationale »

Marine Le Pen se tire une balle dans le pied avec son « gouvernement d’union nationale »

par | 21 mars 2021 | Politique

Par Antoine Solmer, médecin spécialiste (retraité), écrivain, essayiste ♦ La récente déclaration de Marine Le Pen sur un « gouvernement d’union nationale » a fait bondir Antoine Solmer qui la considère comme une erreur politique majeure. Un avis tranché qu’il nous a semblé intéressant de soumettre à la réflexion de nos lecteurs.
Polémia

Marine Le Pen sort son « GUN » et se flingue…
Cette semaine, on a rejoué en France Full Metal Jacket, le film de Stanley Kubrick de 1987. Mais le rôle dramatique du marine Lawrence, était tenu par Marine Le Pen, sortant son « GUN », son Gouvernement d’Union Nationale, et s’en tirant une balle dans le pied. Plutôt maladroit dans une course à l’Élysée.
Pourquoi est-ce une faute loude ? Examinons la situation.

Première raison : les leçons de l’histoire

Un GUN, gouvernement d’union nationale, se conçoit au mieux en cas de guerre avec un pays étranger, comme en août 1914. Le paradoxe est qu’il fut alors possible de prendre des mesures efficaces, comme s’il fallait être en guerre pour que le mot « efficacité » prenne le pas sur les parlottes ! Mais cela n’empêcha pas sa chute avant la fin de la guerre, ce qui en dit long sur nos systèmes démocratiques.

D’autres unions aux appellations plus ou moins sonores se mirent en place avec des résultats variables (la plus récente date de 1958). On peut considérer les périodes dites de « cohabitation » (dont la dernière date de 1997-2002) comme des avatars faisandés de ces marchés internes où le peuple est, plus que d’habitude le dindon de la farce, alors qu’aux niveaux décisionnels, les coups de Jarnac succèdent aux soupes à la grimace et aux indigestions généralisées.

Soyons clairs, La France n’a jamais été, n’est pas et ne sera pas un terrain propice aux unions. Ceux qui penseraient le contraire devraient apprendre notre histoire, ou migrer vers Bisounoursland, ou admettre franchement qu’ils se proposent d’embrasser leur rival pour mieux l’étouffer. Mais cela a un coût, car il est certain que le rival en question sera animé des mêmes intentions. Et l’énergie qui se dépense en combats de chefs est toujours payée par le peuple.

Deuxième raison : Qui inclure ? Qui exclure ? Où se perdre ?

En cas de succès présidentiel de Marine Le Pen, avec qui, jusque dans quelles franges des électorats distribuera-t-elle les portefeuilles, et spécifiquement les grands ? Au hasard des problèmes : irait-elle jusqu’à inclure des macronoïdes repentis, des sarkozyphiles obstinés, etc ?

Troisième raison : Comment réagiront les oubliés ?

En sortant son GUN, lesquels de ses proches se sentiront dépossédés d’espoirs ministériels ? Lesquels quitteront le navire ? Lesquels se laisseront aller à des comportements dommageables ?

Quatrième raison, et non des moindres :

Sortir son GUN, c’est se priver de créer par avance un shadow cabinet c’est-à-dire une équipe de conseillers d’un niveau suffisamment élevé pour prendre les manettes sans perdre les pédales. C’est se priver d’une parade de son armée et des exercices par gros temps.

Or, comment se présente la situation ?

Nous ne sommes pas en guerre déclarée avec un pays étranger, mais aux prises avec une subversion interne. Les uns parleront de guerre civile, d’autres de remplacement de grandeur variable, d’autres encore de séparatisme, de terrorisme, avec ou sans minorités, de tout ce que l’on veut. À peine ose-t-on pointer un petit doigt vers un facteur commun qu’est l’islamo-gauchisme, dénomination et collusion de circonstance de larrons en foire qui s’écharperont ensuite pour le butin final.

Or, toutes ces dénominations précitées ne vivent que des faiblesses internes de la France. La liste en serait trop longue à énoncer ici, car elle vise toutes les fonctions de l’État, des plus régaliennes aux dernières roues du carrosse. L’ensemble se résume par le terme décadence, lequel voisine avec celui de disparition. Et cela, Marine le Pen ne le prend pas à bras-le-corps. En a-t-elle intimement conscience ?

Se contenter de vouloir créer un GUN, dans ces conditions, consiste à faire entrer les loups dans la bergerie. En temps de guerre déclarée cela s’appelle trahison, en temps de guerre interne, c’est mener le pays à sa perte. L’histoire recommence. Il y a moins de 70 ans, débutait en Algérie une guerre que les gouvernants refusaient déjà de nommer. À vouloir la qualifier d’événements, on a sanctifié les « porteurs de valise » et mené à l’inqualifiable drame dont la France ne cesse de payer aujourd’hui les pots qu’elle a laissé casser. Le gauchisme – la partie le plus visiblement mortifère de l’idéologie de gauche – et l’islamisme (auquel les musulmans tranquilles devront céder si la France ne les en protège pas) sont les deux ennemis que Marine le Pen devrait avoir en ligne de mire. La refonte profonde des structures régaliennes devrait être son cheval de bataille.

Mais elle a voulu se « dédiaboliser », se lisser, se rendre présentable, se montrer présidentiable. Une perte de ses meilleurs cadres, un programme économique gauchi, une absence remarquée et inexcusable lors des grandes manifestations de la Manif pour tous – entre autres – ont fait d’elle, depuis 2011, une compagne de route objective des présidents de la parlotte. On en viendrait à croire qu’elle souhaite monopoliser la deuxième place comme une rente de situation. C’est triste, plus que triste, et dangereux.

Éternel second, Poulidor le fut, mais avec le panache, et derrière l’immense Anquetil. Ni Marine ni Macron ne leur arrivent aux chevilles.

Antoine Solmer
21/03/2021

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